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Moyen Orient et Monde - Contestation

L’Occident passe en mode sanctions

• Le « vendredi de la colère » réprimé dans le sang : des dizaines de morts


• Pour la première fois, les Frères musulmans appellent à manifester

Cette image tirée d’une vidéo de YouTube montre des contestataires arrachant, à Hama, les portraits de Bachar el-Assad et de son père. YouTube/AFP

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont de nouveau manifesté hier à travers le pays contre le régime syrien, bravant l'interdiction imposée par les autorités.
Deux appels avaient été lancés à manifester en ce « vendredi de la colère ». Celui, devenu traditionnel, des « jeunes de la révolution syrienne » sur Facebook. Le second, et il s'agissait là d'une première, des Frères musulmans, mouvement interdit dont la direction vit en exil. « Ne laissez pas le régime harceler vos compatriotes. Lancez d'une seule voix un appel à la liberté et à la dignité. Ne laissez pas le tyran vous asservir. Dieu est grand », ont-ils dit dans une déclaration transmise à Reuters.
Les autorités syriennes ont imputé cette vague de contestation sans précédent aux mouvements islamistes. Les Frères musulmans accusent quant à eux le pouvoir de courir à la guerre civile et de chercher à faire taire les appels à l'ouverture de la communauté internationale. Pour Abou Mouhammad al-Makdissi, islamiste jordanien et mentor d'Abou Moussab al-Zarkaoui, ex-chef d'el-Qaëda en Irak, les musulmans ont le devoir de manifester. Mettre fin à la dynastie alaouite des Assad, qui règne sur une Syrie majoritairement sunnite, hâtera l'instauration de la loi islamique, a-t-il estimé.
Les appels à manifester, qu'ils émanent des uns ou des autres, ont été entendus. 2 000 manifestants se sont rassemblés à Midane, un quartier de Damas, ont déclaré des militants. À Saqba, près de la capitale, un témoin a affirmé que plusieurs milliers d'habitants étaient descendus dans les rues pour appeler à la chute du régime. Selon Wissam Tarif, directeur du mouvement Insan pour les droits de l'homme, des tireurs d'élite étaient visibles dans plusieurs faubourgs de Damas. Leur présence a, selon lui, été signalée à Harasta, Déraya et Douma, où les forces de l'ordre ont ouvert le feu à plusieurs reprises sur des manifestants qui ont tenté de marcher vers le centre de la capitale ces deux dernières semaines.
À Banias, ville également assiégée par les forces de sécurité, près de 10 000 personnes ont manifesté, selon des militants des droits de l'homme. Des habitants de la ville, mais également des personnes venues de villages voisins, ont appelé à « la chute du régime » et scandé « Liberté, solidarité avec Deraa », foyer de la contestation assiégé depuis lundi par l'armée. Dans la région à majorité kurde du nord de la Syrie, 15 000 personnes ont manifesté, notamment par solidarité avec Deraa, sans incident.
Il en a été autrement pour les milliers d'habitants de villages voisins de Deraa qui ont tenté de pénétrer dans cette ville pour y manifester. Ils ont été visés par les tirs des forces de sécurité, selon les témoins. Les derniers bilans fournis par les militants des droits de l'homme faisaient état, hier soir, d'au moins 35 tués à Deraa. Al-Jazira indiquait néanmoins que des témoins avaient vu une centaine de corps dans les rues de la ville. Un porte-parole militaire a, par ailleurs, indiqué à SANA sous le couvert de l'anonymat qu'un « groupe terroriste armé a attaqué (vendredi) à l'aube un poste militaire à Deraa » et que « quatre militaires ont été tués et deux autres enlevés ». Plus tôt dans la journée, un militant à Deraa, Abdallah Abazid, avait toutefois affirmé à l'AFP que quatre soldats « ont été tués en défendant les habitants ».
Un millier de protestataires ont également manifesté à Deir ez-Zor, à 460 km au nord-est de Damas, avant d'être dispersés, selon Nawaf al-Bachir, un militant des droits de l'homme, « à coups de bâtons et de câbles électriques ». À Homs, où des milliers de personnes criaient « à bas le régime », 9 personnes auraient été tuées par les forces de sécurité. Le groupe Facebook militant, FNN, a également rapporté que 5 protestataires auraient été tués à Lattaquié et que des dizaines de milliers de contestataires avaient pris le contrôle de Hama. Des manifestants auraient également été tués à Rastan, dans le centre du pays. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), le bilan de la répression des manifestations d'hier s'élève à au moins 62 morts parmi les civils. Selon le mouvement syrien de défense des droits de l'homme Souassiah, la répression a fait au moins 500 morts depuis le 18 mars en Syrie.
Par ailleurs, des centaines de Syriens ont tenté de fuir vers la Turquie, la Jordanie et le Liban.

Damas condamné par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU
Sur le front diplomatique, une source turque a indiqué hier à l'AFP que des émissaires turcs avaient évoqué jeudi à Damas avec le président syrien les réformes politiques et économiques préconisées par Ankara en Syrie.
Par ailleurs, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU (CDH) a voté hier à Genève une résolution américaine condamnant la répression des manifestations. Le texte a été adopté par 26 voix pour, neuf contre et sept abstentions. Cinq délégations, dont celles de la Jordanie, du Qatar et de Bahreïn, étaient absentes. Le Conseil a demandé la création d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur l'attitude des forces de l'ordre et opposer par ailleurs une fin de non-recevoir à la candidature de la Syrie, qui espérait intégrer l'instance le mois prochain.
Dans son discours d'ouverture, Kyung-wha Kang, adjointe du haut-commissaire aux Droits de l'homme de l'ONU, a accusé l'armée syrienne de faire tirer les chars dans des zones densément peuplées et d'assiéger des villes entières. « On rapporte que des tireurs embusqués ouvrent le feu sur des personnes tentant de venir en aide aux blessés ou d'évacuer les morts des lieux publics », a-t-elle notamment dit.
La Maison-Blanche a, de son côté, annoncé hier soir que Barack Obama a imposé des sanctions économiques contre plusieurs responsables du régime syrien. Ces sanctions, décidées en raison de « violations des droits de l'homme en Syrie », visent Maher el-Assad, responsable des forces de sécurité et frère du président, ainsi qu'Ali Mamlouk, chef des services de renseignements, et Atef Najib, présenté comme l'ancien chef du renseignement pour la province de Deraa. Sont également visés les services de renseignements syriens en tant qu'entité administrative, ainsi que la force « Qods », unité d'élite des gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime islamique iranien que M. Obama a accusée d'aider le gouvernement syrien à mener la répression. Ces sanctions, qui renforcent un arsenal déjà mis en place par les États-Unis au cours des années, gèlent les biens des personnes ou entités visées, qu'elles se trouvent aux États-Unis ou soient contrôlées par des ressortissants américains. Elles interdisent toute transaction entre les personnes sanctionnées et des Américains.
L'UE lance les préparatifs « en vue d'un embargo sur les armes et le matériel de répression » et va également préparer « urgemment des mesures additionnelles appropriées », a également indiqué un diplomate européen en marge d'une réunion à Bruxelles des ambassadeurs des 27 États européens.
(Source : agences)
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont de nouveau manifesté hier à travers le pays contre le régime syrien, bravant l'interdiction imposée par les autorités.Deux appels avaient été lancés à manifester en ce « vendredi de la colère ». Celui, devenu traditionnel, des « jeunes de la révolution syrienne » sur Facebook. Le second, et il s'agissait là d'une première, des...

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