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Liban - Crise

Positions en flèche et divergences profondes sur le prochain gouvernement

À quelques jours des consultations parlementaires contraignantes – prévues les 5 et 6 avril par le président Michel Sleiman – pour nommer un nouveau chef de gouvernement, les positions en flèche des deux camps politiques adversaires au sujet de la fonction et de la nature du prochain gouvernement, et, par extension, de la loi électorale n’augurent rien de bon.


Des divergences de vues sont même apparues au sein d’un même camp, à la faveur de déclarations faites au cours du week-end. Sans être fondamentales, elles démontrent surtout que les différents protagonistes n’ont toujours pas accordé leurs violons sur la personne à désigner pour diriger la prochaine équipe gouvernementale.
Le 14 Mars est résolument pour un gouvernement neutre. Mais alors que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, n’écartait pas la possibilité d’une nomination du Premier ministre sortant, Nagib Mikati, pour un nouveau mandat, le député Ahmad Fatfat excluait catégoriquement cette éventualité. Parallèlement, au sein de la majorité, le Hezbollah et le CPL se disaient résolument pour la mise en place d’une équipe politique au moment où Amal se montrait plus prudent sur la question, en faisant remarquer que rien n’est encore joué.


« La nomination de M. Nagib Mikati pour un deuxième mandat est l’une des options sous étude », a ainsi déclaré M. Geagea dans une interview à Radio Liban libre, en précisant toutefois que « l’échéance cruciale reste pour les FL et le 14 Mars les élections parlementaires qui ne doivent pas être occultées et qui commandent la présence d’un gouvernement neutre, composé d’experts économiques ». Il s’est dit persuadé que « toutes les composantes du 8 Mars ne sont pas favorables » à un retour de M. Mikati au pouvoir.


Le député Ahmad Fatfat, qui répondait aux questions de la Voix du Liban (1000.5) a assuré qu’il n’est pas question pour le 14 Mars de proposer la nomination du Premier ministre démissionnaire à la tête de la nouvelle équipe ministérielle. « Lorsque le chef des FL en a parlé, c’était sur base des propos de Nagib Mikati, selon lesquels il n’était pas candidat aux législatives, ce qui n’est plus le cas », a-t-il expliqué, avant d’annoncer que les composantes du 14 Mars adopteront une position unifiée aux consultations parlementaires. « Il n’est pas important que le nouveau Premier ministre soit à égale distance de toutes les parties, mais il faut qu’il soit accepté de tous et qu’il mette en place une équipe dont aucun des membres n’est candidat aux élections, pour qu’elle puisse diriger cette échéance », a-t-il dit. « Un gouvernement neutre contribuera à réduire la tension politique provoquée par l’ancienne équipe ministérielle », a relevé à son tour le député Ammar Houri, qui a indiqué que la sous-commission qui avait été chargée mercredi par le 14 Mars de plancher sur les questions d’actualité locale examinera le profil du prochain chef de gouvernement et proposera un nom aux composantes de l’opposition, qui doivent tenir très bientôt une réunion élargie, maintenant que la délégation du bloc parlementaire du Futur est rentrée de Riyad. Conduite par le chef du bloc, Fouad Siniora, celle-ci s’était rendue en Arabie saoudite pour se concerter avec le chef du courant du Futur, Saad Hariri, au sujet des deux dossiers gouvernemental et électoral. C’est au cours de cette réunion que le 14 Mars décidera du choix de son candidat à la tête du prochain gouvernement, a expliqué M. Houri, en précisant que des concertations sont également engagées avec le chef du PSP, Walid Joumblatt, sur le même sujet.

Critiques et exclusions...
D’autres députés du 14 Mars, comme MM. Mohammad Hajjar et Nidal Tohmé, ont expliqué hier pourquoi la formation d’un gouvernement neutre est importante pour le pays en ce moment. Mais, dans ce camp opposé, cette option n’est même pas envisageable. Membre du bloc parlementaire de la Réforme et du Changement, le député Farid el-Khazen a ainsi assuré que le Hezbollah sera « un élément fondamental du prochain cabinet, aux côtés d’autres, quelle que soit la décision du courant du Futur et du 14 Mars par rapport à leur participation ou non au gouvernement ».


Il a exclu la nomination de Saad Hariri, « en raison de la situation en Syrie et de ses rapports avec l’Arabie saoudite et le Qatar », tout en faisant remarquer que la majorité en est toujours à se concerter pour choisir son candidat au prochain gouvernement. M. Khazen, tout comme les députés du Hezbollah, a exclu la possibilité que les élections se déroulent sur base de la loi des années 60. Le Hezbollah, en particulier, continue de plaider pour la circonscription unique et la proportionnelle comme mode de scrutin.

