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Moyen Orient et Monde - Crise diplomatique

Ankara gèle sa coopération politique et militaire avec Paris

Les députés français ont adopté une proposition de loi pénalisant la négation des génocides, dont celui de 1915 contre les Arméniens.

Environ 3 000 personnes ont manifesté hier matin devant l’Assemblée nationale française. Fred Dufour/AFP

La Turquie a annoncé hier le gel de sa coopération politique et militaire avec la France après l’adoption par les députés français d’une proposition de loi pénalisant la négation des génocides dont celui de 1915 contre les Arméniens – une loi qui a encore besoin d’une validation du Sénat, qui votera probablement en janvier 2012.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi ordonné la suspension des visites bilatérales et le rappel pour consultations de l’ambassadeur de Turquie à Paris, précisant que « les exercices militaires conjoints et toutes les activités militaires avec la France avaient été annulés » pour protester contre l’adoption de ce projet. De plus, la Turquie décidera désormais « au cas par cas » pour toute demande militaire française d’utiliser son espace aérien et « rejette dorénavant toute demande française pour ses bâtiments de guerre de visiter les ports turcs ». Il a expliqué qu’il s’agissait là d’un premier train de sanctions contre la France, alliée de la Turquie au sein de l’OTAN, et que « progressivement » d’autres mesures pourraient être mises en œuvre. « Nous révisons nos relations avec la France », a résumé M. Erdogan qui a expliqué que la Turquie ne participerait pas à un comité économique mixte France-Turquie prévu en janvier à Paris et annulait des projets de jumelage avec la France au sein de l’Union européenne (UE). Ankara met aussi fin aux consultations politiques avec Paris, alors que les deux pays avaient noué un dialogue étroit sur des dossiers régionaux, notamment la Syrie. « Malheureusement cette proposition de loi a été adoptée malgré tous nos avertissements (...). Cela va ouvrir des plaies irréparables et très profondes dans les relations bilatérales », a déploré le PM turc, fustigeant une « politique (française) basée sur le racisme, la discrimination et la xénophobie ». Il s’en est particulièrement pris au président français Nicolas Sarkozy, l’accusant d’avoir instrumentalisé le génocide arménien à des fins électoralistes, à l’orée de la présidentielle 2012 en France. « L’histoire et les peuples ne pardonneront pas à ceux qui exploitent les faits historiques à des fins politiques », a en outre asséné M. Erdogan, qui s’est en revanche abstenu d’annoncer des sanctions commerciales contre la France, important partenaire économique de son pays. Notons que le volume bilatéral des échanges s’est chiffré à près de 12 milliards d’euros en 2010.

