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Moyen Orient et Monde - Analyse

Le Caucase du Sud contaminé par les tensions autour de l’Iran

La Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie redoutent qu’une éventuelle frappe militaire ne déstabilise la région.

Alors que la menace d’une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes s’amplifie, les trois ex-républiques soviétiques du Caucase du Sud – Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie – redoutent que cette éventuelle frappe militaire ne déstabilise une région déjà propice aux tensions.


« Comme toujours, lorsque les relations entre les plus importantes puissances voisines du Caucase sont agitées, le Caucase est affecté », observe Svante Cornell, directeur de recherche à l’Institut d’Asie centrale et du Caucase. Ainsi, l’Azerbaïdjan, qui entretient de bonnes relations avec Israël et lui a acheté récemment des armes pour 1,5 milliard de dollars, a rejeté mercredi des critiques iraniennes, Téhéran soupçonnant l’État hébreu de vouloir utiliser son allié caucasien lors d’ « actions terroristes » contre l’Iran. L’Iran avait déjà accusé à la mi-février Bakou de collaborer avec les services de renseignements israéliens et d’avoir facilité les assassinats de scientifiques nucléaires iraniens ces dernières années.


Signe que les tensions entre Israël et l’Iran se répercutent dans le Caucase, plusieurs complots, ourdis à Téhéran selon le gouvernement israélien, ont été déjoués ces dernières semaines. En Géorgie, la police a indiqué début février avoir désamorcé une bombe près de l’ambassade d’Israël, et en Azerbaïdjan des personnes soupçonnées d’avoir préparé des attaques contre des Israéliens ont été interpellées.


Car si le Caucase du Sud est l’objet depuis la chute de l’URSS d’une lutte d’influence entre la Russie et les Occidentaux, les puissances régionales que sont l’Iran et la Turquie veulent aussi y réaliser leurs ambitions. « Depuis la chute de l’Union soviétique, l’Iran veut mettre la main sur l’Azerbaïdjan », affirme Vafa Goulouzadé, un ancien conseiller de la présidence de ce pays très riche en hydrocarbures. Les relations entre les deux pays sont aussi compliquées par la présence en Iran d’une très importante minorité azerbaïdjanaise. « L’Azerbaïdjan s’inquiète des réfugiés potentiels en cas de déstabilisation de la situation (en Iran), après avoir déjà rencontré ce genre de problème avec des populations déplacées à l’intérieur du pays », explique Lawrence Sheets, expert à l’International Crisis Group.

 

La guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie pour le contrôle du Nagorny Karabakh, région azerbaïdjanaise à majorité arménienne, a fait 30 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés entre 1988 et 1994. En dépit d’un cessez-le-feu, Bakou ne cache pas son désir de revanche.

De son côté, la Géorgie, alliée des États-Unis et pays de transit pour le gaz et le pétrole azerbaïdjanais livré à l’Europe, craint que ce « rôle stratégique » de partenaire énergétique n’en fasse une cible en cas de « guerre en Iran », souligne l’analyste géorgien Sozo Tsintsadzé. Tbilissi a peur aussi que la Russie, qui avait envahi le pays en août 2008 pour repousser les forces géorgiennes tentant de reprendre le contrôle de la région séparatiste prorusse d’Ossétie du Sud, ne profite d’un éventuel conflit iranien pour s’enfoncer de nouveau dans le territoire géorgien.


Enfin, l’Arménie, qui n’entretient pas de relations avec ses voisins, l’Azerbaïdjan et la Turquie, s’efforce dès lors d’entretenir de bons rapports avec l’Iran et la Russie. « Toute escalade de la situation en Iran présente de réels risques pour tous les pays du Caucase du Sud », résume M. Tsintsadzé.

Les Israéliens peu favorables à attaquer seuls l’Iran
Alors que la tension se fait de plus en plus sentir, une étude d’opinion a montré hier que la majorité des Israéliens est hostile à une frappe aérienne menée uniquement par son armée contre l’Iran. Le sondage réalisé par l’université américaine du Maryland et par l’institut israélien Dahaf a ainsi indiqué que 34 % des 500 personnes interrogées ne veulent pas d’attaque contre Téhéran et que 42 % n’y seraient favorables qu’en cas d’appui américain. Moins d’une personne sur cinq estime que l’État hébreu doit effectuer des raids contre la République islamique, même sans le soutien de Washington.Signalons enfin que les élections législatives iraniennes d’aujourd’hui devraient se dérouler dans une « sécurité totale » qui permettra un scrutin « sain et enthousiaste » à l’abri de tout incident, a estimé hier le chef de la police iranienne, le général Esmaïl Ahmadi Moghadam.

Alors que la menace d’une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes s’amplifie, les trois ex-républiques soviétiques du Caucase du Sud – Géorgie, Azerbaïdjan et Arménie – redoutent que cette éventuelle frappe militaire ne déstabilise une région déjà propice aux tensions.
« Comme toujours, lorsque les relations entre les plus importantes puissances...

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