Des dizaines de milliers de Syriens ont participé hier dans différentes parties du pays à des rassemblements de soutien à Assad et aux réformes qu’il a promises lundi. La télévision publique a diffusé des images de meetings à Alep, et Deraa, dans le Sud, où les premières manifestations contre Assad avaient éclaté à la mi-mars. À Damas même, une foule monstre s’est rassemblée sur la place des Omeyyades pour apporter son soutien au président. Les manifestants brandissaient des drapeaux tricolores et des photos du président et ils ont lâché des ballons aux couleurs nationales, rouge, blanc et noir.
Les forces syriennes ont parallèlement renforcé leur présence près de la frontière avec la Turquie en procédant à des arrestations dans la ville d’Alep, ont rapporté des militants. Des dizaines d’étudiants de l’université d’Alep ont été arrêtés et douze personnes, dont un imam, l’ont été aussi dans le village voisin de Tel Rifaat, à mi-chemin entre Alep et la frontière turque vers laquelle ont fui des milliers de réfugiés syriens, selon des défenseurs des droits de l’homme. Des tirs et explosions ont par ailleurs été entendus hier de Turquie semblant indiquer que l’armée syrienne s’approche de la frontière. Entendus depuis le village turc de Güveççi (Sud), les tirs d’armes légères et les explosions semblaient provenir des alentours du village syrien de Khirbet al-Joz, situé au sommet d’une colline surplombant la frontière, à un kilomètre de celle-ci.
C’est dans ce contexte toujours répressif, que Bachar el-Assad a décrété hier une amnistie générale assez vague, la deuxième en trois semaines. Elle toucherait quiconque ayant commis un acte délictueux avant ce 21 juin, a rapporté l’agence de presse SANA. Le président Assad avait déclaré lundi qu’il demanderait au ministère de la Justice d’étudier la proclamation d’une amnistie plus large parce que « pour beaucoup, la première amnistie n’était pas satisfaisante (...) et qu’il y a une aspiration à une (seconde) amnistie plus générale ». Après la première amnistie, les autorités avaient relâché des centaines de prisonniers politiques, mais des mouvements de défense des droits de l’homme affirment qu’il en reste des milliers en prison. Selon des mouvements de défense des droits de l’homme, la répression contre les manifestants s’est en outre intensifiée depuis la première amnistie, le 31 mai, et des centaines de personnes ont encore été arrêtées.
Dans un discours prononcé lundi à l’université de Damas, M. Assad avait une nouvelle fois appelé au « dialogue national » et promis que des élections législatives auraient lieu en août et qu’un programme de réformes serait élaboré d’ici à septembre. Il s’agissait de son troisième discours depuis le début des manifestations contre son régime, à la mi-mars. « Comment peut-on dialoguer dans ces circonstances misérables avec un régime qui continue de tuer et d’arrêter arbitrairement des citoyens syriens ? », s’est interrogé l’opposant et ancien juge Haïssam al-Maleh, 80 ans, joint au téléphone par Reuters à Damas. Pour l’avocat Anouar Bounni, le discours de M. Assad a démontré une fois de plus qu’il a opté pour la solution militaire. « Une véritable solution politique serait basée sur (...) le retrait de l’armée des villes et le respect du droit à manifester pacifiquement. »
Enfin, à Genève, Jakob Kellenberger, président du Comité international de la Croix-Rouge, a annoncé que les autorités syriennes avaient accepté de donner au CICR et au Croissant-Rouge syrien un plus large accès aux populations civiles et aux personnes arrêtées.
Depuis le 18 mars, au moins 1 300 civils ont été tués et 10 000 ont été arrêtés lors de le répression sanglante orchestrée par M. Assad. Les autorités parlent quant à eux de plus de 200 membres des forces de sécurité tués par des « bandes armées ».
(Source : agences)
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