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Moyen Orient et Monde

Sortir du labyrinthe au Moyen-Orient

* Joschka Fischer, ancien ministre allemand des Affaires étrangères et vice-chancelier de 1998 à 2005, fut un dirigeant du parti allemand des Verts pendant près de 20 ans.

Deux années ont passé depuis l'élection à la présidence américaine de Barack Obama. Tout à son crédit - et contrairement à son prédécesseur -, Obama a œuvré dès son premier jour en poste pour une résolution du conflit entre les Israéliens et les Palestiniens. Après deux ans, la nouvelle politique de Barack Obama n'a-t-elle autre chose de mieux à proposer que de bonnes intentions ? Car rien de bien extraordinaire n'en a résulté. Pire encore, compte tenu du fait que les efforts d'Obama pour imposer un moratoire sur les nouvelles colonisations en Cisjordanie ont échoué, les négociations directes entre les acteurs du conflit ont échoué. Les bonnes intentions ne valent pas grand-chose dans la vie - et encore moins en politique. Ce qui compte avant tout, ce sont les résultats.
Le président George W. Bush estimait qu'il n'avait besoin de tenir compte que d'une part du double rôle de l'Amérique au Moyen-Orient, c'est-à-dire l'alliance avec Israël. Au cours de ses huit années à la présidence, il n'a pas eu de temps pour le second aspect du rôle américain, celui de médiateur essentiel de la paix entre Israéliens et Palestiniens. Toutes ses initiatives n'ont été destinées qu'à calmer l'opinion publique mondiale. Nous savons tous où cela a mené.
Dès ses débuts, Obama voulait faire les choses de manière différente en poursuivant une politique active au Moyen-Orient. Mais les résultats sont jusqu'à présent assez similaires à ceux de l'ère Bush. Dans les deux cas, l'immobilisme a triomphé du progrès.
Compte tenu de cela et d'une intransigeance de part et d'autre, beaucoup se retireraient et tenteraient d'oublier le conflit pour de bon. Mais ce n'est pas si simple, car un maintien du conflit (ce que signifierait « oublier le conflit pour de bon ») ne prolongerait pas seulement ce qui constitue une tragédie à la fois pour les Palestiniens et les Israéliens, mais serait aussi trop dangereux pour la région. Et surtout, ce qui ne présage rien de bon, la fenêtre d'opportunité pour une solution à deux États pourrait se refermer pour de bon parce que les réalités du terrain ne le permettraient plus.
Pour les Israéliens, cela impliquerait une occupation permanente de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie ; donc de devoir faire avec une majorité arabe, ce qui fragiliserait les fondations de leur État - démocratie et autorité de la loi - et par conséquent, sa légitimité. Un tel développement constitue la plus grande menace pour Israël à moyen terme, ce qui rend la solution à deux États vitale pour ses propres intérêts. Bien sûr, du point de vue des dirigeants israéliens, le statu quo, avec son absence de terreur et de frappes de missiles, est tout sauf négatif. Mais cela ne durera pas. En outre, la situation stratégique du pays se détériore progressivement compte tenu de la redistribution globale du pouvoir et de l'influence de l'Ouest vers l'Est qui ne peut qu'affaiblir la position d'Israël.
Pour les Palestiniens, la situation est oppressive, et pour Gaza, un incontestable désastre humanitaire. Ils sont divisés entre le Fateh et le Hamas au plan interne, sous occupation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, isolés du reste du monde à Gaza, désespérés dans les camps de réfugiés de la région et rabroués par leurs voisins arabes. Compte tenu d'un tel contexte, la perte de la perspective de deux États n'augurerait que misère plus profonde encore et indignités supplémentaires.
Mais si les Israéliens et les Palestiniens partagent le même intérêt vital pour la solution à deux États, ils ont des intérêts très différents et parlent donc de choses très différentes lorsqu'ils évoquent un même sujet. La sécurité est la principale priorité pour Israël ; pour les Palestiniens, ce qui importe le plus est la fin de l'occupation israélienne. Israël ne peut se permettre un second Gaza en Cisjordanie et à Jérusalem-Est ; un État avec une présence militaire israélienne permanente ne vaudrait rien pour les Palestiniens.
La principale erreur d'Obama a peut-être été de donner une signification primordiale à une question mineure - mettre un terme à de nouvelles colonisations. Un gel indéfini des constructions entraînerait la fin immédiate de la coalition gouvernementale du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem, sans donner à Israël ou à Netanyahu quoi que ce soit de tangible en retour. Il aurait dû être clair que Netanyahu n'aurait pas prolongé le gel. La question cruciale que les États-Unis doivent poser à la fois à Netanyahu et au président palestinien Mahmoud Abbas est de savoir s'ils donneraient leur accord - ici et maintenant - pour une sérieuse négociation au sujet du statut final. Si c'est le cas, une porte de sortie de ce qui semble être un conflit insoluble entre la sécurité israélienne et un État palestinien serait alors ouverte.
La formule pourrait être la suivante : un accord détaillé sur le statut final aujourd'hui (prenant en compte toutes les questions ouvertes, y compris Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine) ; la mise en œuvre de l'accord par étapes prédéfinies sur un laps de temps plus long ; et la surveillance du processus via un mécanisme basé sur la présence sur le terrain d'une tierce partie (menée par les États-Unis). Cela donnerait aux Palestiniens une garantie sur les frontières de leur État, sa capitale et le terme prédéterminé de l'occupation israélienne. Ce temps imparti pourrait être utilisé, avec l'aide internationale, pour forger des institutions d'État efficaces, aborder le développement économique et apaiser les tensions entre la Cisjordanie et Gaza. Sur ces bases nouvelles et pérennes, une solution pour les réfugiés palestiniens pourrait être trouvée et une avancée effectuée dans le sens d'une réconciliation entre le Fateh et le Hamas. Israël aurait la garantie que sa sécurité ne serait pas mise en danger par un accord sur un statut final et la mise en place d'un État Palestinien ; que son retrait des territoires palestiniens serait progressif, sur plusieurs années, et surveillé sur le terrain par une tierce partie. Le pays aurait alors des frontières claires, reconnues internationalement, lui permettant de mettre fin de manière définitive au conflit avec ses voisins arabes.
Alors que la situation au Moyen-Orient paraît aujourd'hui désespérée, une nouvelle tentative qui se concentrerait sur les points essentiels, et non sur des questions mineures, mérite d'être soutenue. L'autre alternative serait la perte de la solution à deux États et la perpétuation d'un terrible - et périlleux - conflit.

© Project Syndicate/Institute of Human Sciences, 2010. Traduit de l'anglais par Frédéri
que Destribats.

Deux années ont passé depuis l'élection à la présidence américaine de Barack Obama. Tout à son crédit - et contrairement à son prédécesseur -, Obama a œuvré dès son premier jour en poste pour une résolution du conflit entre les Israéliens et les Palestiniens. Après deux ans, la nouvelle politique de Barack Obama n'a-t-elle autre chose de mieux à proposer que de bonnes intentions...

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