Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Éclairage

Pour Ankara, une intervention militaire en Syrie est jusqu’à présent exclue

Les dirigeants turcs sont convaincus que la chute d’Assad est inéluctable.
Réfutant toute spéculation sur une intervention militaire turque en Syrie qui aiderait à renverser le régime du président Bachar el-Assad, une source diplomatique bien informée a affirmé qu’une telle opération était hors de question.
« La Turquie ne mènera aucune opération militaire en Syrie. Jusqu’à ce jour, le rôle de la Turquie a été et continuera d’être d’ordre purement humanitaire », a souligné cette source.
De nombreuses rumeurs ont récemment circulé, selon lesquelles un traité de coopération sécuritaire entre la Syrie et la Turquie pourrait servir de prétexte à Ankara pour une intervention musclée en Syrie.
Signé en 1998, le protocole d’Adana permet à la Turquie d’entrer jusqu’à 15 kms à l’intérieur du territoire syrien. Bien que limité au cadre précis d’une coopération de sécurité, ce scénario a donné libre cours à diverses interprétations, dont la possibilité de voir la Turquie créer une zone tampon à l’intérieur du territoire syrien. Compte tenu de la longueur de la frontière syro-turque (environ 800 km), une intrusion de 15 km, en largeur, constituerait une vaste zone sous influence turque qui, selon certains, pourrait s’avérer d’un grand recours dans l’éventualité d’une opération militaire.
Mais la source a insisté que rien dans l’accord d’Adana ne pouvait servir de couverture à une telle entreprise. Le protocole, qui fut plus tard mis à jour par des accords bilatéraux – dont le dernier fut ratifié en 2010 –, est un accord de sécurité mutuelle. À travers cet accord, les Turcs recherchaient une assistance syrienne dans leurs efforts de contrôler le parti kurde PKK, considéré comme une organisation terroriste. Pour sa part, la Syrie a tenté d’obtenir l’appui turc dans la lutte contre les Frères musulmans. Mais la Turquie a refusé de fournir toute aide dans ce contexte, Ankara ne considérant pas ce parti comme un groupe terroriste. En contrepartie, Ankara a offert son aide à Damas à plusieurs égards en matière de sécurité, comme par exemple dans la formation de la police syrienne ainsi que dans divers domaines ayant trait à la sécurité intérieure.
Affirmant que la Syrie s’est montrée coopérative au cours des ans, respectant sa part du protocole d’Adana et des accords de sécurité successifs, la source a affirmé que la Turquie n’utilisera en aucun cas ce document pour s’introduire dans le territoire syrien. En outre, a-t-elle expliqué, cet accord autorise une intrusion turque se limitant uniquement à une zone restreinte au nord de la Syrie, ayant des ramifications directes avec le parti kurde. Par conséquent, une opération militaire turque à des fins toutes autres, telles qu’aider à se débarrasser du régime d’Assad, serait totalement dénuée de sens dans cette partie de la Syrie, a-t-elle ajouté. Pour aider à la chute d’Assad, les troupes turques devraient entrer dans les principales villes syriennes, jusqu’à arriver à Damas, là où le régime est solidement établi, ce qui est totalement hors de question pour Ankara, a fait remarquer la source.

La question kurde
Et d’ajouter : « Jusqu’à ce jour, le rôle turc dans le conflit syrien s’est confiné à un aspect purement humanitaire. Ankara ne saura s’écarter de cette voie. » La Turquie a fourni des abris aux réfugiés syriens et demeure prête à accueillir les dissidents a n’importe quel moment, mais n’en fera pas plus et n’initiera certainement pas une opération militaire dans le territoire syrien. La Turquie continue de soutenir l’indépendance et la souveraineté de la Syrie, mais est de plus en plus persuadée que les effusions de sang en Syrie devraient prendre fin dans les plus brefs délais, a encore dit la source.
À la question de savoir si la Turquie s’inquiétait de voir le problème kurde réactivé sur instigation syrienne, dans une tentative ultime du président syrien de faire diversion, ou plus simplement en réponse aux positions anti-Assad d’Ankara, la source a assuré que la Turquie ne se faisait aucun souci à ce sujet. La question kurde est entièrement sous contrôle. Au cours des années, tous les moyens nécessaires ont été activés afin de contenir ce problème, que ce soit par la force ou par le biais de la politique, puisque les Kurdes sont activement présents dans le Parlement turc.
Bien que persuadée que le départ d’Assad soit désormais inéluctable et que le compte à rebours pour le régime syrien a été enclenché du fait de ses propres agissements, la source avoue que le processus de changement pourrait s’avérer plus long que prévu. La tendance serait à multiplier et renforcer les sanctions contre le régime d’Assad jusqu’à ce que ce dernier ne puisse plus rester en place.
Dans ce cadre, la source a estimé que, bien que encore réticentes à cet égard, la Russie et la Chine sont conscientes que la situation ne peut s’éterniser en Syrie et qu’il faudrait tôt ou tard que la violence cesse.
À ce stade, l’opposition syrienne, quant à elle, devrait redoubler d’efforts pour s’unir afin d’accroître sa crédibilité aux yeux de la communauté internationale, qui est à la recherche d’interlocuteurs dans ses rangs. Cela aiderait à assurer une transition en douceur en Syrie, dit la source, s’attendant à une coalition possible entre sunnites et alaouites pour prendre la relève une fois Assad démis de ses fonctions.
Cependant, les craintes d’une guerre civile ne peuvent être sous-estimées. D’un côté, Assad se dit prêt à se battre jusqu’au bout et dispose encore des moyens de sa politique ; de l’autre, l’opposition syrienne semble plus déterminée que jamais à arriver à ses fins et s’arme de plus en plus lourdement par le biais de certains pays limitrophes.

Zeina ABU RIZK
Réfutant toute spéculation sur une intervention militaire turque en Syrie qui aiderait à renverser le régime du président Bachar el-Assad, une source diplomatique bien informée a affirmé qu’une telle opération était hors de question. « La Turquie ne mènera aucune opération militaire en Syrie. Jusqu’à ce jour, le rôle de la Turquie a été et continuera d’être d’ordre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut