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Moyen Orient et Monde - Eclairage

De la difficulté de distinguer un jihadiste d’un rebelle en Syrie

Cette image, tirée d'une vidéo YouTube, montrerait les islamistes de différents groupes officiant en Syrie annonçant leur rejet, le 18 novembre 2012, de la nouvelle coalition syrienne d'opposition. AFP/YOUTUBE

Comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Sous l’influence croissante des islamistes, de nombreux rebelles en Syrie ont adopté les attributs des combattants de la « guerre sainte » mondiale, compliquant singulièrement la tâche des soutiens occidentaux de la rébellion. « Dans le contexte de la guerre civile syrienne, il est très difficile de distinguer les islamistes modérés des salafistes-jihadistes », observe ainsi Elizabeth O’Bagy, auteure pour l’Institute for Study of War (ISW) d’un récent rapport sur le « jihad en Syrie ». « La tendance générale chez les rebelles à utiliser l’iconographie jihadiste déforme notre perception de leurs idéologies et objectifs », note Mme O’Bagy. Ces six derniers mois de lutte armée ont en outre été marqués par une islamisation croissante de la rébellion qui contribue à brouiller son image, avec l’émergence sur le devant de la scène du Front el-Nosra, groupe jihadiste devenu fer de lance de l’insurrection, dont les hommes sont présents sur toutes les lignes de front.


L’immense majorité des rebelles sont des musulmans dévots, se revendiquant d’un combat à la fois religieux et nationaliste. Islamistes ou non, beaucoup arborent aujourd’hui ces signes extérieurs du jihad qui ont fait leur apparition en Afghanistan puis en Irak. Le phénomène était déjà perceptible en Libye. Il est particulièrement frappant en Syrie. Il y a bien sûr la barbe, qui se porte épaisse et longue, de préférence raccourcie voire rasée au niveau de la moustache. Le pantalon remonté au-dessus des chevilles, à la façon du Prophète, même s’il s’agit aussi souvent de protéger ses chausses de la boue. Il y a aussi le bandeau – noir ou vert – noué autour du front, marqué du nom d’Allah en arabe, de Mohammad, ou de la « chahada » (la profession de foi musulmane). Ou encore le « sewak », bâtonnet de bois utilisé pour se frotter les dents et ainsi se purifier la bouche. Le drapeau noir frappé de cette même « chahada » flotte sur presque tous les barrages et campements insurgés, au côté ou non des couleurs de la nouvelle « Syrie libre ». Beaucoup de rebelles ont également adopté l’étendard noir frappé du sceau du Prophète, qui fut la bannière de l’« État islamique d’Irak », la sanguinaire branche d’el-Qaëda en Irak, et l’oriflamme des shebab somaliens.


Longtemps outil de propagande privilégié des jihadistes, l’usage des vidéos sur Internet s’est également généralisé chez les insurgés syriens. Chaque « katiba » (bataillon) a des cameramen chargés de mettre en ligne les images des exploits de leurs unités, au son de chants religieux guerriers. La présence de combattants étrangers n’est même plus un critère de distinction. Le conflit a attiré pléthore de ces volontaires – du simple militant des printemps arabes au jihadiste pur et dur –, que l’on croise à peu près partout, même si la majorité sont venus grossir les rangs du Front el-Nosra. Près d’une dizaine de groupes plus ou moins islamistes, à la rhétorique salafiste, combattent ainsi aux côtés de l’Armée syrienne libre (ASL) : Souqour el-Sham (faucons de Damas), Liwa el-Islam (brigade de l’islam), Ahrar el-Sham (les hommes libres de Damas), Katibat el-Ansar (bataillon des premiers combattants de l’islam). La plupart de ces factions, dont le Front el-Nosra, ont récemment affirmé dans des vidéos leur désir d’instaurer un « État islamique juste » et d’imposer la charia, tout en privilégiant la guerre contre le régime de Bachar el-Assad.


La flopée de différentes « katibas » opérant d’une région à l’autre, et le fait que des unités de l’ASL travaillent en fait en sous-main avec les islamo-salafistes, parachèvent la confusion. Il y a cependant des signes qui ne trompent pas. Le port généralisé de la jalabiya (tenue traditionnelle arabe) sous les cartouchières ou du shalwar kamiz afghan indique que vous êtes en terre jihadiste. La cagoule dissimulant le visage et les vêtements noirs sont d’autres indices. Enfin, l’hostilité affichée envers les journalistes internationaux – seuls Occidentaux à arpenter ces contrées en guerre – prouve à coup sûr que vous êtes face à des jihadistes...
(Source : AFP)

Comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Sous l’influence croissante des islamistes, de nombreux rebelles en Syrie ont adopté les attributs des combattants de la « guerre sainte » mondiale, compliquant singulièrement la tâche des soutiens occidentaux de la rébellion. « Dans le contexte de la guerre civile syrienne, il est très difficile de distinguer les islamistes modérés des...

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