Concertations interlibanaises au Vatican sur une loi électorale

L’intronisation du pape François, mardi au Vatican, est aussi l’occasion pour les dirigeants libanais qui vont y prendre part d’avoir, entre eux, des concertations, loin de la pression de la politique locale, autour de la loi électorale qui continue de susciter un débat fiévreux dans le pays.
Les présidents de la Chambre, Nabih Berry, et du Conseil, Nagib Mikati, sont arrivés samedi soir, à bord d’un avion privé, en compagnie de leurs épouses respectives au Vatican afin d’assister à la cérémonie d’intronisation du pape François, demain mardi, au Vatican. Ils ont été suivis hier par le ministre de l’Environnement, Nazem Khoury, représentant le chef de l’État, Michel Sleiman, qui se trouve toujours en visite officielle en Afrique et qui est également attendu au Vatican.
Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, se trouve lui aussi bien entendu au Vatican, à la tête d’une délégation de l’Église maronite. Il était ainsi normal que les trois hommes politiques lui rendent visite, mais pour des discussions qui ont dépassé le cadre protocolaire lié aux vœux d’usage après l’élection d’un nouveau chef de l’Église catholique.
Les sujets d’actualité, qui intéressent les Libanais et plus particulièrement l’impasse dans laquelle se trouve la quête d’une loi électorale acceptée de toutes les parties, ont été au menu des discussions. Une deuxième réunion sur le même thème est également prévue aujourd’hui, ce qui laisse penser que les trois hommes se seraient rendus tôt au Vatican, afin de discuter avec le patriarche du dossier électoral et plus particulièrement de la question de la représentation chrétienne.

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Une fumée blanche ?
La réunion d’hier a duré plus d’une heure au terme de laquelle M. Berry a répondu aux questions de la presse, mais en maintenant le flou le plus total au sujet de la teneur des discussions ou d’une éventuelle réunion de la Chambre pour examiner les projets et propositions de loi électorale. « Comme la fumée blanche (annonciatrice de l’élection du pape) s’est dégagée de ce pays, nous espérons que les prières du patriarche, ainsi qu’une initiative de sa part nous aideront à faire élever une fumée blanche, annonciatrice de la fin de nos problèmes, notamment en ce qui concerne la loi électorale », a déclaré M. Berry.
À la question de savoir s’il compte convoquer une réunion plénière prochainement, il a répondu par un laconique et vague « Inchallah, chaque chose en son temps », avant de spécifier qu’il privilégie « une loi consensuelle », ce que des analystes ont interprété comme une volonté d’attendre un développement quelconque, avant de convoquer le Parlement.
Prié ensuite de commenter la proposition de loi mixte concoctée en commun par le PSP de Walid Joumblatt et le Futur de Saad Hariri , M. Berry a rappelé qu’il avait lui-même présenté à la sous-commission parlementaire qui était chargée de l’examen d’une loi électorale un texte proposant un mode de scrutin mixte mais qu’il avait fini par le retirer lorsqu’il avait constaté une opposition à son initiative. « Attendons qu’un texte consensuel nous soit envoyé. Quelle que soit la partie qui l’enverra, je l’approuverai », a-t-il ajouté.

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Concernant l’appel du CPL et du Hezbollah à l’organisation des législatives sur base de la circonscription unique, M. Berry a réaffirmé évasivement qu’il est pour n’importe quel accord sur une loi électorale. « Je répète ce que j’avais dit durant la réunion conjointe des commissions mixtes : la pire loi sur laquelle les Libanais s’entendront reste meilleure que n’importe quelle autre », a-t-il encore dit.
M. Berry n’a pas non plus voulu commenter, à la demande d’un journaliste, la proposition de loi portant prolongation des mandats des chefs des services de sécurité.
Quant au Premier ministre, Nagib Mikati, il a réaffirmé que son gouvernement n’a pas l’intention de démissionner, en réponse à une question au sujet de propos selon lesquels le Conseil des ministres du 21 mars serait le dernier. « Nous les entendons depuis le premier jour de la formation du gouvernement. Certains misent sur notre démission, mais soyons optimistes : le gouvernement ne partira pas de sitôt », a-t-il ajouté, en assurant qu’il restera à sa tête.

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