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Moyen Orient et Monde - « Flottille de la liberté »

De Washington à Istanbul, Israël de plus en plus isolé

 Israël était sous pression hier suite à l’abordage meurtrier la veille par sa marine d’un convoi d’aide humanitaire destinée à la bande de Gaza. Jadis son allié régional, la Turquie a fulminé contre l’État hébreu dénonçant le blocus israélien, alors que la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton, a jugé que la situation à Gaza était « inacceptable ». De son côté, l’Égypte a décidé une ouverture timide du point de passage de Rafah.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s’en est vivement pris à Israël : Devenir notre ennemi coûte très cher… Umit Bektas/Reuters

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'en est pris hier à Israël après le raid meurtrier contre la « flottille de la liberté » à destination de Gaza. « Je condamne de la manière la plus forte ce massacre sanglant » commis par Israël, a-t-il déclaré au groupe parlementaire de son parti, Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste). « Cette attaque insolente et irresponsable qui piétine toute vertu humaine doit absolument être punie », a-t-il lancé. Lors d'un discours très dur contre l'État hébreu, plusieurs fois bruyamment ovationné par les députés, M. Erdogan a averti « qu'Israël ne doit pas mettre à l'épreuve la patience de la Turquie ». « L'amitié de la Turquie est précieuse mais son inimitié est d'autant plus violente », a-t-il poursuivi. Pour le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, l'abordage sanglant aura des conséquences durables sur le processus de paix au Proche-Orient. Ankara va ainsi suspendre ses efforts de médiation en vue de la relance des négociations israélo-syriennes, a-t-il précisé. En visite à Washington pour rencontrer la secrétaire d'État Hillary Clinton, M. Davutoglu a déclaré qu'Ankara attendait des États-Unis une claire condamnation de l'opération israéliennne.
Toujours à Washington, le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, s'est abstenu de condamner le sanglant raid israélien, mais a indiqué qu'il montrait qu'une paix au Proche-Orient était plus nécessaire que jamais. M. Gibbs a répété que Washington travaillait avec Israël sur les conséquences humanitaires du siège « intenable » de Gaza. Les États-Unis soutiennent la condamnation par l'ONU des « actes ayant conduit à la tragédie » du raid israélien, a pour sa part affirmé Mme Clinton. Washington est « toujours en train d'essayer d'établir avec certitude ce qui s'est passé à bord du navire », a ensuite affirmé Philip Crowley, le porte-parole du département d'État. Mme Clinton s'est prononcée pour une enquête israélienne sur le raid, insistant sur la nécessaire crédibilité d'une telle démarche. Elle a également jugé que la situation à Gaza était « inacceptable » et ne pouvait « pas durer ».

Réouverture du terminal de Rafah
Pour sa part, le président égyptien Hosni Moubarak a ordonné hier l'ouverture du terminal de Rafah avec la bande de Gaza, seul point de passage non contrôlé par Israël, pour l'acheminement de l'aide humanitaire et le passage des malades, a annoncé l'agence de presse égyptienne MENA. Cette décision a été appliquée en début d'après-midi, selon des sources au sein des services de sécurité. Aucune durée de temps n'est précisée, alors que d'ordinaire les ouvertures de ce point de passage entre l'Égypte et la bande de Gaza sont limitées à quelques jours par mois. Cette mesure « fait partie des efforts de l'Égypte pour alléger les souffrances du peuple palestinien », ajoute MENA, sans faire état de l'opération militaire israélienne. « L'Égypte devrait ouvrir Rafah complètement et en permanence, afin de lever le blocus de Gaza, et non pas à titre de réaction ou d'ouverture temporaire », a commenté Fawzi Barhoum, porte-parole du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza.
Le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, a quant à lui jugé « décevante » la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, accusant les États-Unis d'être « responsables » de l'impunité de l'État hébreu. Le Conseil de sécurité avait demandé hier une « enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux » sur l'intervention militaire israélienne contre la « flottille de la liberté ». Selon des diplomates, les États-Unis, traditionnels protecteurs d'Israël à l'ONU, ont bataillé ferme avec la Turquie, rédactrice du texte, pendant les discussions pour éviter une déclaration plus dure à l'égard de l'État hébreu. M. Mechaal a exhorté M. Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev à prendre « une décision historique en brisant le blocus imposé à Gaza », et appelé l'Occident à reconsidérer sa politique au Proche-Orient.
La Russie et l'Union européenne ont également exigé une « enquête complète et impartiale » et condamné des pertes humaines « injustifiées » et « inexplicables ». « L'UE et la Russie appellent à l'ouverture immédiate de passages pour les flux d'aide humanitaire, les biens commerciaux et les personnes à l'entrée et à la sortie de Gaza », ont ajouté Moscou et Bruxelles. En outre, la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, s'est dit prête à intensifier les efforts de l'Europe en vue d'obtenir une levée du blocus de la bande de Gaza.
Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, appuyant l'ONU et l'UE, a demandé « une enquête rapide, impartiale, crédible et transparente ». « En tout premier lieu, je demande également la libération immédiate des civils et des bateaux détenus par Israël », a-t-il ajouté.
D'autre part, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a commencé hier à débattre dans une ambiance tendue de l'intervention militaire israélienne. Le vote sur un projet de résolution réclamant « une mission d'enquête internationale » n'aura lieu que ce matin afin de laisser le temps d'examiner des demandes d'amendements dans le cadre de consultations informelles, a indiqué à l'AFP un diplomate occidental.
De son côté, la Ligue arabe devait se réunir hier et aujourd'hui pour définir une réponse « collective » à l'attaque israélienne meurtrière, sur fond de fortes pressions de l'opinion, de la presse et de plusieurs pays pour une réaction ferme. Le Parlement koweïtien, lui, s'en est vivement pris à Israël et a demandé au gouvernement de se retirer de l'initiative de paix arabe.
En Iran, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé que l'attaque israélienne « est la preuve que le sionisme est le nouveau visage, en plus violent, du fascisme ». « Les soutiens de ce régime sanguinaire et éhonté comme les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France doivent répondre » pour l'action menée par l'armée israélienne, a-t-il ajouté. Le président Mahmoud Ahmadinejad a en outre accusé Israël de planifier une « attaque massive » contre la bande de Gaza, avertissant qu'une telle offensive provoquerait « une tempête de colère dans la région qui déracinera » l'État hébreu.
Réagissant à son tour, le gouvernement israélien a rejeté hier soir les protestations internationales et a réaffirmé sa volonté de maintenir le blocus de Gaza. « Le cabinet a établi que la restriction du trafic maritime vers Gaza, (un territoire) dirigé par l'organisation terroriste Hamas, constitue clairement un acte d'autodéfense », a indiqué le gouvernement après une réunion du cabinet de sécurité restreint autour du Premier ministre Benjamin Netanyahu. « Ce fut le cas avec l'opération de l'armée israélienne contre la provocation violente en mer », a-t-il ajouté dans un communiqué. Le gouvernement « regrette le fait qu'il y ait eu des morts dans cet incident, mais fait porter toute la responsabilité à ceux qui ont entrepris des actions violentes qui ont manifestement mis en danger la vie de soldats israéliens », a ajouté le gouvernement. « Israël continuera à défendre ses citoyens contre la base terroriste du Hamas », a-t-il conclu en faisant référence à Gaza.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'en est pris hier à Israël après le raid meurtrier contre la « flottille de la liberté » à destination de Gaza. « Je condamne de la manière la plus forte ce massacre sanglant » commis par Israël, a-t-il déclaré au groupe parlementaire de son parti,...

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