Des nationalistes prient dans une église arménienne

Plusieurs centaines de nationalistes turcs ont organisé hier une prière musulmane dans une ancienne cathédrale arménienne de l'est de la Turquie, une initiative qui risque de tendre davantage les relations entre Ankara et Erevan, ont rapporté les chaînes de télévision. La prière collective, encadrée par des policiers, a été organisée par le Parti de l'action nationaliste (MHP, opposition) dans la cathédrale Sainte Vierge d'Ani, la capitale en ruine d'un royaume médiéval arménien situé près de Kars, non loin de la frontière avec l'Arménie. Le chef de ce parti, le troisième en nombre au Parlement turc, Devlet Bahçeli, a assisté au service religieux dans ce bâtiment datant du début du XIe siècle, très endommagé par le temps. Un énorme drapeau turc flottait sur l'édifice. Les autorités régionales et le gouvernement d'Ankara ont donné leur feu vert à l'organisation de cette prière.
Le 16 août 1064, le chef turc seldjoukide Alparslan avait conquis Ani. Il avait renversé la croix surmontant la cathédrale, où il avait dit la prière du vendredi.
Certains journaux turcs ont suggéré que la volonté du MHP d'utiliser l'église comme lieu de culte musulman était une réponse à la messe historique autorisée pour la première fois depuis 95 ans par les autorités turques, le 19 septembre, à l'église arménienne Sainte Croix, à Van. D'autres observateurs pensent que cette initiative vise directement le parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, qui a récemment remporté une importante victoire, lors d'un référendum constitutionnel largement approuvé par la population.
L'Arménie et la Turquie sont en profond désaccord sur le caractère génocidaire ou pas des massacres d'Arméniens perpétrés sous l'Empire ottoman, de 1915 à 1917.