Selon des sources proches de responsables dans la région, la proposition des pays du Golfe implique que le chef de l'État yéménite démissionne et cède ses pouvoirs à un conseil national réunissant dirigeants politiques et chefs tribaux. Dans un communiqué publié le 2 avril, l'opposition parlementaire, qui regroupe notamment le parti islamiste al-Islah et le Parti socialiste yéménite (PSY), avait également proposé la formation d'un Conseil national de transition, le début d'un large dialogue national et la création d'un comité d'experts pour proposer des réformes constitutionnelles.
Mais le mouvement de contestation, lancé fin janvier et accentué après la mort à Sanaa le 18 mars de 52 manifestants par des tirs attribués aux partisans du président, pose la chute du régime comme un préalable à toute négociation. « Tous les jeunes s'opposent à des pourparlers avant la chute du régime corrompu dirigé par Saleh », a déclaré Walid al-Amary, membre du comité d'information du mouvement des jeunes contestataires à Sanaa. Dans la capitale la tension était très vive : les unités de l'armée qui ont rejoint les protestataires campaient près de l'université, et la Garde républicaine, restée fidèle au régime, était en état d'alerte maximum. Des rues ont été fermées à la circulation et les barrages de contrôle ont été multipliés dans la capitale, quasiment coupée en deux par les forces rivales à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation que le pouvoir a baptisée « Journée de l'entente ».
À Taëz, deuxième ville du pays à 200 km plus au sud de Sanaa, des milliers de manifestants ont poursuivi hier leurs sit-in de contestation, sans incident majeur, selon des participants. À Amran, à 50 km au nord de Sanaa, 2 000 femmes ont également manifesté pour réclamer que les médiateurs du Golfe n'accordent aucune garantie au président Saleh et son régime, selon des participantes.
Malgré le refus de l'opposition, l'initiative des pays du Golfe apparaît comme une tentative de la dernière chance pour éviter une guerre civile, avertissent des experts dans la région. « Tous les ingrédients sont réunis pour une guerre civile », assure Ibrahim Sharqieh, de l'institut Brookings basé à Doha. Pour lui, le risque majeur vient du nombre et du caractère imprévisible des acteurs de la crise qui dure depuis la mi-janvier. « Vous avez de nombreux protagonistes au Yémen et chacun prend des décisions différentes », souligne M. Sharqieh, en citant le président, les dissidents de l'armée, le mouvement des jeunes, la coalition de l'opposition parlementaire et el-Qaëda.
Comme le redoutent les États-Unis et l'Arabie saoudite, le chaos ferait le jeu d'el-Qaëda dans la Péninsule arabique (AQPA), présentée par Washington comme la principale menace pour la sécurité américaine.
(Source : agences)
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