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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Le plus important est d’en finir avec Assad, les études peuvent attendre… »

Huit frères, de 18 à 34 ans, combattent au coude-à-coude, mais manquent de munitions...

Depuis leur entrée en rébellion, les huit frères sont allés de point chaud en point chaud. Antonio Pampliega/AFP

Ils sont huit frères âgés de 18 à 34 ans et tous ont pris les armes pour se joindre à la rébellion. Ensemble, au coude-à-coude, ils combattent sur le front de Bustan al-Kaser, un quartier d’Alep. « Si un ou plusieurs de mes frères sont tués, je mourrai à leur côté. Ils sont le sang de mon sang et ce sera un honneur de périr avec eux en défendant la liberté », proclame le cadet de la fratrie, Reda, qui vient tout juste de fêter ses 18 ans. « Cela fait plus d’un mois que nous sommes arrivés dans la ville et, depuis, on ne pose les armes que pour aller prier », affirme-t-il. Il a tiré un trait au moins provisoire sur ses rêves d’université « pour y étudier l’informatique ». « Aujourd’hui, assure-t-il, le plus important est d’en finir avec Assad, mes études peuvent attendre. Nous les jeunes Syriens, notre place est ici, en train de lutter. » Son frère Rafaat, 20 ans, a lui aussi renoncé à son cursus universitaire. « Nous les jeunes sommes l’avenir de la Syrie et, aujourd’hui, l’avenir est dans la rue. Nous devrions être sur les bancs de l’école mais, par la faute de ce dictateur, nous avons dû prendre les armes. Nous nous battons pour que les générations suivantes jouissent d’un avenir de paix et de liberté », confie-t-il, une roquette antichar à la main.
Il s’agace de l’amalgame fait, selon lui, en Occident entre la foi et le terrorisme. « Vous pensez que parce qu’on crie “Allah Akbar” nous sommes membres d’el-Qaëda ! Non, nous croyons en Dieu, c’est tout. Il est désormais notre seule aide, le seul qui nous conduira à la victoire. » Une déclaration saluée en chœur par ses frères d’un sonore « Allah Akbar ».

Esclaves et maître
Tous ont quitté leur ville natale de Sarmada dans la province d’Idleb il y a 17 mois, juste au début de la révolte populaire. Anas, 34 ans, se souvient des manifestations pacifiques qui, dans la foulée du printemps arabe, ont marqué les premières semaines de la contestation. « L’armée a tiré. Plusieurs de nos meilleurs amis sont morts. La police nous jetait en prison sous le moindre prétexte. » Il a quitté sa boutique de téléphonie mobile et dû laisser sa famille, « quatre adorables petites filles », pour rejoindre la rébellion. « Bachar croit qu’il est le roi et que nous sommes ses esclaves. Mais les esclaves en ont plus qu’assez de servir leur maître », ironise-t-il.
Ahmad, 24 ans, est le moins prolixe. Un peu en retrait, tout juste esquisse-t-il parfois un timide sourire ou pousse-t-il du coude un de ses frères en lui murmurant quelque chose à l’oreille. Le jeune Reda parle pour lui. Avec fierté. « Il a été pris pendant une manifestation et jeté en prison. Ils l’ont battu pendant des jours pour qu’il parle, mais il n’a rien dit. Quand ils nous ont appelés pour qu’on aille le chercher, on ne l’a pas reconnu tellement il était défiguré. »
Depuis leur entrée en rébellion, les huit frères sont allés de point chaud en point chaud. « Homs, Idleb, Alep... On ne s’arrêtera qu’après la chute du régime », assure Essam, 26 ans.

Leitmotiv
Dans un autre quartier, au QG de la brigade al-Tawhid, la plus importante d’Alep, les dirigeants rebelles ont une explication à leur enlisement dans cette ville : le peu de munitions qui leur reste leur permet tout juste de défendre leurs positions avec des snipers parcimonieux. Pour le débriefing, les chefs d’unité arrivent les uns après les autres, venus des bases établies dans les quartiers de Seif al-Dawla, d’Izaa, de Salaheddine et d’al-Amiriya. Tous ou presque font le même constat : plus rien ne bouge à Alep, faute de munitions côté rebelles. « Depuis un mois, le front ne bouge plus », explique Abou Fourat, l’un des chefs de la brigade al-Tawhid. Pour cet officier déserteur de l’armée régulière, le manque de munitions explique la situation. « Les pays qui disent défendre les droits de l’homme doivent nous envoyer des munitions », lance un homme, alors qu’au rapport de chaque chef d’unité revient le même leitmotiv : « Je n’ai plus de munitions. » Après avoir saisi, assurent-ils, 5 000 fusils et quelque 2 500 lance-roquettes dans la caserne du quartier Hanano lors d’une récente attaque, les rebelles sont désormais à court de munitions. « Aujourd’hui, nous contrôlons entre 60 et 70 % d’Alep et 100 % des localités de la région », affirme Haji al-Bab, l’un des hauts dirigeants de la brigade. Toutefois, l’armée de l’air du régime contrôle seule le ciel et procède à des bombardements réguliers.
Le combattant est précieux pour les rebelles d’Alep où la plupart des batailles se jouent désormais entre snipers.
(Source : AFP)
Ils sont huit frères âgés de 18 à 34 ans et tous ont pris les armes pour se joindre à la rébellion. Ensemble, au coude-à-coude, ils combattent sur le front de Bustan al-Kaser, un quartier d’Alep. « Si un ou plusieurs de mes frères sont tués, je mourrai à leur côté. Ils sont le sang de mon sang et ce sera un honneur de périr avec eux en défendant la liberté », proclame le...

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