Le déploiement massif de l’armée à Tripoli a eu raison de la flambée de violences

Le déploiement massif de l’armée, en particulier dans certains secteurs de Jabal Mohsen et de Bab Tebbané auparavant dégarnis, a eu raison de la flambée de violences des journées de jeudi à samedi qui a endeuillé Tripoli et fait au moins sept tués, dont un soldat, depuis jeudi.

Le calme régnait toujours hier en soirée à Tripoli (Liban-Nord), après une troisième nuit de violences, grâce à un nouveau plan mis en œuvre par l’armée. En vertu de ce plan, la troupe a effectué un redéploiement massif dans les différents axes d’affrontements entre les deux quartiers rivaux, s’étendant à de nouveaux secteurs de Jabal Mohsen et de Bab Tebbané auparavant vidés. Pour rétablir le calme, l’armée a également déployé dès samedi après-midi un grand nombre de chars dans la rue de Syrie qui sépare ces deux quartiers rivaux. Toutefois, les tireurs embusqués ont continué à sévir hier, signe que le calme reste précaire et ne s’accompagne d’aucune solution de fonds. Autre signe qui ne trompe pas, la circulation est restée fluide dans la grande ville du Nord, même si les routes bloquées lors des combats ont été ouvertes.

Marwan Charbel en appelle à... Berry
Le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Marwan Charbel, a confirmé hier matin dans un entretien radiodiffusé que « la situation à Tripoli va mieux depuis ce matin ». Samedi, à l’issue d’une réunion sécuritaire dans la ville, le ministre avait estimé que « les dangereux développements » qui ont lieu dans la capitale du Liban-Nord ont des liens régionaux, « si ce n’est internationaux ».
M. Charbel a ainsi appelé le président du Parlement Nabih Berry, en qui il a dit avoir confiance, à convoquer l’Assemblée nationale afin que les députés signent un engagement sous le label de « la sécurité au Liban et notamment à Tripoli ». Marwan Charbel avait par ailleurs exhorté tous les partis « à ne couvrir personne à Tripoli » pour aider les forces de sécurité. « Ce qui se passe aujourd’hui dans cette ville est inacceptable. Nous savons que le Liban est en danger, en raison des discours confessionnels qui incitent à la discorde », a-t-il poursuivi, demandant l’aide des responsables religieux à cet égard.
« Ce qu’a vécu le Liban lors des années de guerre est moins lourd que ce que nous vivons aujourd’hui », a même conclu M. Charbel.

(Lire aussi : Vol à destination de...?, de Elie Fayad)

Obsèques du militaire tué vendredi
De son côté, le mufti Mohammad Rachid Kabbani a appelé samedi toutes les parties à la retenue pour le salut du Liban. « La sécurité à Tripoli et dans le reste du Liban sont interdépendantes », avait noté le mufti dans son appel.
Hier, le village de Kawssariet el-Rizz (Sud) a fait ses adieux au soldat Wissam Diab, tué dans l’exercice du devoir, vendredi, à Tripoli. « Il ne faut pas que le sang ait été versé en vain », a affirmé le commandant de l’armée, le général Jean Kahwagi, dans une oraison funèbre lue en son nom par le colonel Adnane Ezzedine, au cours des obsèques. L’officier a également appelé les Libanais à « renouer avec la culture de l’ouverture et de la convivialité entre toutes les composantes de la patrie ».

Lire aussi

Le temps des boucaniers..., la chronique de Nagib Aoun

Derrière la démission, le spectre des élections, l'éclairage de Scarlett Haddad