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Moyen Orient et Monde - Contestation populaire

En Syrie, la répression tourne au massacre

• Plus de 70 tués, des dizaines de blessés
• Washington et Londres condamnent les violences

Sur cette photo tirée d’une vidéo et dont l’AFP a pu vérifier l’authenticité, un homme porte dans ses bras le corps d’un enfant de 10 ans tué par balle lors d’une manifestation hier à Ezreh dans la province de Deraa. YouTube/AFP

Plus de 70 personnes ont été tuées par balles hier en Syrie lors de la dispersion par les forces de l'ordre d'imposantes manifestations contre le régime, l'une des journées les plus sanglantes depuis le début du mouvement de contestation, selon des témoins et des militants. « Les forces de sécurité syriennes ont commis des massacres dans plusieurs villes et régions aujourd'hui en Syrie, faisant jusqu'à présent 72 morts et une centaine de blessés », a annoncé le Comité syrien de défense des droits de l'homme, basé à Londres, dans un communiqué.
C'est dans la localité d'Ezreh, dans la province de Deraa (au sud de Damas), que le bilan est le plus lourd : 15 morts, selon les témoins et militants. Une 16e personne a péri à Hirak, également dans la province de Deraa, épicentre de la contestation. Quinze autres ont été tuées à Homs, dans le centre du pays. Environ 30 personnes ont été tuées dans des localités de la banlieue proche de Damas (Barzeh, Harasta et Maadamiya), ont ajouté des militants et ONG des droits de l'homme. Six personnes ont été tuées à Douma, à 15 km au nord de Damas, où des milliers de personnes ont défilé, ont ajouté les mêmes sources. Deux autres personnes sont mortes à Hama, 210 km au nord de Damas, et deux à Lattaquié, 350 km au nord-ouest de Damas. Ces morts portent à au moins 303 personnes le bilan des personnes tuées en cinq semaines.
Selon la version officielle syrienne, les forces de l'ordre sont intervenues avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau seulement pour empêcher des heurts « entre certains manifestants et citoyens », et « pour protéger des biens privés ». L'agence officielle syrienne SANA a fait état de « huit morts et 20 blessés dont des membres des forces de sécurité dans une attaque de groupes criminels à Ezreh » et « de deux policiers tués et 11 blessés à Homs et à Damas par des bandes armées ».
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé à travers le pays, pour la journée du vendredi saint, malgré l'annonce par le régime de la levée de l'état d'urgence (instauré en 1963). Il s'agit de l'une des plus importantes mobilisations depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation sans précédent contre le régime du président Assad. L'opposition juge insuffisantes les mesures annoncées par M. Assad qui a aussi approuvé jeudi l'abolition des tribunaux d'exception. Amnesty International avait estimé que cette journée serait « un test de la sincérité du gouvernement concernant l'application des réformes ».
À Deraa, quelque 10 000 contestataires se sont rassemblés à la sortie des mosquées, appelant à la dissolution des services de renseignements. Certaines pancartes appelaient à l' « annulation de l'article 8 » de la Constitution, qui consacre l'hégémonie du parti Baas, selon un militant. Dans la matinée, des militants syriens qui coordonnent les manifestations contre le régime ont exigé, dans leur premier communiqué commun, l'abolition du monopole du Baas sur le pouvoir et la mise en place d'un système politique démocratique. À Qamishli (Nord-Est), au moins 5 000 manifestants arabes, kurdes et chrétiens ont défilé pour protester contre la corruption, alors qu'à Banias (Nord-Ouest), quelque 10 000 personnes ont appelé à la chute du régime à la vue « de traces de torture » sur le corps de détenus libérés, selon des témoins. À Zabadani, à 50 km au nord-ouest de Damas, environ 3 000 manifestants ont scandé : « Le peuple veut la chute du régime », « Dégage », « Ni le Hezbollah ni l'Iran, c'est nous qui allons libérer le Golan » occupé par Israël, selon des témoins. Près de 200 personnes ont même manifesté dans le centre de Damas aux cris « Liberté, liberté », « Le peuple syrien est un », avant d'être dispersées, a précisé un militant.
Sur le plan international, la Maison-Blanche a appelé hier à la fin des violences en Syrie, se déclarant très inquiète de la situation dans le pays. À Londres, le secrétaire au Foreign Office William Hague a qualifié d' « inacceptable » le fait que des manifestants aient été tués par balles en Syrie et a demandé que la levée de l'état d'urgence soit vraiment appliquée.
(Source : agences)

Plus de 70 personnes ont été tuées par balles hier en Syrie lors de la dispersion par les forces de l'ordre d'imposantes manifestations contre le régime, l'une des journées les plus sanglantes depuis le début du mouvement de contestation, selon des témoins et des militants. « Les forces de sécurité syriennes ont commis des massacres dans plusieurs villes et régions aujourd'hui en...

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