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Moyen Orient et Monde - Révolution

L’accès à Deraa refusé à la mission de l’ONU

La Syrie était toujours, hier, le triste théâtre d'arrestations massives par les forces de sécurité, alors que dans certains bastions de la contestation, les communications téléphoniques, l'électricité et parfois l'eau étaient coupées. Ajoutant à l'inquiétude générale, les autorités syriennes ont empêché une mission humanitaire d'évaluation de l'ONU d'entrer à Deraa, hier.

Sur cette vidéo postée sur la page Facebook de la révolution syrienne, une manifestation dont il est indiqué qu’elle aurait eu lieu à Damas dimanche soir.

Les forces de sécurité syriennes ont de nouveau arrêté hier des dizaines de personnes engagées dans la contestation du régime du président Bachar el-Assad, a rapporté une organisation de défense des droits de l'homme. « D'un bout à l'autre du pays, cela continue. Le nombre de détenus, qui se comptent d'ores et déjà en milliers, gonfle », a déclaré un porte-parole de l'Observatoire syrien des droits de l'homme.
À Banias, qui compte 50 000 habitants, « les perquisitions dans les maisons se sont poursuivies dans la nuit et lundi », selon Rami Abdel Rahmane, président de l'organisation, basée à Londres. « Des milliers d'hommes ont été conduits par les forces armées et de sécurité dans le stade municipal pour interrogatoire. Ils y ont été frappés alors que plus de 400 personnes sont toujours détenues par les autorités sécuritaires », a-t-il affirmé. Des centaines de femmes sont descendues dans les rues de cette ville côtière pour réclamer leur libération. Bravant les agents de sécurité et l'armée, elles ont foncé sur des points de contrôle dressés dans les quartiers sud de la ville.
Des chars s'étaient déployés dimanche sur la corniche de Banias et dans les quartiers sud et s'y trouvaient toujours hier. « L'eau, l'électricité et les communications téléphoniques y sont toujours coupées », a indiqué M. Abdel Rahmane. Les chefs de file de la contestation avaient été arrêtés dimanche soir par les forces de sécurité. Les propriétaires des magasins d'informatique vendant du matériel de connexion à Internet ont été également arrêtés à Banias « isolée du monde extérieur », selon lui. Al-Watan, un journal proche du pouvoir, a affirmé pour sa part que « le calme était revenu à Banias, alors que les divisions de l'armée contrôlaient (la ville) après des batailles féroces livrées contre des éléments armés ».
À Homs, un habitant a indiqué avoir entendu des tirs au cours de la nuit, mais ajoute qu'un certain calme est revenu dans la journée hier. L'Observatoire syrien des droits de l'homme a fait état de plusieurs arrestations dans cette ville d'un million d'habitants. L'agence officielle de presse syrienne SANA a affirmé de son côté qu'une « bande armée » avait pris en embuscade un autocar près de Homs et tué dix ouvriers qui rentraient du Liban.
La page « Syrian Network News » (SNN) a indiqué que des dizaines de personnes dont des médecins, avocats et intellectuels ont également été arrêtées à Hama. Selon la page Facebook « The Syrian Revolution 2011 », les villes de Houran, Nimr, Hara, Jassem et Enkhel sont quant à elles encerclées par une soixantaine de chars de l'armée. Mouadamiya, une localité à l'ouest de Damas, est aussi « encerclée par les forces armées et de sécurité ». Des tirs nourris y ont été entendus hier matin, alors que les communications téléphoniques ont été coupées, a affirmé un militant. Selon un témoin, « la route menant de la localité vers la capitale était coupée ».
À Damas même, quelque 200 personnes ont manifesté hier dans le centre pour demander la levée du siège des villes syriennes, avant d'être dispersées par les forces de sécurité, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Plusieurs manifestants ont été arrêtés par les forces de l'ordre, dont l'écrivain et journaliste Ammar Daioub et le médecin Jalal Nofal, a indiqué l'ONG dans un communiqué.
L'armée était entrée dimanche également à Tafas, dans la province de Deraa où est née la contestation le 15 mars. Des perquisitions y ont été effectuées et des tirs nourris ont été entendus hier. Selon SNN, les snipers sont installés sur les minarets des mosquées et les toits des immeubles alors que l'armée avait indiqué s'être retirée de la province. Toujours selon SNN, les lignes cellulaires ont été rétablies à Deraa, mais uniquement pour émettre des appels. Pour l'opposition, c'est une nouvelle stratégie du régime pour arrêter les personnes qui tenteraient de faire passer des informations à l'extérieur.
Par ailleurs, une mission humanitaire d'évaluation de l'ONU a été empêchée de se rendre à Deraa, a indiqué un porte-parole des Nations unies. « Nous essayons d'avoir un accès à d'autres endroits en Syrie », a souligné le porte-parole adjoint Farhan Haq. Cette interdiction a eu lieu alors que la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge avaient pu effectuer jeudi dernier une première distribution d'aide humanitaire à Deraa.
En dépit de cette répression sanglante, la page « Syrian Revolution 2011 » a prévenu sur Facebook que « les manifestations se poursuivront tous les jours », et appelé à un « mardi de solidarité avec les détenus de conscience dans les prisons du régime syrien criminel ».
M. Assad a de son côté affirmé, selon al-Watan, que « la crise va s'arrêter et les réformes administratives, politiques et des médias vont avancer ». Les autorités avaient promis des réformes démocratiques, notamment l'abolition de l'état d'urgence, une loi sur le pluralisme et la libéralisation des médias, mais elles ont poursuivi la répression sanglante des manifestations. Damas accuse des fauteurs de troubles d'être instrumentalisés par l'étranger pour semer le chaos.
M. Abdel Rahmane a dénoncé le choix des autorités : « La solution sécuritaire et militaire s'avérera inutile en Syrie. Les choses ne seront résolues que par l'avènement d'une société démocratique », a-t-il estimé. La France a jugé quant à elle « inacceptables » les arrestations « de personnalités modérées et pacifiques » et condamné « avec force » la poursuite de la répression. Pour dénoncer la répression militaire, « le Conseil européen a adopté une décision imposant un embargo sur les exportations vers la Syrie d'armes et de matériel pouvant être utilisés pour la répression contre la population », a annoncé l'UE dans un communiqué. Des interdictions de visas d'entrée dans l'UE et le gel d'avoirs visent en outre treize responsables et proches du régime syrien identifiés « comme étant responsables de la répression », a précisé l'Union européenne. Ces mesures entreront en vigueur dès aujourd'hui.
Depuis le début du mouvement de contestation, entre 600 et 700 personnes ont été tuées, et au moins 8 000 personnes ont été interpellées en Syrie, selon des ONG.
(Source : agences et rédaction)
Les forces de sécurité syriennes ont de nouveau arrêté hier des dizaines de personnes engagées dans la contestation du régime du président Bachar el-Assad, a rapporté une organisation de défense des droits de l'homme. « D'un bout à l'autre du pays, cela continue. Le nombre de détenus, qui se comptent d'ores et déjà en milliers, gonfle », a déclaré un porte-parole de...

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