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Moyen Orient et Monde - Terrorisme

En Égypte, la peur des tensions confessionnelles

Après l'attentat meurtrier perpétré à Alexandrie, la nuit de la Saint-Sylvestre, devant l'église copte des Saints, l'émotion était toujours vive hier en Égypte où l'on redoute une exacerbation des tensions confessionnelles. Cet acte terroriste a été vivement stigmatisé au Liban.

Des chrétiennes égyptiennes touchent une représentation du Christ maculée de sang à l’intérieur de l’église des Saints à Alexandrie visée par un attentat dans la nuit de vendredi à samedi. Amr Abdallah Dalsh/Reuters

L'Égypte redoutait hier une aggravation des tensions confessionnelles après l'attentat qui a fait 21 morts devant l'église copte des Saints d'Alexandrie. Craignant que ce massacre commis dans la nuit du Nouvel An ne provoque des tensions de plus en plus graves, la presse égyptienne de tous bords exhortait chrétiens et musulmans à faire bloc. « Quelqu'un veut faire exploser ce pays (...). Nous devons nous rendre compte qu'il y a un complot » visant à provoquer « une guerre civile religieuse » en Égypte, affirme le quotidien progouvernemental Rose el-Youssef, en appelant les Égyptiens à « ne pas donner au terrorisme une arme supplémentaire », celle de la division. Pour le quotidien indépendant al-Chourouq, « personne ne peut blâmer les frères chrétiens s'ils ressentent colère et dégoût » après cet attentat. Mais ce qui serait « plus dangereux que ce massacre, c'est que les frères chrétiens s'engluent dans les sentiments de colère et de frustration et que leur isolement augmente. Là, les instigateurs du crime auraient réalisé leur vrai objectif », estime le quotidien. « Si le plan marche comme prévu, les opérations criminelles contre des objectifs et des lieux de culte coptes augmenteraient, les Coptes (...) se heurteraient à leurs voisins musulmans, et nous commencerions à nous noyer dans un marécage semblable à ce qui s'est passé au Liban en avril 1975 », craint-il, en référence à la guerre civile libanaise.
La stratégie du pouvoir de traiter cet attentat avant tout comme une affaire sécuritaire, visant les Égyptiens quelle que soit leur confession, fait aussi l'objet de critiques de la part de la presse. « Il ne sera possible de contenir l'impact de cet acte criminel (...) qu'en y faisant face de manière franche et courageuse, en ne se mettant pas la tête dans le sable » face aux tensions interconfessionnelles, écrit al-Masri al-Yom. « Certains évoquent la probabilité de mains étrangères derrière ce crime. Nous croyons que si le tissu national était suffisamment solide, aucune partie étrangère n'aurait réussi à le transpercer et y mettre le feu », ajoute-t-il, estimant que la seule solution est un « dialogue social sérieux autour de ce dossier sensible ».
Les autorités religieuses mettaient également en garde contre une tentative de diviser le pays. Le patriarche copte orthodoxe Chenouda III a dénoncé un acte « terroriste » et « lâche » « visant à déstabiliser le pays ». Al-Azhar, la grande institution de l'islam sunnite basée au Caire, a estimé que l'attentat visait « l'unité nationale égyptienne » et appelé chrétiens et musulmans au calme. Le responsable sunnite a aussi annoncé la création d'un comité conjoint avec l'Église copte pour comprendre les raisons des tensions entre les deux communautés et tenter de les résoudre. Ce comité devrait tenir sa première réunion dans deux semaines. La confrérie islamiste des Frères musulmans, première force d'opposition en Égypte, a également évoqué des « complots » visant à diviser chrétiens et musulmans d'Égypte.
L'attentat contre l'église des Saints a été commis vers minuit et demi dans la nuit de vendredi à samedi alors que les fidèles commençaient à sortir d'une messe. Le ministère de l'Intérieur a écarté la thèse d'une voiture piégée, initialement privilégiée, pour assurer désormais que l'attentat a été « probablement » provoqué par un kamikaze porteur d'explosifs de fabrication locale, mais commandité par « des éléments extérieurs ». Le président Hosni Moubarak a lui-même mis en cause samedi des « mains étrangères » derrière ce massacre.
Bien que l'attaque n'ait pas été revendiquée, la piste d'el-Qaëda est évoquée à mots couverts par les autorités, qui rappellent qu'une organisation irakienne issue de cette mouvance a proféré il y a deux mois des menaces précises contre les chrétiens d'Égypte. Ce groupe irakien, qui avait revendiqué l'attentat du 31 octobre contre une cathédrale de Bagdad, accuse les chrétiens d'Égypte « d'emprisonner » deux femmes de prêtres coptes orthodoxes qui se seraient converties à l'islam.
En soirée, une source sécuritaire égyptienne a indiqué à Reuters que sept personnes sont détenues dans le cadre de l'enquête. Dix autres ont, en revanche, été remises en liberté. Selon une autre source, les interrogatoires se succèdent et « un certain nombre » de suspects ont été brièvement interpellés avant d'être, pour la plupart, remis en liberté après interrogatoire.
L'Égypte redoutait hier une aggravation des tensions confessionnelles après l'attentat qui a fait 21 morts devant l'église copte des Saints d'Alexandrie. Craignant que ce massacre commis dans la nuit du Nouvel An ne provoque des tensions de plus en plus graves, la presse égyptienne de tous bords exhortait chrétiens et musulmans à faire bloc. « Quelqu'un veut faire exploser ce pays (...)....

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