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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Quand Morsi a été élu, nous avons tiré des salves de joie ; maintenant, nous pleurons le régime de Moubarak »

La fermeture des tunnels de Gaza alimente la rancœur contre l’Égypte.

La fermeture en août par l’Égypte de dizaines de tunnels de contrebande suscite la rancœur des Palestiniens. Saïd Khatib/AFP

Riad al-Eriane bougonne devant son tunnel, à la frontière entre Gaza et l’Égypte : « Quand les Frères musulmans et le président Morsi ont été élus, nous avons tiré des salves de joie. Mais maintenant, nous pleurons le régime de Moubarak, qui lui n’avait pas fermé les tunnels. »
La fermeture en août par l’Égypte de dizaines de tunnels de contrebande qui permettaient à Gaza de contourner le blocus israélien suscite la rancœur des Palestiniens contre le nouveau pouvoir islamiste au Caire. L’Égypte a demandé au Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien, des informations sur des membres d’un groupe salafiste soupçonnés d’avoir prêté la main à une opération le 5 août à la frontière égypto-israélienne, qui a coûté la vie à 16 gardes-frontières égyptiens. Mais le Hamas a affirmé en septembre qu’il n’existait « aucune relation » entre les habitants de Gaza et l’attaque. « Nous avons 40 travailleurs et tout se passait bien, puis après l’attaque terroriste du Sinaï, l’activité s’est arrêtée complètement », se plaint Khaled Faraa, 50 ans, investisseur dans un tunnel d’importation de carburant qui a coûté 300 000 dollars. « Je pensais que ce serait temporaire, mais ils (les Égyptiens) étaient furieux contre nous et l’entreprise a périclité. »
L’impact se fait sentir de manière variable en fonction de l’activité de chaque tunnel. « Le carburant n’a pas été très affecté parce qu’il passe par des tuyaux souterrains, mais d’autres tunnels, utilisés pour les matériaux de construction ou les personnes, ont été davantage touchés », explique Abou Anas, propriétaire d’un tunnel de carburant. « La plupart des tunnels spécialisés dans le gravier ont été détruits. Et d’autres dédiés à d’autres marchandises fonctionnent difficilement à cause de la présence de l’armée et du renseignement égyptiens », confirme Abou Jihad, qui a perdu trois de ses quatre tunnels employant 50 personnes.
Selon un rapport publié en septembre sur le site du ministère de l’Économie du Hamas, la fermeture des tunnels après l’attaque du 5 août a provoqué en un mois une diminution de 45 % des importations de matériaux de construction, et de 31 % pour les produits de base comme la farine, le riz, le sucre et le blé.
Dans son dernier rapport mensuel, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) note qu’en août, 714 tonnes de barres d’acier sont entrées à Gaza via les tunnels, contre 6 635 tonnes en juillet, et 50 200 tonnes de graviers contre 191 000 tonnes en juillet. Le ministre de l’Économie du gouvernement du Hamas, Alaa al-Rafati, a néanmoins tempéré cet effondrement, assurant qu’il n’y avait « pas de pénurie pour le moment », le marché disposant de réserves suffisantes « pour deux ou trois mois ».
Mais autorités et population de Gaza s’impatientent. En septembre, le Hamas a organisé des manifestations contre la fermeture des tunnels. Un dirigeant du Hamas dans la zone frontalière, Youssef Farhat, a appelé le président égyptien Mohammad Morsi à ouvrir les points de passage avec Gaza « parce que notre peuple fonde en vous de grands espoirs pour une amélioration de la situation et la levée du siège ». Sur son site, le ministère de l’Économie « exhorte le gouvernement égyptien à cesser la destruction des tunnels », soulignant que « beaucoup de projets vitaux et fondamentaux seront gelés à cause de cette politique, le dernier en date étant un projet de reconstruction financé par le gouvernement du Qatar ».
Signe de tension, une photo du président Morsi avec le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, affichée sur une des grandes artères de Gaza, a été remplacée par un panneau géant libellé : « Merci au Qatar qui tient ses promesses. » Le gouvernement du Hamas a assuré n’avoir aucun lien avec cet affichage, qui fait référence au lancement il y a quelques jours par le Qatar d’une série de projets d’un montant de 300 millions de dollars dans la bande de Gaza.
(Source : AFP)
Riad al-Eriane bougonne devant son tunnel, à la frontière entre Gaza et l’Égypte : « Quand les Frères musulmans et le président Morsi ont été élus, nous avons tiré des salves de joie. Mais maintenant, nous pleurons le régime de Moubarak, qui lui n’avait pas fermé les tunnels. »La fermeture en août par l’Égypte de dizaines de tunnels de contrebande qui permettaient à Gaza...

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