À Damas, une cinquantaine d'étudiants ont de nouveau manifesté à la faculté de droit, scandant des slogans pour la liberté, selon le président de la Ligue syrienne de défense des droits de l'homme, Abdel-Karim Rihaoui. « Les forces de l'ordre sont intervenues rapidement pour les disperser en les frappant avec des bâtons. Il y aurait des arrestations parmi les étudiants », a-t-il affirmé. Les forces de l'ordre auraient également perquisitionné les foyers de l'université, confisquant des téléphones et des ordinateurs portables, a rapporté un militant.
Dans le nord-ouest de la Syrie, « entre 150 et 200 personnes » ont par ailleurs été arrêtées mardi à Baïda et des dizaines d'autres dans la ville voisine de Banias, toujours encerclée par l'armée, a affirmé hier Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme. « Plus de 5 000 femmes sont rassemblées aujourd'hui (mercredi) sur la route (côtière) Tartous-Banias pour demander leur libération », a-t-il ajouté.
Un militant des droits de l'homme avait fait état mardi de perquisitions à Baïda et de « plusieurs » arrestations dans l'objectif d'arrêter Anas ach-Chouhri, l'un des chefs de file du mouvement de contestation.
Selon Rami Abdel Rahmane, « une délégation de dirigeants syriens doit se rendre à Banias pour écouter les demandes de ses habitants », lesquels manqueraient désormais de produits alimentaires. Les forces de l'ordre encerclent Banias depuis dimanche après des affrontements meurtriers ce week-end dans cette ville située à 280 km au nord-ouest de Damas.
L'agence officielle SANA a affirmé hier que plusieurs personnes, dont un soldat, trois rebelles et un nombre indéterminé de « civils innocents », y avaient été tuées mardi à la suite d'une attaque d'une « bande armée » et qu'un certain nombre de « saboteurs » avaient été arrêtés.
Les manifestations ont débuté le 15 mars en Syrie et ont été durement réprimées par les forces de l'ordre, qui ont tué plus d'une centaine de personnes, selon des militants des droits de l'homme.
Les autorités ont par ailleurs nié hier des affirmations de l'organisation Human Rights Watch (HRW) selon lesquelles elles avaient empêché des manifestants blessés d'avoir accès à des soins médicaux. « Ce sont les hommes armés qui ont empêché le 8 avril à Deraa les ambulances de transporter quelque 34 policiers blessés dans cette ville » située à 100 km au sud de Damas et d'où est parti le mouvement de contestation contre le pouvoir, a affirmé le ministère de l'Intérieur.
Parallèlement, les médias officiels ont diffusé les aveux de trois membres présumés d'un « réseau terroriste » qui affirment avoir reçu des armes de l'étranger afin d'inciter à des manifestations et au renversement du régime.
« Nous avons reçu des instructions pour inciter des gens à manifester, surtout devant la mosquée des Omeyyades (de Damas) », a déclaré à la télévision nationale un homme présenté sous le nom d'Anas Kanj. « Ensuite, on nous a ordonné de nous armer pour mener des opérations de soutien à nos frères à Deraa et dans toutes les provinces de Syrie comme Lattaquié et Banias. » « Nous avons engagé quelqu'un pour filmer les morts et les blessés sur une vidéo et de l'envoyer directement au site Internet de la révolution », a dit un autre homme, présenté sous le nom de Mohammad al-Kalam, en faisant apparemment allusion à la page Facebook « Syria Revolution ».
(Source : agences)
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