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Moyen Orient et Monde - Eclairage

Mieux armés et plus disciplinés, les jihadistes montent en puissance à Alep

Un rebelle syrien à Alep, dans le quartier de Karm al-Jabal, le 29 novembre 2012. REUTERS/Zain Karam

De récentes manifestations à Alep s’en prenant clairement à l’Armée syrienne libre (ASL), qui avait pourtant conquis en juillet la moitié de la ville, ont montré sa perte d’influence au profit des islamistes radicaux mieux armés et plus disciplinés, selon les habitants. Vendredi, lors des défilés hebdomadaires, des manifestants excédés ont en effet appelé l’ASL à aller au front plutôt que de rester tapie dans ses quartiers.


Les islamistes, notamment ceux du Front jihadiste al-Nosra, doivent paradoxalement leur notoriété d’abord à leur discrétion, mais aussi à leur abnégation au combat. Pour Moustapha, 37 ans, « la férocité des combattants du Front al-Nosra et leur expertise au combat en ont fait la force la plus connue d’Alep », éclipsant Liwa’ el-Tawhid, une brigade rebelle proche des Frères musulmans, qui fut au début la première force de l’opposition armée dans la métropole du Nord. Mais c’est surtout leur profil bas que retiennent les habitants. « Les combattants d’al-Nosra et de Ghouraba ech-Cham affluent chez nous dès que l’armée attaque, mais ils disparaissent à la fin des combats », se félicite ce professeur d’arabe qui habite avec sa femme et ses cinq enfants à Boustane el-Bacha, fief des combattants islamistes. Mamoun, qui vit dans le sud d’Alep, renchérit : « Ils ne s’approchent pas des habitants. » D’autant qu’il leur est difficile de communiquer car « certains ont un accent différent, et il y en a même qu’on ne comprend absolument pas ».
Al-Nosra est une organisation jihadiste dont on connaît peu de choses car ses hommes refusent de parler, tant aux journalistes qu’aux habitants. Inconnu avant le début de la révolte en Syrie en mars 2011 et accusé un temps d’être une émanation des renseignements syriens, ce front a revendiqué la plupart des attentats-suicide qui ont ensanglanté le pays, notamment à Alep, Damas et Deir ez-Zor. Deux autres grands groupes jihadistes sont implantés en Syrie, Ghouraba ech-Cham (les étrangers de Damas), qui regroupe essentiellement des jihadistes turcs et venus des pays de l’ex-Union soviétique, et Ahrar ech-Cham (les hommes libres de Damas), composé en grande partie de combattants venus du Liban et d’Irak.


Mais l’armement et l’argent font aussi la différence. « La plupart des combattants de l’ASL sont jeunes, certains sont même adolescents, ils portent des armes peu sophistiquées et sont chargés de tenir les points de contrôle », raconte Abdallah, qui habite la vieille ville. « En revanche, les combattants d’al-Nosra sont plus vieux, ont des armes modernes et des gilets pare-balles, et il est rare de les voir en faction », ajoute ce fonctionnaire de 32 ans. Les islamistes bénéficient de fonds bien plus importants que leurs alliés et rivaux, sans qu’on puisse en déterminer l’origine. « Les combattants d’al-Nosra préparaient des festins avec de la viande grillée pour la rupture du jeûne du ramadan, alors que ceux de l’Armée libre devaient se contenter d’un sandwich », note-t-il encore.


Selon Houssam, un journaliste de 35 ans habitant dans une partie de la vieille ville contrôlée par l’armée, « les deux pratiquent le kidnapping, mais si les rebelles réclament des rançons pour payer leurs combattants et acheter des armes, al-Nosra ne négocie jamais, il tue ses otages. C’est la preuve que les fonds qu’il reçoit de l’étranger lui suffisent ».
Mais le succès des islamistes s’explique aussi par les inconséquences des rebelles de l’ASL. Vendredi, Maher a participé aux manifestations qui ont conspué l’ASL. Cet habitant de Boustane el-Qasr, quartier du sud d’Alep tenu par l’ASL, dénonce avec véhémence les rapines des rebelles et leur installation dans des appartements de familles ayant fui les violences et qui ne peuvent plus revenir dans leur logement occupé. À en croire les habitants, comble du paradoxe, c’est le Front al-Nosra qui se retrouve aujourd’hui à régler les différends entre groupes rebelles. Moujahed, un fonctionnaire de 30 ans, évoque « des affrontements entre rebelles qui ont duré un mois à Ferdaous ». Ils ont pris fin « quand al-Nosra a imposé son contrôle et partagé le butin, notamment les munitions et les armes ».

De récentes manifestations à Alep s’en prenant clairement à l’Armée syrienne libre (ASL), qui avait pourtant conquis en juillet la moitié de la ville, ont montré sa perte d’influence au profit des islamistes radicaux mieux armés et plus disciplinés, selon les habitants. Vendredi, lors des défilés hebdomadaires, des manifestants excédés ont en effet appelé l’ASL à aller au...

commentaires (3)

Rien de civil là-dedans...une guerre civile,c'est une guerre entre habitants d'un même pays...

GEDEON Christian

05 h 58, le 07 décembre 2012

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Commentaires (3)

  • Rien de civil là-dedans...une guerre civile,c'est une guerre entre habitants d'un même pays...

    GEDEON Christian

    05 h 58, le 07 décembre 2012

  • Répétition Tunisienne, Lybienne et puis Egyptienne !

    SAKR LEBNAN

    09 h 12, le 06 décembre 2012

  • C'est le lot de toutes les guerres civiles et a la fin celui qui se comporte le plus integrement fini par avoir le dessus.

    Pierre Hadjigeorgiou

    08 h 11, le 06 décembre 2012

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