Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Révolte

Clinton : Poursuivre Assad pour crimes de guerre compliquerait la situation

Sous les feux de la critique, la Syrie quitte les débats à l’ONU.

À Binnish, près d’Idlib, un jeune garçon passe près de graffitis disant d’une part : « Le pays est mon père et la révolution ma mère », et d’autre part : « Syriens libres – Bachar est un chien et fils de chien. »   Zohra Bensemra/Reuters

La délégation syrienne a essuyé hier les critiques des diplomates après avoir précipitamment quitté les débats au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.


« Considérant que le véritable objet de cette session est d’attiser la flamme du terrorisme dans mon pays (...), ma délégation déclare son retrait de ce débat stérile », a ainsi annoncé le représentant syrien auprès de l’ONU Faysal Khabbaz Hamoui. « Nous ne reconnaissons pas la légitimité de cette session ni celle d’aucune résolution malveillante », a-t-il dit. « La mesure la plus simple et fructueuse pour aider le peuple syrien est celle qui consiste à cesser d’inciter au sectarisme et cesser de fournir des armes et des fonds pour dresser les Syriens les uns contre les autres », a-t-il ajouté, avant de quitter la salle. Malgré ce départ précipité, les hauts responsables politiques ont poursuivi leurs discussions, mais tous les orateurs n’ayant pas pu parler, le Conseil se prononcera sur le projet de résolution demain, selon le vice-président de l’organe onusien Christian Strohal.


Cette résolution, déposée par le Qatar, le Koweït, la Turquie et l’Arabie saoudite et cosignée par 50 autres pays, appelle le régime de Bachar el-Assad à « autoriser un accès libre et sans entrave à l’ONU et aux agences humanitaires pour procéder à une évaluation complète des besoins à Homs et dans d’autres régions ». Cet accès doit également « permettre aux agences humanitaires de livrer des articles de première nécessité et (d’offrir) des services à tous les civils affectés par la violence, en particulier à Homs, Deraa, Zabadani et dans d’autres régions assiégées par les forces de sécurité syriennes ». L’aggravation de la situation humanitaire en Syrie a donc dominé les débats à Genève. Sur ce point, la France espère que la Russie et la Chine ne s’opposeront pas à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire, a déclaré hier le chef de la diplomatie Alain Juppé. En attendant, les deux pays ont aussi enjoint à Damas de trouver une solution à la crise humanitaire.

Les craintes des USA
Dans ce contexte, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a estimé qu’il existait des « arguments » qui permettraient de poursuivre le président syrien Bachar el-Assad comme criminel de guerre, mais qu’une telle action compliquerait la recherche d’une solution en Syrie.


La Maison-Blanche a affirmé de son côté qu’el-Qaëda essayait de profiter des violences en Syrie, et reconnu qu’il s’agissait de l’une des raisons pour lesquelles fournir des armes à l’opposition au régime de Bachar el-Assad n’était pas à l’ordre du jour pour Washington.


Pour sa part, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a appelé à un « changement » en Syrie, sans lequel le pays ne saurait « se stabiliser », et à la tenue d’« élections libres », selon le texte d’une interview à un journal saoudien diffusé par ses services hier.


De son côté, le ministre vénézuélien du Pétrole a annoncé hier que son pays avait envoyé deux cargaisons de carburant à la Syrie l’année dernière et continuera d’approvisionner le pays, en dépit des sanctions adoptées contre Damas.
Sur le terrain, les équipes du Croissant-Rouge arabe syrien (CRAS) et de la Croix-Rouge internationale (CICR) qui négociaient avec les autorités et les rebelles ont indiqué avoir quitté Homs hier faute d’accord sur l’évacuation de blessés bloqués dans le quartier de Bab Amr pilonné par l’armée, expliquant qu’ils allaient réfléchir à une nouvelle approche pour y entrer.


Parallèlement, les Frères musulmans de Syrie ont dénoncé hier « un massacre » et « des crimes de guerre » commis la veille par les forces du régime contre des familles fuyant le quartier de Bab Amr. Un communiqué de la confrérie accuse notamment les forces de sécurité d’« avoir fait monter des familles entières dans des cars sous prétexte de les transporter en lieu sûr, avant d’en faire descendre les hommes et de tuer 65 d’entre eux de sang-froid à coups de couteau, comme on égorge les moutons ». Les corps, qui n’ont pas été identifiés, « portent des traces de balles et de coups portés à l’arme blanche », a précisé le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) Rami Abdel Rahmane.


Dans ce contexte, Mohammad el-Chami, porte-parole des Comités locaux de coordination (LCC) de Damas, un groupe qui chapeaute les manifestants, a indiqué que des milliers de personnes sont descendues hier dans la rue à Kafar Soussé et Midane, deux quartiers de Damas qui a été relativement peu touchée jusque-là encore par les manifestations antirégime, afin d’enterrer des victimes des tirs des forces de sécurité. Des manifestations se sont également déroulées dans les localités de la périphérie de Damas, comme Irbine et Zamalka, ainsi qu’à Barzé, un quartier de la capitale, en présence de nombreux agents de la sécurité, selon les mêmes sources.

« Carnage » en Syrie, plus de 7 500 tués
En attendant, le nombre de tués pour hier seulement était de 92, selon la chaîne al-Jazira qui se basait sur des déclarations de militants. Cela nous amène aux déclarations de Lynn Pascoe, secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires politiques, indiquant que la répression en Syrie a fait depuis onze mois « certainement beaucoup plus que 7 500 morts », tout en admettant cependant que les Nations unies ne pouvaient « pas donner de chiffres précis ». « La communauté internationale a échoué dans sa mission de mettre fin au carnage », et cet échec « semble avoir encouragé le régime (syrien) à croire en son impunité », a-t-il ajouté.

La délégation syrienne a essuyé hier les critiques des diplomates après avoir précipitamment quitté les débats au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
« Considérant que le véritable objet de cette session est d’attiser la flamme du terrorisme dans mon pays (...), ma délégation déclare son retrait de ce débat stérile », a ainsi annoncé le représentant syrien...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut