Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le point

La fausse paix des frontières

Bien plus qu’un incident mais moins qu’un acte qui aurait pu mener à une guerre, cette opération menée dimanche soir à la fois – détail important – contre Le Caire et Tel-Aviv. Les huit commandos qui se sont emparés de deux véhicules blindés égyptiens après avoir abattu quinze gardes-frontières et blessé sept autres avant d’être tués à leur tour par des soldats israéliens près du terminal de Karm Abou-Salem (le kibboutz Kerem Shalom pour l’État hébreu) portaient des vêtements de Bédouins, relèvent les premiers témoignages. Israël s’est dépêché de parler de membres d’un groupe du « Jihad mondial relevant d’el-Qaëda » et de noter que le raid avait été appuyé par des tirs de mortier à partir de l’enclave de Gaza. Coïncidence? Plus tôt dans la journée, un avion israélien avait mitraillé à Tell Sultan (ouest de Rafah) une motocyclette à bord de laquelle avaient pris place deux membres des Comités de la résistance populaire, tuant l’un, Ayad Nadi Okel, et blessant l’autre, Ahmad Sayed Ismaïl, auteur en juin dernier d’une attaque qui avait fait une victime originaire de Haïfa, Saïd Fachafcheh, travaillant pour le compte du ministère israélien de la Défense.
Depuis la signature entre les deux pays d’un traité de paix, le 26 mars 1979, la zone frontalière est loin de constituer un havre de paix. En avril de cette année, les tribus ont présenté aux émissaires du Conseil national (égyptien) de sécurité en tournée dans la péninsule une série de requêtes dont la principale portait sur un amendement des accords de Camp David. Le même jour, le Bureau israélien du contre-terrorisme invitait les touristes à quitter sur-le-champ le Sinaï en raison d’« une menace sérieuse et immédiate » pesant sur les plages de la région. Au fil des mois, les actes de sabotage du pipe-line alimentant l’État hébreu en gaz naturel égyptien s’étaient multipliés, attribués la plupart du temps à des contrebandiers opérant dans le secteur et disposés à se mettre au service du plus offrant.
Sur le papier, des crédits de l’ordre de 100 millions de dollars ont été prévus pour l’infrastructure, l’industrie et les services. Dans un pays où les caisses de l’État continuent d’être désespérément vides, où la tension demeure vive, quoique latente, et la notion de temps élastique, le transfert de ce montant se fait attendre. Entre-temps, les habitants continuent de s’adonner à leur occupation favorite, la contrebande, la coopération avec les mouvements terroristes et les accrochages sporadiques avec les forces de sécurité, ponctués d’autant d’assauts contre des postes de police ou des blocages de routes.
On estime à un millier le nombre de militaires égyptiens relevant de la police des frontières et stationnés à el-Arich et Rafah. Mal entraînés, sommairement armés, très peu motivés, ils représentent une cible aisée pour les terroristes du Jihad global et leurs alliés locaux. À en juger par le bilan de l’opération, il semble que le but des assaillants était de provoquer le plus de pertes en vies humaines dans les rangs des gardes-frontières. Comme si, a noté un observateur, il s’agissait d’empêcher toute présence sur le terrain de forces du nouveau régime. Pour sa part, l’armée hésite à intervenir d’une manière efficace contre les jihadistes, rejoignant en cela – ce qui pourrait sembler étrange à première vue – la position du président Mohammad Morsi, lequel ne veut ni d’une coopération avec Israël ni d’un renforcement des mesures de sécurité, mais se montre favorable à un rapprochement avec le Hamas. Depuis dimanche, il sera difficile aux deux parties de ne pas joindre leurs efforts pour riposter si elles veulent parer au danger que représentent désormais les hommes d’el-Qaëda. Ehud Barak ne s’y est pas trompé qui a vu dans l’affaire « un coup de semonce » à l’adresse du successeur de Hosni Moubarak. « Il est dans l’intérêt de nos deux pays de préserver le calme », a estimé de son côté le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Quant au Hamas, toujours lui, il a qualifié de « terroriste » l’attaque et précisé que, depuis, tous les tunnels par lesquels transitent les passeurs arabes ont été fermés.
Louables bonnes volontés. Est-il permis pour autant de prévoir une période de calme dans ce qui s’annonce comme devant être la nouvelle poudrière du Proche-Orient, ce Sinaï, objet de tant de convoitises d’au moins quatre acteurs principaux ? Il est permis d’en douter.
Bien plus qu’un incident mais moins qu’un acte qui aurait pu mener à une guerre, cette opération menée dimanche soir à la fois – détail important – contre Le Caire et Tel-Aviv. Les huit commandos qui se sont emparés de deux véhicules blindés égyptiens après avoir abattu quinze gardes-frontières et blessé sept autres avant d’être tués à leur tour par des soldats...

commentaires (1)

La "nouvelle" poudrière du Proche Orient c'est la Syrie....en plus et à propos de frontières il faut noter que le Liban n'en a pas...il n'a que des "fronts"!

Beauchard Jacques

01 h 32, le 07 août 2012

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • La "nouvelle" poudrière du Proche Orient c'est la Syrie....en plus et à propos de frontières il faut noter que le Liban n'en a pas...il n'a que des "fronts"!

    Beauchard Jacques

    01 h 32, le 07 août 2012

Retour en haut