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Moyen Orient et Monde - Reportage

Le village d’al-Walajah, en Cisjordanie, redoute d’être emmuré

Plus de 2 000 Palestiniens seront totalement enfermés dans leur village une fois la construction du mur israélien achevée.

Omar Hajaj craint que le mur israélien ne transforme sa maison en « cage de zoo ».   Musa al-Shaer/AFP

Omar Hajaj montre le futur tracé de la barrière qui transformera sa maison en « cage de zoo ». Autour du village d'al-Walajah, promis à l'encerclement total par le mur israélien, monte le ronronnement des bulldozers. Une profonde tranchée sépare désormais al-Walajah, dans le sud de la Cisjordanie, des terres du monastère de Crémisan. Les travaux sur cette partie inachevée de la « barrière de sécurité » israélienne ont repris en avril après plusieurs années d'interruption. « (Le 5 juin) j'ai reçu un appel des ministères de l'Intérieur et de la Défense pour me fixer un rendez-vous chez moi le jour même », raconte Omar Hajaj, dont la terrasse offre une vue unique sur Jérusalem et le quartier de colonisation de Gilo. « Ils m'ont expliqué qu'il y aurait une barrière électronique de 15 mètres de long et 5 mètres de haut entre le mur et ma maison », ajoute ce père de trois enfants, dont la demeure se situera du côté « israélien », coupée du village. « Ils m'ont dit : "On autorisera les visites de la famille et des amis, mais tu devras répondre d'eux" », poursuit Omar Hajaj. « Il y aura deux portes pour sortir, mais elles ne devront jamais être ouvertes en même temps », ajoute-t-il, stylo et cahier à la main. « Ceux qui apercevront ma maison clôturée par une barrière auront l'impression de voir un zoo avec des animaux en cage », ricane-t-il.
Complètement dépendant, en particulier pour les services de santé, de la ville palestinienne voisine de Bethléem, al-Walajah « est le seul village de Cisjordanie qui sera complètement entouré par le mur », explique Willow Heske, une porte-parole de l'ONG Oxfam, qui conduit un projet pour aider les 2 000 habitants à s'organiser.
La barrière sépare les vivants, mais aussi les morts. Ahmad Saleh Barghouth attend le 25 juillet une décision de la justice israélienne sur son recours pour que la barrière contourne la partie de son verger où reposent ses parents et sa grand-mère. « C'est le cimetière familial », souligne cet agriculteur sexagénaire aux cheveux et à la moustache blancs, « nous sommes musulmans, mais mon frère a épousé une chrétienne, c'est le seul endroit où ils pourront être enterrés ensemble ».
Des rubans bleus accrochés marquent le tracé de l'ouvrage. « Cet arbre menaçait-il les occupants (israéliens) ? » s'empourpre-t-il devant un pin abattu il y a près d'un mois, arraché avec des dizaines d'autres arbres, dont de nombreux oliviers, pour dégager le terrain. Al-Walajah se targue d'abriter le plus vieil olivier de Palestine, un arbre noueux de 5 000 à 7 000 ans. Mais la perspective de la construction du mur menace l'existence même de la localité, accuse le président du conseil local, Saleh Helmi Khalifa. « Tous les jeunes parlent de quitter le village pour aller à Bethléem et ne plus être enfermés. » Il réfute l'argument selon lequel la barrière, dont l'édification a commencé en 2002 à la suite d'une vague d'attentats palestiniens, protégerait la population israélienne. « L'arrêt des attentats-suicide est avant tout une décision palestinienne. La preuve : le mur n'est pas encore achevé, et il n'y a plus d'attentats », argumente Saleh Helmi Khalifa. Plus de 400 des 709 km prévus de la barrière, constituée alternativement de barbelés, de fossés, de clôtures électroniques équipées de senseurs ou de murs de béton, ont été achevés.
« Le mur est l'une des manifestations les plus laides de la colonisation », a affirmé le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, dans un communiqué publié à l'occasion de l'anniversaire de l'avis de la Cour internationale de justice (CIJ) du 9 juillet 2004 jugeant sa construction illégale et exigeant son démantèlement. Selon lui, « il s'agit d'un accaparement de terres déguisé en mesure de sécurité et destiné à permettre aux colonies illégales de Cisjordanie et de Jérusalem-Est de s'étendre ».

 

Selim SAHEB ETTABA (AFP)

Omar Hajaj montre le futur tracé de la barrière qui transformera sa maison en « cage de zoo ». Autour du village d'al-Walajah, promis à l'encerclement total par le mur israélien, monte le ronronnement des bulldozers. Une profonde tranchée sépare désormais al-Walajah, dans le sud de la Cisjordanie, des terres du...

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