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Moyen Orient et Monde - Violences confessionnelles

L’interminable souffrance des coptes d’Égypte

Trois jours après l'incendie d'une église dans la banlieue sud du Caire, musulmans et coptes se sont affrontés dans le quartier déshérité de Moqattam, à forte population copte. Les heurts ont fait 13 morts. « Tous ont été tués par balles », a déclaré un prêtre copte, qui a mis en cause des « voyous » et des « salafistes ».

Plus d’un millier de chrétiens coptes ont manifesté hier pour protester contre l’incendie d’une église, samedi dernier, et les agressions dont ils sont l’objet. STR/AFP

Des affrontements entre chrétiens coptes et musulmans ont fait officiellement treize morts au Caire, relançant les tensions confessionnelles en Égypte au moment où le pays s'engage dans une difficile transition politique après la chute du président Hosni Moubarak. Ces heurts mardi soir dans le quartier déshérité à forte population copte de Moqattam (Est) ont également fait 110 blessés, a déclaré hier le ministère de la Santé, sans toutefois préciser la confession des morts et blessés.
La situation restait tendue dans ce quartier misérable d'éboueurs, en grande majorité chrétiens, où un prêtre a indiqué à l'AFP avoir dénombré dans le petit hôpital qui jouxte sa paroisse sept coptes tués et au moins 45 autres blessés. « Tous les morts ont été tués par balles, et les blessés ont aussi été touchés par des tirs », a déclaré le père Samaane Ibrahim. Le religieux a mis en cause des « voyous » et des « salafistes », des islamistes fondamentalistes. Selon lui, des cocktails Molotov ont été lancés contre des habitations, et les attaquants ont incendié des entrepôts et des ateliers de recyclage. Un autre prêtre, Boutros Rouchdi, a assuré avoir compté sept morts coptes, et un musulman tué alors qu'il tentait de défendre ses voisins chrétiens.
Les affrontements ont éclaté après que des habitants de Moqattam furent sortis manifester pour protester contre l'incendie d'une église samedi au sud de la capitale. Les services de sécurité ont fait état d'affrontements à coups de pierres entre chrétiens et musulmans, et des témoins ont indiqué que l'armée, présente sur les lieux, avait tiré en l'air pour disperser la foule. Les autorités avaient assuré que les forces armées « faisaient face avec succès aux émeutes » à Moqattam et dans des quartiers voisins.
Mais des habitants chrétiens ne cachaient pas leur ressentiment à l'égard de l'armée, en charge du pays depuis le départ de M. Moubarak, contraint de quitter le pouvoir le 11 février après une vague de manifestations contre son régime. « Nous nous attendions à ce que l'armée nous défende. Mais maintenant nous savons qu'elle est contre nous, comme la police », affirme un menuisier du quartier, Saleh Ibrahim.
Des milliers de coptes ont également manifesté ces derniers jours devant le bâtiment de la radiotélévision, dans le centre du Caire, pour protester contre des violences contre leur communauté samedi au cours desquelles l'église al-Chahidaine dans le gouvernorat de Helwan, au sud du Caire, a été en grande partie détruite par un incendie. Les autorités ont promis de faire reconstruire l'église pour tenter de faire baisser la tension.
Les Frères musulmans, le plus important mouvement d'opposition en Égypte, ont accusé les anciens partisans de M. Moubarak d'attiser la violence. Ils ont appelé les Égyptiens « à s'épauler pour soutenir les forces armées et le gouvernement afin qu'ils puissent tenir les engagements de la révolution ».
Sur un autre plan, des Égyptiens armés de couteaux et de bâtons ont attaqué hier des centaines de manifestants prodémocratie rassemblés place Tahrir au Caire, selon des témoins et la télévision d'État. « Des voyous pro-Moubarak nous ont attaqués et ont essayé d'entrer sur la place Tahrir, mais nous avons pu les repousser, à coups de bâtons et de jets de pierres », a indiqué à l'AFP un jeune manifestant, Mouez Mohammad. « Nous craignons qu'ils ne reviennent », a-t-il ajouté. La place Tahrir était l'épicentre de la contestation qui a chassé du pouvoir le président Hosni Moubarak en février. La télévision égyptienne a rapporté de son côté que « des centaines d'hommes munis de couteaux (...) sont entrés sur la place Tahrir », montrant des images de jets de pierres et des centaines de manifestants chassés de la place. Hormis deux tanks de l'armée protégeant le musée national, qui jouxte la place Tahrir, les forces de sécurité n'étaient pas très visibles.
Les heurts ont éclaté alors que le nouveau gouvernement rencontrait le Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis le départ de M. Moubarak, pour lui proposer une loi criminalisant les incitations à la haine, qui pourrait les rendre passibles de la peine de mort, a indiqué la chaîne. Le nouveau gouvernement égyptien a en outre mis en garde contre le risque de « contre-révolution », après les heurts au Caire attribués à des partisans de l'ancien régime de Hosni Moubarak.
(Source : AFP)
Des affrontements entre chrétiens coptes et musulmans ont fait officiellement treize morts au Caire, relançant les tensions confessionnelles en Égypte au moment où le pays s'engage dans une difficile transition politique après la chute du président Hosni Moubarak. Ces heurts mardi soir dans le quartier déshérité à forte population copte de Moqattam (Est) ont également fait 110...

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