« Si les forces gouvernementales ne liquident pas rapidement ces combattants, ils vont tout simplement retourner en Afghanistan, laisser passer l'hiver et revenir au printemps dans l'est du Tadjikistan », prévient l'analyste politique Abdougani Mamadazimov. « Un conflit de ce type peut durer très longtemps ici car les gardes-frontières tadjiks ne peuvent pas, en raison de la faiblesse de leurs moyens, résister à ces militants qui traversent illégalement la frontière », explique-t-il.
Le Tadjikistan, un pays à majorité musulmane qui partage une frontière poreuse de plus de 1 300 kilomètres avec l'Afghanistan, est dans une situation fragile depuis l'accord de paix conclu en 1997 après une guerre civile entre les partisans du président Emomali Rakhmon et des combattants islamistes. Ce conflit avait fait environ 150 000 morts. Bien que ses hautes montagnes aient servi de refuge à des groupes comme le Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO), lié à el-Qaëda, et actif en Afghanistan et dans les zones tribales du Pakistan, le Tadjikistan a échappé jusqu'ici au sort de son voisin ravagé par la guerre.
Mais des experts mettent en garde depuis longtemps contre une extension du conflit afghan à cette ex-république soviétique. En septembre, 38 soldats tadjiks ont été tués dans une embuscade tendue à un convoi militaire dans la vallée de Racht, une attaque revendiquée par le MIO. Et 40 autres militaires ont été tués début octobre - 36 en une seule journée -, mettant en doute la capacité de l'État tadjik et des troupes à stopper cette spirale de la violence.
La sécurité du Tadjikistan n'a jamais été aussi menacée depuis la fin de la guerre civile il y a 13 ans, et la situation risque de déstabiliser la région, constate Alexander Cooley, expert de l'Asie centrale à l'Université Columbia à New York. « Un Tadjikistan en situation d'échec total étendrait le théâtre du conflit en Afghanistan aux anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale et accroîtrait les choix difficiles des stratèges de la politique de défense américaine pour faire face à une situation qui se détériore », avertit l'expert.
Alors que les autorités tadjikes affirment qu'elles sont en train de gagner le combat dans la vallée de Racht, des soldats sur le terrain se plaignent de la difficulté à capturer les insurgés qui disparaissent facilement dans la nature.
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