Les étudiants harédim, littéralement les « craignant-Dieu », ultraorthodoxes, sont dispensés du service militaire obligatoire (trois ans pour les hommes) à condition d'étudier jusqu'à l'âge de 25 ans dans des instituts d'études talmudiques ou yéchivot. Ce privilège, concernant un nombre grandissant de personnes, exacerbe la colère de l'opinion laïque, qui reproche aux juifs orthodoxes d'être « un fardeau ». Dans leur majorité, les « hommes en noir » d'Israël s'abstiennent de travailler pour étudier la Torah, subsistant grâce aux dons octroyés par les yéchivot et aux allocations familiales.
Créée il y a des décennies, l'« enveloppe spéciale », prélevée sur un fonds de réserve, est habituellement reconduite automatiquement, sans vote du Parlement, au titre des « arrangements économiques spéciaux » du gouvernement. Mais un arrêt récent de la Cour suprême a interdit ce mode de financement, jugé inégalitaire pour les autres étudiants, et M. Netanyahu a suscité ces derniers jours un tollé en laissant entendre qu'il allait contourner l'arrêt par la voie du Parlement.
Autorisés à voter selon leur conscience, trois élus travaillistes sur 13, dont les ministres Binyamin Ben Eliezer et Avishaï Braverman, ont voté contre ce budget. Soumises à la discipline de vote, les cinq autres formations de la coalition gouvernementale - dont évidemment les partis religieux - ont en revanche soutenu le projet de loi de finances.
M. Netanyahu avait annoncé dimanche qu'une commission ad hoc allait se pencher sur cette question, mais il y a finalement renoncé pour satisfaire aux exigences des partis religieux orthodoxes Shass (11 élus) et Judaïsme unifié de la Torah (5 élus) qui appartiennent à la coalition au pouvoir.
« Le masque est tombé. Ceux qui ont promis du haut de leur tribune qu'ils n'appuieraient pas la loi sur les étudiants harédim ont prouvé que leur parole ne vaut rien », a réagi dans un communiqué le parti d'opposition Kadima (centriste) de Tzipi Livni. Interrogé à la radio publique, un dirigeant de Kadima, Ronnie Bar-On, a déclaré qu'il est « normal d'aider les étudiants harédim, mais pas de cette façon, en contournant un arrêt de la Cour suprême ». Le ministre des Finances Youval Steinitz a en revanche qualifié ces protestations de « tempête dans un verre d'eau, car depuis 30 ans, les étudiants ultraorthodoxes ont été financés ainsi ». M. Steinitz a néanmoins convenu que « les harédim doivent s'intégrer dans le cycle du travail et de la production », et qualifié d'« erreur historique » le fait qu'ils ne servent pas dans les rangs de l'armée.
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