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Liban - Vendredi saint

Raï : Ce sont les ténèbres de l’ignorance qui maintiennent l’Orient dans la violence

Le patriarche maronite invite les chrétiens à « assumer leurs responsabilités » dans un Machrek dont ils sont des citoyens « authentiques et premiers ».

Les patriarches Raï et Sfeir portent, symboliquement, le linceul du Christ... et Bkerké le poids d’une écrasante responsabilité. Photo Émile Eid

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a choisi la cérémonie religieuse du vendredi saint pour commenter la phrase de Jésus pardonnant à ses persécuteurs « car ils ne savent pas ce qu’ils font », et dénoncer en conséquence le dédain des lumières de la connaissance dans lequel certaines idéologies et croyances maintiennent l’homme.
Après avoir souligné « la grandeur d’un amour qui trouve des excuses aux fautes » les plus graves, le patriarche a souligné combien « l’ignorance réduit la responsabilité du pécheur et lui ouvre la voie du repentir », mais combien aussi il est de la responsabilité de l’être humain de tenter de sortir de son ignorance.
Le Christ, a affirmé le chef de l’Église maronite, a placé « l’ignorance » à l’origine de toutes les erreurs que commet l’être humain, car « la volonté se plie à ce que lui dicte la raison ».
Dans les Actes des Apôtres, ajoute-t-il, on voit l’apôtre Pierre accorder au peuple, en raison de son ignorance, des circonstances atténuantes pour la condamnation à mort « du Prince de la Vie ».
De même, saint Paul reconnaît dans l’épître à Timothée avoir agi « par ignorance », quand il s’était fait le persécuteur des premiers chrétiens.

Une responsabilité
Commentant ces trois passages des Écritures, le patriarche affirme : « Des vérités et des actions grandioses échappent à l’homme par ignorance. Cela signifie que l’ignorance est une responsabilité et une grande erreur en soi. Il faut éviter d’y sombrer ou d’y demeurer ; au contraire, il faut s’efforcer d’en sortir, de cultiver la raison et d’éclairer la conscience. »
« L’Exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, ajoute le patriarche, nous invite à assumer nos responsabilités de chrétiens, de citoyens authentiques et premiers dans les pays du Machrek, et à proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu, l’Évangile de la vérité, de l’amour et de la paix, l’Évangile de la fraternité universelle et de la justice entre les hommes. Les ténèbres de l’ignorance maintiennent notre Orient dans l’obscurité de la violence, de la guerre et du terrorisme. Ayons donc le zèle de Paul et son sens des responsabilités quand il affirme : “Malheur à moi si je ne prêche pas l’Évangile”. »

Moquerie et ignorance
Le patriarche Raï a rangé « les moqueurs » qui tournaient le Christ en croix en dérision dans le rang des « ignorants ». « Ces ignorants étaient de trois genres, ajoute-t-il : les passants, qui le raillaient de se montrer si passivement impuissant devant ses bourreaux ; les membres du conseil ou du sanhédrin, prêtres, scribes et anciens, qui n’ont pas compris que le Père le sauverait par la résurrection; enfin la troisième classe des railleurs est figurée par les deux larrons entre lesquels il se trouvait suspendu, et dont l’un a eu la sagesse de reconnaître la royauté de celui que tourmentait le même supplice. »
L’histoire du « bon larron » est devenue, dans le christianisme, l’emblème du salut dont, jusqu’au dernier souffle, nul ne doit désespérer, a ajouté le patriarche. C’est l’image de l’espérance.
La liturgie de la Passion, qui comprenait, outre l’exhortation patriarcale, la lecture des quatre récits évangéliques de la Passion, ainsi que des lectures de l’Ancien Testament, des chants et des répons, s’est achevée par une procession symbolique des fleurs déposées par les fidèles sur la tombe du Christ et le baiser rituel de la croix.
Des cérémonies semblables ont été organisées dans toutes les églises catholiques, les détails des cérémonies variant d’un rite à l’autre, notamment en ce qui concerne le rite byzantin, suivi par la communauté grecque-catholique, et le rite syriaque, proche du rite maronite.
Malheureusement, les cloches des communautés suivant le calendrier latin n’ont pas sonné à l’unisson avec les cloches des églises orthodoxes, qui célèbrent la fête de Pâques, cette année, avec cinq semaines d’écart.

 

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