Juppé : « Ne pas surréagir »...
De Bordeaux, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a appelé de son côté la Turquie à ne pas « surréagir ». Interrogé sur d’éventuelles nouvelles mesures de représailles d’Ankara, le ministre des Affaires étrangères a répondu : « Nous verrons bien et je souhaite qu’on en reste là, si possible », ajoutant que « les relations entre la France et la Turquie sont des relations étroites et multiples dans beaucoup de domaines et nous avons beaucoup de choses à faire ensemble ». Il a en outre « pris acte » du rappel de l’ambassadeur turc à Paris.
Parallèlement, des milliers de personnes ont manifesté devant l’Assemblée nationale. La police a estimé à environ 3 000 le nombre de manifestants. Parmi eux, beaucoup étaient d’origine turque. « Je ne comprends pas pourquoi la France censurerait ma liberté d’expression », a lancé Yildiz Hamza, un Français d’origine turque qui préside une association de familles turques. Juger de la vérité historique, « c’est le travail des historiens, pas des politiciens », a déclaré quant à elle Aytem Dogan, une Française d’origine turque, ajoutant qu’à quelques mois de la présidentielle, « la majorité veut récupérer le vote des Arméniens ».
« Quand il y a un problème, cela vient toujours du côté français », a déploré pour sa part l’ambassadeur de Turquie à Paris, Tahsin Burcuoglu, qui rentre aujourd’hui dans son pays. « Plusieurs ministres sont contre la loi, mais je ne peux pas donner tous les noms », a-t-il ajouté, faisant allusion à une opposition silencieuse de plusieurs responsables français à la proposition de loi voulue par Nicolas Sarkozy.
Dans les détails, les députés français ont voté hier une proposition de loi pénalisant d’un an de prison et 45 000 euros d’amende la négation d’un génocide reconnu par la loi, comme l’est depuis 2001 en France le génocide arménien de 1915, qui a fait 1,5 million de morts, selon les Arméniens. La Turquie quant à elle reconnaît que jusqu’à 500 000 Arméniens sont morts pendant des combats et leur déportation, mais non pas par une volonté d’extermination.
L’Arménie a de son côté salué le vote des députés français. Le ministre arménien des Affaires étrangères, Édouard Nalbandian, a exprimé « la gratitude » de son pays. La France, « en adoptant cette loi, a prouvé de nouveau qu’il n’y avait pas de prescription pour les crimes contre l’humanité et que les nier devait être puni ».
Quant aux États-Unis, ils ont espéré hier un apaisement rapide entre la France et la Turquie, deux de leurs plus proches alliés. « Nous souhaitons bien sûr de bonnes relations entre la France et la Turquie et nous espérons qu’elles pourront résoudre ensemble leur différend », a ainsi commenté un diplomate américain de haut rang. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a pour sa part critiqué la loi adoptée, s’inquiétant des conséquences qu’elle pourrait avoir. « Je reconnais tout à fait les intentions humanitaires des membres de l’Assemblée nationale, qui ont rédigé et soutenu cette proposition » de loi, a déclaré la représentante de l’OSCE pour la liberté des médias Dunja Mijatovic, ajoutant néanmoins que « l’adoption finale de ces amendements soulèvera de sérieuses inquiétudes concernant les standards internationaux de la liberté d’expression ».
(Source : agences)
La Turquie a annoncé hier le gel de sa coopération politique et militaire avec la France après l’adoption par les députés français d’une proposition de loi pénalisant la négation des génocides dont celui de 1915 contre les Arméniens – une loi qui a encore besoin d’une validation du Sénat, qui votera probablement en janvier 2012.Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a...

commentaires (2)

Ben... sans coopération militaire Turque, la France est fichue (!!). Sérieusement si les Turque veulent vraiment marquer leur désaccord, le meilleur moyen c'est que le type Ordogan aille à Damas faire l'accolade au président Assad avec un sourire à 36 dents (espérant qu'il les ait toutes) devant les caméras et lui raconter toute la vérité !! Perdu pour perdu... J'en profite Ici pour souhaiter un Bon et Joyeux Noël à tous les forum-nautes et tous les lecteurs de cette rubrique!

Ali Farhat

12 h 53, le 24 décembre 2011

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Commentaires (2)

  • Ben... sans coopération militaire Turque, la France est fichue (!!). Sérieusement si les Turque veulent vraiment marquer leur désaccord, le meilleur moyen c'est que le type Ordogan aille à Damas faire l'accolade au président Assad avec un sourire à 36 dents (espérant qu'il les ait toutes) devant les caméras et lui raconter toute la vérité !! Perdu pour perdu... J'en profite Ici pour souhaiter un Bon et Joyeux Noël à tous les forum-nautes et tous les lecteurs de cette rubrique!

    Ali Farhat

    12 h 53, le 24 décembre 2011

  • Ah çà c'est sûr que çà va soulever de sérieux problèmes de liberté d'expression en France...qui comme chacun sait est un pays où l'expression est muselée tous les jours et à tous les niveaux!Il vaut mieux lire çà qu'être aveugle...oser dire une connerie pareille alors qu'on expose des photos de crucifix plongé dans de l'urine ou couvert d'excréments,en toute liberté d'expression,il fallait le faire....Cette Dunja l'a fait...mais pour ces genslà ,la liberté ne va que dans un seul sens,le leur!

    GEDEON Christian

    20 h 54, le 22 décembre 2011

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