« Dans le jargon diplomatique, cela signifie que la rencontre a été tendue car lorsque les deux parties s'expriment franchement, leurs positions sont complètement divergentes », a estimé un analyste politique. « Néanmoins, la visite est intéressante car elle signifie que, malgré les tensions qui marquent leurs relations, les deux pays sont prêts à faire un pas en avant dans la voie de la paix », a dit cet ancien ministre qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat.
Le haut responsable jordanien a pour sa part déclaré que la rencontre du roi avec M. Netanyahu, comme celle la veille avec le président palestinien Mahmoud Abbas, « entrent dans le cadre des efforts de la Jordanie avec toutes les parties concernées pour parvenir à une solution de paix basée sur deux États palestinien et israélien ». Selon le haut responsable jordanien, le roi a rencontré M. Netanyahu afin « de trouver les mécanismes qui garantissent des progrès dans les négociations » en raison « des dangers qu'encoure la région si le statu quo persiste ».
Quant à lui, M. Netanyahu s'est félicité de l'entrevue à son retour en Israël. « Nous avons eu une très bonne rencontre. Nous avons parlé des moyens de parvenir à la paix et à la sécurité entre Israël et les Palestiniens et dans toute la région. J'apprécie beaucoup le rôle de la Jordanie dans ces domaines et sa contribution à la stabilité au Proche-Orient », a-t-il souligné.
« Tout laisse penser que la Jordanie s'apprête à jouer un rôle plus grand dans les futures négociations de paix, un rôle de facilitateur comme celui de l'Égypte », a estimé Mohammad Masri, chercheur au Centre d'études stratégiques de l'université jordanienne. « Pour Israël, la Jordanie représente des garanties que les Palestiniens ne peuvent pas lui fournir, notamment dans le domaine sécuritaire », a-t-il déclaré à l'AFP. La Jordanie a entraîné, depuis 2008, des centaines de membres des services de sécurité palestiniens dans un programme financé par les États-Unis. Selon M. Masri, Israël souhaite « une participation plus grande de la Jordanie dans les négociations de paix afin de crédibiliser ce dossier auprès de l'opinion publique israélienne qui a plus confiance dans la Jordanie que dans l'Autorité palestinienne ».
Cet effort pour réactiver les négociations de paix se heurte toutefois à une opinion publique jordanienne majoritairement opposée à toute normalisation avec Israël. Selon un sondage du Centre d'études stratégiques, 85 % des Jordaniens estiment qu'Israël « constitue le plus grand danger pour la sécurité de la Jordanie » et que ce pays « n'est pas sérieux dans la recherche de la paix ».
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