La stratégie du pouvoir de traiter cet attentat avant tout comme une affaire sécuritaire, visant les Égyptiens quelle que soit leur confession, fait aussi l'objet de critiques de la part de la presse. « Il ne sera possible de contenir l'impact de cet acte criminel (...) qu'en y faisant face de manière franche et courageuse, en ne se mettant pas la tête dans le sable » face aux tensions interconfessionnelles, écrit al-Masri al-Yom. « Certains évoquent la probabilité de mains étrangères derrière ce crime. Nous croyons que si le tissu national était suffisamment solide, aucune partie étrangère n'aurait réussi à le transpercer et y mettre le feu », ajoute-t-il, estimant que la seule solution est un « dialogue social sérieux autour de ce dossier sensible ».
Les autorités religieuses mettaient également en garde contre une tentative de diviser le pays. Le patriarche copte orthodoxe Chenouda III a dénoncé un acte « terroriste » et « lâche » « visant à déstabiliser le pays ». Al-Azhar, la grande institution de l'islam sunnite basée au Caire, a estimé que l'attentat visait « l'unité nationale égyptienne » et appelé chrétiens et musulmans au calme. Le responsable sunnite a aussi annoncé la création d'un comité conjoint avec l'Église copte pour comprendre les raisons des tensions entre les deux communautés et tenter de les résoudre. Ce comité devrait tenir sa première réunion dans deux semaines. La confrérie islamiste des Frères musulmans, première force d'opposition en Égypte, a également évoqué des « complots » visant à diviser chrétiens et musulmans d'Égypte.
L'attentat contre l'église des Saints a été commis vers minuit et demi dans la nuit de vendredi à samedi alors que les fidèles commençaient à sortir d'une messe. Le ministère de l'Intérieur a écarté la thèse d'une voiture piégée, initialement privilégiée, pour assurer désormais que l'attentat a été « probablement » provoqué par un kamikaze porteur d'explosifs de fabrication locale, mais commandité par « des éléments extérieurs ». Le président Hosni Moubarak a lui-même mis en cause samedi des « mains étrangères » derrière ce massacre.
Bien que l'attaque n'ait pas été revendiquée, la piste d'el-Qaëda est évoquée à mots couverts par les autorités, qui rappellent qu'une organisation irakienne issue de cette mouvance a proféré il y a deux mois des menaces précises contre les chrétiens d'Égypte. Ce groupe irakien, qui avait revendiqué l'attentat du 31 octobre contre une cathédrale de Bagdad, accuse les chrétiens d'Égypte « d'emprisonner » deux femmes de prêtres coptes orthodoxes qui se seraient converties à l'islam.
En soirée, une source sécuritaire égyptienne a indiqué à Reuters que sept personnes sont détenues dans le cadre de l'enquête. Dix autres ont, en revanche, été remises en liberté. Selon une autre source, les interrogatoires se succèdent et « un certain nombre » de suspects ont été brièvement interpellés avant d'être, pour la plupart, remis en liberté après interrogatoire.
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