 

Ces deux éléments ont été repris par tous les députés du parti qui ont fait des déclarations au cours du week-end, notamment les députés Mohammad Raad, Hassan Fadlallah et Nawaf Moussaoui. « Ceux qui se prononcent en faveur de la neutralité n’ont rien de neutre mais sont impliqués dans un axe régionalo-international. Nous ne comprenons pas la neutralité dans un pays qui est pris pour cible. Un gouvernement de technocrates n’a pas non plus sa place dans un pays plongé dans une crise politique. Il faut par conséquent que le nouveau cabinet soit politique par excellence », a déclaré M. Raad lors d’un meeting oratoire du Baas à Nabatiyeh. Tout en estimant que « le nouveau chef du gouvernement doit être accepté de tous et que sa nomination ne devrait pas être perçue comme une provocation par une large frange des Libanais », le député Hassan Fadlallah a également insisté sur « la nature politique du cabinet, même s’il aura pour seule mission la direction de l’opération électorale ». « Les tentatives de plaider pour un gouvernement neutre cachent une volonté d’accaparer le pouvoir et sont de toute façon contraires à la Constitution et à l’accord de Taëf, qui prévoient une représentation juste des composantes socio-économiques du pays au sein du gouvernement ». Telle est l’analyse du député Nawaf Moussaoui qui estime qu’il n’est pas possible de former une équipe ministérielle rien que pour diriger les élections.

 

« Chaque gouvernement bénéficie de prérogatives complètes au plan exécutif et peut, par conséquent, prendre des décisions qui ne se rapportent pas nécessairement aux élections », a-t-il indiqué, au moment où le vice-président du conseil exécutif du Hezbollah, Nabil Kaouk, fixait trois missions-conditions au prochain gouvernement : « Ne pas poignarder la Résistance dans le dos, ne pas provoquer une discorde et ne pas trahir la Syrie. »
Membre du bloc de M. Nabih Berry, le ministre démissionnaire de la Santé Ali Hassan Khalil s’est contenté de mettre l’accent, lors d’un meeting oratoire à Kfarkila, au Liban-Sud, sur la nécessité de « parvenir à une plate-forme commune, à travers le dialogue bilatéral ou la conférence nationale de dialogue, au sujet de la composition du nouveau gouvernement et des prochaines élections ».

 

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Des divergences de vues...

commentaires (4)

Panique chez les "politiques " libanais (façon de parler,bien sûr)...tous tant qu'ils sont...quel gouvernement? quelles prébendes? quelle clientèle?quel immeuble à Paris?quelle villa en Sardaigne? Quel troisième loft à Monaco?Mon Dieu,d'où viens je ?Où vais je? et dans quelle étagère?La réponse à toutes ces existentielles interrogations?la consensualité,bien sûr....Libanais,vous n'avez pas fini d'être traits comme des vaches...virez les...

GEDEON Christian

15 h 14, le 02 avril 2013

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Commentaires (4)

  • Panique chez les "politiques " libanais (façon de parler,bien sûr)...tous tant qu'ils sont...quel gouvernement? quelles prébendes? quelle clientèle?quel immeuble à Paris?quelle villa en Sardaigne? Quel troisième loft à Monaco?Mon Dieu,d'où viens je ?Où vais je? et dans quelle étagère?La réponse à toutes ces existentielles interrogations?la consensualité,bien sûr....Libanais,vous n'avez pas fini d'être traits comme des vaches...virez les...

    GEDEON Christian

    15 h 14, le 02 avril 2013

  • Il n'y a pas 36000 chemins. La constitution est claire: Le Président procède aux consultations et un premier ministre est choisit a la majorité des votent des députés. Ce dernier forme son gouvernement et demande la confiance du parlement. Que cela plaise ou pas au Hezbollah, au CPL au Futur ou tout autre parti, il est temps qu'ils apprennent a respecter les règles et lois en forces qu'ils ont eux même voté ou laissé en vigueurs. Les élections se doivent d’être faites en temps du, le nouveau gouvernement d’être formé, et la vie du pays reprendre son cours. Nous nous en foutons de la Syrie, de la Palestine et de toute sorte de Fakih. C'est le Liban qui prime. Bachar semble être mort. S'il ne l'est pas encore, son régime lui l'est et ses inconditionnels doivent comprendre qu'ils ne peuvent plus se cacher derrière de faux espoirs. La fin de l’ère Hezbo-machin est a sa fin. il est encore temps de sauver le peu de meubles qui restes.

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 09, le 02 avril 2013

  • Y aura-t-il un gouvernement ? Y en aura pas ! Y aura-t-il un gouvernement ? Y en aura pas ! Y aura-t-il un gouvernement ? Et la dernière pétale de la marguerite dit : Y EN AURA PAS !

    SAKR LEBNAN

    09 h 09, le 02 avril 2013

  • Selon les ténors du Hezbollah, dans tous les temps et en toutes circonstances pas de gouvernement au Liban en dehors du mensonge à trois pieds : peuple, armée, résistance !! Comment une entente est-elle possible avec des esprits aussi figés dans l'espace et le temps ? C'est sttrictrement impossible.

    Halim Abou Chacra

    06 h 56, le 02 avril 2013

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