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Moyen Orient et Monde - Film islamophobe

« La colère ne donne pas le droit de tuer », affirme Téhéran

Nouvelles manifestations pacifiques hier.

À Ankara hier, les manifestants ont piétiné et mis le feu à un drapeau américain. Adem Altan/AFP

Les remous provoqués par le film islamophobe L’innocence des musulmans n’ont pas diminué hier, même si les manifestations étaient un peu moins violentes que les jours précédents.
À Téhéran, le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des gardiens de la révolution, a estimé hier que la colère des musulmans ne justifie pas la mort de diplomates américains en Libye. Cette colère « ne donne en aucun cas le droit de tuer, mais les sentiments des musulmans ont été blessés et ils n’avaient d’autre choix que de protester devant des ambassades » américaines, a-t-il déclaré. C’est la première fois qu’un haut responsable iranien prend quelque distance avec l’attaque le 11 septembre du consulat américain à Benghazi, lors de laquelle l’ambassadeur et trois autres Américains ont été tués. Plusieurs responsables iraniens, dont le président Mahmoud Ahmadinejad, ont dénoncé le film et justifié les manifestations. Aucun n’a en revanche condamné ou regretté la mort des quatre Américains.

Un tué au Pakistan
Une cinquantaine de personnes se sont réunies dans le calme à proximité de l’ambassade américaine dans la capitale turque, Ankara, pour dénoncer la vidéo réalisée aux États-Unis. Les manifestants ont crié des slogans comme « Allah est grand » ou « Mort à l’Amérique » et déployé des banderoles barrées de menaces telles que « On arrive, Maison-Blanche » ou encore « États-Unis, votre fin sera terrible », face à un épais cordon de policiers qui leur barrait l’accès de l’ambassade. Ils ont ensuite mis le feu à un drapeau américain avant de se disperser et de quitter les abords de l’ambassade sans autre incident. Un second groupe d’une cinquantaine de personnes s’est réuni séparément dans les mêmes parages de l’ambassade, pour condamner cette fois la politique américaine au Proche-Orient et notamment en Syrie.


Au Pakistan, les manifestations ont été plus musclées et une personne est morte ainsi que cinq autres blessées. La victime a été tuée d’un coup de feu tiré par un inconnu dans la ville d’Hyderabad, a indiqué la police. Les blessés l’ont été devant le consulat des États-Unis à Karachi, il s’agit de deux policiers et trois civils. Dans cette localité, environ un millier de personnes ont lancé des pierres en direction des forces de l’ordre qui ont riposté par des tirs de sommation et de gaz lacrymogène. Les manifestants étaient au nombre de 4 000 environ dans la ville de Lahore et à peu près le même nombre à Kirri Chamozai. Les chaînes de télévision locales ont montré des images d’autres défilés, de moindre importance, se déroulant dans des conditions pacifiques dans une douzaine d’agglomérations.


Au Yémen, une manifestation contre la présence de marines US dans le pays a été annulée à Sanaa faute de participants, alors que le consulat des États-Unis était fermé. En outre, les forces de sécurité yéménites étaient déployées en force autour de l’ambassade américaine et tous les accès y menant étaient fermés, sauf pour les habitants du secteur. Par ailleurs, environ 300 personnes ont manifesté pacifiquement devant l’ambassade des États-Unis à Londres. Au Niger, la plus importante église catholique de Zinder, la deuxième ville du pays, a été « totalement saccagée » vendredi par des manifestants islamistes, a indiqué hier un journal local. Hier également, le Conseil islamique du Niger a « condamné avec force » le film islamophobe, tout en lançant un appel pour que les églises ne subissent pas de destructions. Le Bangladesh a pour sa part estimé que le film islamophobe constituait une « incitation à la haine ».

Polémique en France
En Belgique, 230 personnes ont été interpellées samedi à Anvers au cours d’une manifestation contre le film dénigrant l’islam, a annoncé hier la police locale, qui avait dans un premier temps évoqué le nombre de 120 interpellations. À Paris, le dispositif de sécurité a été renforcé devant l’ambassade des États-Unis et dans les rues adjacentes pour prévenir de nouvelles manifestations. Une enquête a été ordonnée pour identifier les organisateurs de la manifestation de samedi, qui a suscité une polémique entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et son prédécesseur François Fillon. « Cette manifestation est inacceptable », « intolérable », a dit sur France 2 le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, s’offusquant de la présence de « femmes voilées entièrement », des « prières de rue » et des « slogans hostiles à des pays alliés, à nos valeurs ». « Ces manifestations, elles sont interdites », a-t-il prévenu. De son côté, le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, a décidé de fermer pour la journée ses ambassades en Égypte, en Libye et au Soudan pour des raisons de sécurité.

Pas de déploiement US
Samedi, les États-Unis avaient ordonné l’évacuation de leurs personnels non essentiels ainsi que leurs proches de Tunisie et du Soudan, et avaient déconseillé aux citoyens américains de se rendre dans ces pays. Depuis Tokyo où il se trouvait hier, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a déclaré que les États-Unis ne prévoient pas de renforcer leur présence militaire au Proche-Orient. « Nous avons une présence importante dans la région », a-t-il dit, rappelant que Washington avait déjà déployé des équipes antiterroristes « qui peuvent réagir rapidement si l’instruction leur en est donnée ». Pour sa part, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Susan Rice, a assuré que l’attaque armée contre le consulat américain de Benghazi, en Libye, a commencé par une manifestation « spontanée », contredisant ainsi les affirmations de Tripoli. Elle a toutefois pris soin de préciser qu’il fallait « attendre » les « confirmations définitives de l’enquête ».


Enfin, le roi du Maroc, Mohammad VI, s’est entretenu hier avec la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton. Il a condamné à la fois « l’odieuse attaque » contre le consulat américain en Libye et les « provocations inadmissibles » du film islamophobe produit aux États-Unis.

Les remous provoqués par le film islamophobe L’innocence des musulmans n’ont pas diminué hier, même si les manifestations étaient un peu moins violentes que les jours précédents.À Téhéran, le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des gardiens de la révolution, a estimé hier que la colère des musulmans ne justifie pas la mort de diplomates américains en Libye. Cette...

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