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Moyen Orient et Monde - Parole d'expert

La panoplie d’agents chimiques de Damas "est assez robuste"

La Syrie est dotée d’un important arsenal d’armes chimiques, explique Olivier Lepick, spécialiste français de l’armement chimique à la Fondation pour la recherche stratégique.

Un symbole utilisé pour les armes chimiques.

Q. Quelles sont les armes chimiques dont dispose l’armée syrienne ?
R. Les Syriens ont commencé à développer des armes chimiques depuis la moitié des années 1970, notamment grâce aux transferts technologiques avec l’Égypte et ensuite la Russie, et cela s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. Ils ont développé ce programme dans le cadre des tensions avec Israël et ont toujours considéré que l’arme chimique était un peu le pendant au programme nucléaire israélien.
Leur panoplie d’agents chimiques est assez robuste et ils ont plusieurs modes de dissémination par agent. Ils ont réussi à maîtriser la synthèse des organophosphorés : c’est la dernière génération la plus efficace et la plus toxique des armements chimiques. Dans cette famille, on trouve le sarin et le VX. Ils les ont militarisés sous de nombreuses formes, dans des obus, des missiles, notamment des Scud B et C, et donc ils peuvent frapper à des distances assez importantes et notamment aller jusqu’en Israël. Ils ont également des agents beaucoup plus anciens comme le sulfure d’éthyle dichloré, c’est-à-dire le gaz moutarde (ou ypérite) qui a été utilisé pour la première fois pendant la Première Guerre mondiale. Ils ont également militarisé le gaz moutarde sur des obus, des lance-roquettes ou même des bombes aériennes.
On ne connaît pas les quantités mais on sait que les stocks sont très conséquents, disséminés sur des bases militaires assez bien réparties sur le territoire syrien.

Quels dégâts peuvent provoquer ces armes chimiques?
Les neurotoxiques organophosphorés sont des substances d’une toxicité diabolique, c’est-à-dire que 1 mg de VX sur la paume de votre main, et c’est la mort assurée en quelques minutes. Le sarin, c’est à peu près la même chose : ce sont des agents qui s’attaquent à la transmission nerveuse dans le cerveau. Le gaz moutarde est infiniment moins toxique : il provoque des brûlures des muqueuses internes s’il est inhalé et externes. L’arme chimique ce n’est pas la bombe atomique, on ne peut pas détruire une ville entière avec, mais on peut faire des dégâts très importants, et d’un point de vue médiatique, cela a un immense retentissement car cela fait très peur.
Pour empêcher d’utiliser ce type d’arme, il faut une prévention quasiment physique. Il y a une surveillance très importante de ces dépôts par les Américains, avec des moyens satellitaires et peut-être même par des forces spéciales au sol.

Y a-t-il un réel danger que Bachar el-Assad décide d’utiliser ces armes ?
L’armée syrienne n’a aucun intérêt à utiliser ces armes : cela n’a aucun intérêt tactique compte tenu de la nature du conflit actuel qui est essentiellement urbain, et le régime sait que s’il le faisait, il perdrait le soutien de la Chine et de la Russie, derniers remparts à une condamnation internationale.
La vraie problématique, c’est celle de voir ces armes tomber dans des mains pas forcément bien intentionnées. On imagine l’angoisse d’Israël à voir le Hezbollah mettre la main sur un des systèmes d’armes chimiques. Pareil pour la communauté occidentale qui voit d’un très mauvais œil la possibilité que des groupes islamistes fondamentalistes mettent la main sur ce type d’arme en cas d’effondrement du régime.
Q. Quelles sont les armes chimiques dont dispose l’armée syrienne ? R. Les Syriens ont commencé à développer des armes chimiques depuis la moitié des années 1970, notamment grâce aux transferts technologiques avec l’Égypte et ensuite la Russie, et cela s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui. Ils ont développé ce programme dans le cadre des tensions avec Israël et ont toujours...

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