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Moyen Orient et Monde - Syrie

Pour Assad, tout n’est que complot

Confronté à une contestation inédite, le président Bachar el-Assad s'est montré hier très offensif devant le Parlement. La Syrie fait face à une « conspiration », a-t-il déclaré. Il n'a en revanche aucunement annoncé la levée de l'état d'urgence. Après son discours, des centaines de manifestants ont affronté les forces de sécurité dans les rues de Lattaquié pour réclamer la « liberté ». Des témoins ont rapporté en soirée qu'une dizaine de protestataires ont été blessés.

Lors de sa première intervention publique depuis le début de la contestation en Syrie le 15 mars, le président Bachar el-Assad est resté muet sur la levée de l'état d'urgence. « Nous sommes totalement favorables à des réformes (...) Mais nous ne sommes pas favorables à des dissensions », a-t-il affirmé lors de ce discours devant le Parlement, retransmis à la télévision, avant d'indiquer que la lutte contre la corruption et le chômage était une « priorité » du prochain gouvernement - le cabinet dirigé depuis 2003 par Mohammad Naji Otri avait démissionné mardi. Il n'a annoncé aucune des mesures de libéralisation du régime dont l'imminence avait été annoncée par ses proches.
Sa principale conseillère Bouthaïna Chaabane avait notamment indiqué dimanche que la décision d'abroger l'état d'urgence avait été prise. En vigueur depuis la prise de pouvoir par le parti Baas en 1963, l'état d'urgence réduit sensiblement les libertés publiques. Il impose des restrictions sur la liberté de réunion et de déplacement, et permet l'arrestation de « suspects ou de personnes menaçant la sécurité ». Il autorise aussi la surveillance des communications et le contrôle préalable des médias.
M. Assad a par ailleurs rejeté la responsabilité des troubles en Syrie sur des éléments étrangers. « Cette conspiration est différente sur la forme et sur le moment choisi de ce qui se passe ailleurs dans le monde arabe », a-t-il déclaré. « La Syrie n'est pas isolée de la région (...) mais nous ne sommes pas une copie des autres pays », a-t-il ajouté.
Pour les contestataires, ce discours a été une douche froide. « Les manifestations vont continuer. Nous avons demandé des changements, notre liberté, la démocratie. Rien n'a changé et maintenant nous n'avons d'autre choix que de descendre dans la rue », a déclaré Haïtham Maleh, un avocat militant de la cause des droits civiques, emprisonné en octobre 2009 et libéré la semaine dernière. Nadim Houry, un chercheur à Human Rights Watch, a qualifié de son côté le discours de « terriblement décevant ». « Assad s'est contenté de répéter les mêmes vagues promesses qu'il ressasse depuis des années. Ce qu'il faut, ce sont des mesures concrètes, comme l'abolition de l'état d'urgence, le démantèlement des tribunaux d'exception et la liberté d'expression », a-t-il ajouté.
Pour les États-Unis, le discours de M. Assad « n'a pas été à la hauteur des réformes » que les Syriens « exigent », a commenté le porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner. « Il est clair qu'il n'y avait guère de substance », a poursuivi M. Toner. Paris regrette de son côté un « discours très général ». « Il faut aujourd'hui des propositions concrètes pour répondre aux aspirations de ce peuple », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, à la chaîne de télévision France 3.
Pour Amnesty International, M. Assad « a raté une réelle opportunité de lever l'état d'urgence ». « En rejetant la faute des violences sur une conspiration étrangère, il rembarre de nombreux Syriens qui réclament des réformes », indique l'ONG.
Des dizaines de personnes ont été tuées et des dizaines d'autres arrêtées dans le pays depuis le 15 mars, selon des militants des droits de l'homme. Après des violences ce week-end, le principal port du pays, Lattaquié, était de nouveau hier le théâtre de troubles. Des coups de feu ont été entendus à Sleibé, un quartier sud, peu après le discours présidentiel, selon Issam Khoury, un journaliste. Un témoin a confié que les forces de l'ordre avaient ouvert le feu pour disperser des manifestants mécontents après le discours. Mais une télévision syrienne a parlé d'« éléments armés ».
(Source : AFP)
Lors de sa première intervention publique depuis le début de la contestation en Syrie le 15 mars, le président Bachar el-Assad est resté muet sur la levée de l'état d'urgence. « Nous sommes totalement favorables à des réformes (...) Mais nous ne sommes pas favorables à des dissensions », a-t-il affirmé lors de ce discours devant le Parlement, retransmis à la télévision, avant...

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