Principal port de Syrie, situé à 350 km au nord-ouest de Damas, Lattaquié a été touchée par des troubles ces deux dernières semaines alors que le pays connaît des manifestations sans précédent en faveur des libertés.
Parallèlement, les autorités syriennes ont nommé hier Mohammad Khaled al-Hanousse comme nouveau gouverneur à Deraa (Sud), épicentre de la contestation. Son prédécesseur Fayçal Kalthoum, honni par la population, avait été limogé le 23 mars et sa résidence brûlée, au plus fort des manifestations qui s'étaient soldées par une centaine de morts. Dans cette région agricole, les habitants reprochaient à l'ancien gouverneur de différer l'acquisition des titres de propriété et d'empêcher de forer des puits pour l'irrigation.
« Ce n'est pas un changement de gouverneur que désirent les habitants de Deraa mais que les services de sécurité cessent d'opprimer, que la loi d'urgence soit abolie, que les droits de propriété soient respectés, que les détenus soient libérés et que la liberté d'expression soit assurée », a affirmé un militant des droits de l'homme.
Entre-temps, le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, a affirmé hier que la commission d'enquête chargée « des évènements » de Deraa et de Lattaquié « finira bientôt ses travaux ». Selon le journal, la commission, mise en place la semaine dernière par le président Assad, pour étudier l'abrogation de la loi d'urgence, aura terminé d'ici à vendredi d'élaborer une nouvelle loi pour remplacer la législation en place depuis décembre 1962. La suppression de cette loi est une des revendications majeures depuis près de trois semaines des manifestants en faveur de la démocratie.
Selon al-Watan, « les conclusions (de la commission d'enquête) seront discutées publiquement et la commission écoutera tous les avis avant que le gouvernement adopte le projet de loi ». L'actuelle loi d'urgence réduit sensiblement les libertés publiques.
Mais ces mesures ne satisfont pas les contestataires. Ceux-ci ont appelé à une « semaine des martyrs » avec une journée de protestation aujourd'hui, au « boycottage » mercredi des téléphones portables qui ont offert une heure gratuite à la population et à des rassemblements jeudi devant les sièges du parti Baas à l'occasion de l'anniversaire de sa fondation en 1947. Ils demandent aussi à leurs partisans de défiler vendredi dans toute la Syrie pour montrer « le mécontentement du peuple ».
Dans une entrevue accordée à la radio espagnole Cadena Ser, Ribal el-Assad, un cousin exilé du président syrien, a mis en garde hier contre les risques de guerre civile en Syrie si Damas ne conduit pas les réformes démocratiques réclamées par les opposants. En Syrie, « il y a beacoup de minorités. Tout le monde a des armes et tout le monde va vouloir défendre sa propre communauté. Cela ressemble à ce qui s'est passé en Irak », a expliqué le fils de Rifaat el-Assad, issu comme lui de la minorité alaouite.
Dimanche, le département d'État américain a annoncé que des billets d'avion gratuits ont été proposés aux proches des fonctionnaires américains travaillant en Syrie. Les ressortissants américains sur place ont en outre été invités à évaluer la situation avec soin et à envisager leur départ.
(Source : agences)
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