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Moyen Orient et Monde - Reportage

A Alep, le patrimoine oublié

La mosquée al-Mahmandar, un joyau vieux de sept siècles. Phil Moore/AFP

Prise entre insurgés et troupes fidèles au président Bachar el-Assad, la ville d’Alep s’inquiète pour son patrimoine historique unique, qui, de balles d’armes automatiques en obus de mortier, subit des dommages inouïs. « Les soldats de Bachar ne respectent rien. Ni notre histoire ni notre religion », lâche un combattant rebelle. Courte barbe de jais, la tête ceinte d’un bandana vert, il pointe un trou béant ouvert par un projectile à la base du minaret de la mosquée al-Mahmandar, un joyau vieux de sept siècles, sis dans le quartier de Bab al-Nasser. Sous ses pas, le verre brisé craque alors qu’il pénètre dans la salle de prière. Et tant que les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) se maintiendront juste à côté de l’imposante mosquée, les obus des troupes du régime continueront sans doute de s’abîmer contre elle.
Un nombre indéterminé de soldats loyalistes ont, eux, pris position dans la citadelle toute proche. Impressionnante, la forteresse domine toute la ville. Les rebelles sont parvenus à encercler presque totalement la citadelle et assurent que les soldats qui s’y trouvent ne disposent plus que d’un seul passage leur permettant d’être ravitaillés. « D’un point de vue militaire, la citadelle a presque autant de valeur aujourd’hui qu’il y a 500 ans. Mais, même si nous arrivions à l’encercler complètement, je pense que nous aurions du mal à la prendre », reconnaît Abou Mohammad, un chef rebelle. De fait, au cours de son existence, la citadelle n’aurait été prise, dit-on, qu’une seule fois, par le conquérant mongol Tamerlan, en 1400.


De jour en jour, de pâté de maisons en pâté de maisons, les insurgés ont réussi à s’approcher de la vieille ville. Mais les troupes loyalistes ne lâchent rien. Appuyées par les chars et l’aviation, elles pilonnent des quartiers entiers, occasionnant d’importants dégâts aux bâtiments historiques. Selon l’Unesco, cinq des six sites syriens classés au patrimoine mondial de l’humanité ont souffert des combats qui font rage depuis près d’un an et demi en Syrie. Outre Alep, Damas, l’oasis de Palmyre, le krak des Chevaliers et les villages antiques du Nord ont payé un lourd tribut.
Mais Alep, l’une des plus anciennes villes au monde, a sans doute subi les dégâts les plus sévères. Au début du mois, la citadelle a été touchée et son entrée, qui date de l’ère des Mamelouks, a été endommagée. Au beau milieu des combats, la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, a lancé un appel aux belligérants, les exhortant à épargner le patrimoine de la ville. Dans un communiqué, l’organisation dit collaborer avec d’autres agences internationales, dont Interpol, et les pays voisins de la Syrie « pour prévenir le trafic illicite d’objets culturels pouvant résulter de vols dans les musées ou les sites ». Le musée de Palmyre a déjà fait les frais de pillards, et celui d’Alep n’est qu’à un jet de pierre de la ligne de front...


Plus tôt dans la semaine, c’est dans le quartier chrétien de Jdeidé que les combats faisaient rage. Là aussi, armes automatiques, obus, lance-roquettes ont fait pleuvoir leurs munitions sur de vieilles bâtisses. Certains encorbellements en bois datant de l’époque ottomane ont été détruits. « Le pire est peut-être à venir. Ce qui me semble certain, c’est que les risques de destruction sont importants et que le régime est tout à fait capable de raser une partie de la ville », note Thierry Boissière, spécialiste de l’histoire d’Alep. « De l’autre côté, si le souci de la préservation du patrimoine n’est pas absent de l’ASL, il n’est pour l’instant pas une priorité dans un contexte où prime avant tout la chute du régime », dit-il.


En attendant, des souks où régnait il y a quelques semaines encore l’odeur du fameux savon d’Alep et des épices, se dégage aujourd’hui la puanteur âcre des détritus en combustion. Les échoppes sont abandonnées, détruites. D’ordinaire, ici, cela grouille de touristes... « En Europe, les gouvernements mettent en valeur leur patrimoine, mais pour Bachar, cela ne vaut rien », rappelle Abou Abdallah, un jeune combattant...

Prise entre insurgés et troupes fidèles au président Bachar el-Assad, la ville d’Alep s’inquiète pour son patrimoine historique unique, qui, de balles d’armes automatiques en obus de mortier, subit des dommages inouïs. « Les soldats de Bachar ne respectent rien. Ni notre histoire ni notre religion », lâche un combattant rebelle. Courte barbe de jais, la tête ceinte d’un bandana...

commentaires (2)

Pauvre Syrie, prise entre l'hystérie hégémonique des gouvernants et l'extrémisme fanatique des introduits qui accaparent la scène. Et, le PEUPLE... ceux qui manifestent et qui réclament la liberté et la démocratie... sont massacrés, égorgés par les uns et probablement par les autres.

SAKR LEBNAN

05 h 40, le 25 août 2012

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Commentaires (2)

  • Pauvre Syrie, prise entre l'hystérie hégémonique des gouvernants et l'extrémisme fanatique des introduits qui accaparent la scène. Et, le PEUPLE... ceux qui manifestent et qui réclament la liberté et la démocratie... sont massacrés, égorgés par les uns et probablement par les autres.

    SAKR LEBNAN

    05 h 40, le 25 août 2012

  • Larmes de crocodile...pourquoi Alep?Agenda sombre...

    GEDEON Christian

    05 h 01, le 25 août 2012

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