Les chrétiens doivent tout faire pour éviter que la haine communautaire ne l’emporte en Syrie, sinon cette logique deviendra « la règle », du Liban au Pakistan, avertit un religieux catholique italien, témoin privilégié de la crise syrienne. Avec émotion, Paolo Dall’Oglio a décrit ce pays qu’il a dû quitter en juin à la demande du régime Assad et de l’épiscopat. Il avait animé pendant 30 ans dans les montagnes arides au nord de Damas une petite communauté de prière originale, dans un monastère qu’il avait restauré à Mar Moussa, lieu de rencontre entre chrétiens et musulmans.
Barbe broussailleuse, stature d’athlète, ce jésuite énergique de 57 ans qui se définit comme un « chapelain de la révolution » s’est déjà rendu au Caire, à New York, au Canada. Il se trouve à Rome pour différents contacts, notamment à la secrétairerie d’État du Vatican. Son téléphone portable sonne : « On vient de m’appeler de Homs. Un prêtre, dont les deux frères ont été kidnappés. Il pense que j’ai les relations qu’il faut, mais je ne peux plus avoir d’influence directe sur le terrain. » Dans ce qui est selon lui « une vraie révolution et une vraie guerre civile », il proclame « le droit des Syriens de se défendre par les armes » contre un système injuste, tout en affirmant que les avocats de la non-violence ont un rôle essentiel à jouer « maintenant et après ».
La communauté internationale doit « déclarer la neutralité géostratégique de la Syrie ». Une neutralité comme celle de l’Autriche après la Seconde Guerre mondiale. La Syrie a « la vocation d’exprimer l’idéal œcuménique arabe, où musulmans, chrétiens et juifs ont conservé une civilisation ancienne, l’ont développée et l’ont consignée à l’Occident ». Le père Dall’Oglio explique le jeu complexe dans lequel sont pris les chrétiens, « en danger de dispersion » mais non « visés » comme tels par l’opposition armée. « Mon impression est que le régime avait le besoin absolu de garder les chrétiens de son côté. Si les alaouites sont seuls, ils ne font même pas 15 %. »
Le régime utilise « une stratégie systématique pour obliger les chrétiens à lui rester liés. Par exemple, il frappe dur les chrétiens qui sont dans la révolution, quitte à accepter les bons offices des évêques pour les ramener chez eux ». « En même temps, s’émeut-il, on envoie des évêques et des bonnes sœurs raconter des bêtises dans la presse mondiale », s’insurge le père Dall’Oglio. Il accuse certains d’entre eux d’être « en relation avec les groupes traditionalistes de la droite chrétienne européenne, même ceux qui fleurent le négationnisme antisémite ». À leurs yeux, « l’Occident est vendu à Satan ». C’est un argument irrationnel que le pape, espère-t-il, saura contrecarrer lors de son voyage au Liban mi-septembre, en insistant sur le respect du « pluralisme » religieux.
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commentaires (9)
Au Liban les chrétiens, ont une très mauvaise et la douloureuse expérience de la dynastie minoritaire alaouites des Assad ,tout le monde se rappel (j'espère...) comment les syriens ont déstabilisé le pays dans les années 60/70" ,en se servant des multiples réseaux palestiniens se pavanant,ainsi que des acteurs locaux collabo. inféodés à certains partis, après cette phase de destabilisation ,il suffisait d'allumer la mèche de la dynamite Nobel ,dont Arafat à reçu le prix du même nom en Suède,(d'ailleurs ont à vraiment jamais compris pourquoi il avait mérité cette distinction... ) bref, les syriens après avoir allumé la mèche n'avait plus qu'a jouer au pompier pyromane ....et ça a marché...avec la complaisance active des grandes puissances , Dear Henry ....,j'espère que vous êtes atteint de la maladie d'alzheimer.... mais nous au Liban pas encore...!
M.V.
00 h 27, le 26 août 2012