En ce jour de prières, des manifestations ont aussi eu lieu aux quatre coins du pays. Mercredi, la deuxième ville du pays, Alep, avait été gagnée par le mouvement. Des manifestations y avaient éclaté sur le campus de la plus grande université de Syrie. Les protestataires, qui s'inspirent des révolutions tunisienne et égyptienne, continuaient hier de défier le régime, en dépit de l'usage de la force et d'arrestations de masse.
À Deraa, première ville à avoir connu des troubles dirigés contre le régime, un militant a indiqué que « les manifestations sont parties de toutes les mosquées de la ville » et ont réuni environ 10 000 personnes. « Plutôt la mort que l'humiliation », scandaient les protestataires. Selon un autre militant, les forces de sécurité n'étaient pas intervenues en milieu de journée.
À Qamishli, dans le nord-est du pays à majorité kurde, près de 5 000 personnes ont défilé après la prière à partir de la mosquée Qasmo, scandant des slogans de solidarité avec les personnes tuées pendant la répression de récentes manifestations à Deraa et Banias (Nord-Ouest), a affirmé Hassan Berro, également militant. « Le peuple syrien ne se laissera pas humilier », criaient-elles, brandissant des drapeaux syriens. Dans trois autres localités kurdes, Ras al-Aïn, Amouda et Derbassiyé, près de Qamishli, on a compté quelque 4 500 manifestants, selon M. Berro.
Selon des militants et des témoins, des centaines de personnes ont réussi à défiler à Banias aux cris de : « Le peuple veut la liberté. »
À Homs (centre), ils étaient 4 000, selon le militant politique Najati Tayara. Les forces de sécurité sont intervenues au bout d'une heure pour les disperser à coups de matraque. À Lattaquié, un millier de personnes se sont en outre rassemblées dans le centre de la ville. À Jobar (nord de Damas), les forces de l'ordre ont dispersé quelque 2 000 manifestants en tirant des gaz lacrymogènes.
L'agence officielle SANA a fait état pour sa part de « rassemblements limités et dans le calme » qui se sont déroulés à travers la Syrie et au cours desquels des slogans ont été scandés « en faveur de la Syrie, de la liberté et en hommage aux martyrs, sans que les forces de sécurité n'interviennent ».
Ces nouvelles manifestations, auxquelles avaient appelé les contestataires sur Facebook, interviennent au lendemain de la formation d'un nouveau gouvernement.
À Genève, plusieurs experts des droits de l'homme de l'ONU ont appelé Damas à « stopper immédiatement » la « répression brutale », s'inquiétant d'une augmentation importante du nombre des victimes.
Enfin, une centaine d'intellectuels, de journalistes et d'artistes arabes ont signé une pétition dénonçant « la barbarie du régime syrien qui réprime les manifestations pacifiques en Syrie ». Les signataires ont annoncé qu'ils soutiennent le peuple syrien dans sa quête de liberté et de démocratie.
(Source : agences)