Sous le titre « La Syrie saignera-t-elle le Hezbollah à blanc ? » Daniel Nisman et Daniel Brode, de l’International Herald Tribune, dissèquent l’implication du Hezbollah dans la guerre en Syrie.
Les deux journalistes soulignent d’emblée que c’est la mort de Ali Hussein Nassif, tué il y a quelques mois près de la frontière libano-syrienne par l’Armée syrienne libre et qui s’est avéré être le chef des commandos hezbollahis en Syrie, qui a fait la lumière sur l’ampleur de l’assistance qu’il fournit aux forces du régime « syrien ».
« Ces commandos ainsi que leurs camarades iraniens au sein des gardiens de la révolution assumaient le rôle de conseillers de l’armée syrienne dans l’action qu’elle mène contre les bastions des rebelles. Ils contribueraient également à entraîner 60 000 miliciens dont la mission serait de protéger les communautés alaouites dans les villes côtières du Nord-Ouest », indique le Herald qui cite des rapports « selon lesquels le Hezbollah a étendu son action en Syrie en y envoyant ses principaux effectifs guerriers, à savoir ses forces d’élite, stratégiquement irremplaçables ».
« L’aile militaire secrète du parti de Dieu serait composée de 2 000 à 4 000 combattants professionnels et de milliers de réservistes originaires de villages du sud du Litani et de la Békaa, appelés à repousser une éventuelle invasion israélienne. En 2006, la perte d’un quart de ces forces d’élite aurait été le coup le plus dur encaissé par le Hezbollah », selon le quotidien américain.
Celui-ci cite également « plusieurs rapports provenant de Syrie et faisant état d’une participation accrue de ces forces aux combats (dans ce pays) et d’une volonté de renforcer ces effectifs ». « Le commandement du Hezbollah et le gouvernement syrien se seraient entendus sur un plan de secours aux termes duquel le parti de Dieu s’engage à envoyer des milliers de combattants parmi ses forces spéciales pour défendre le régime d’Assad contre une invasion étrangère ou le soutenir au cas où il aurait besoin d’une aide urgente », écrivent Daniel Nisman et Daniel Brode.
Les armes chimiques et le Hezb
Les deux journalistes américains soulignent que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, « a commencé à honorer son engagement à partir du moment où les rebelles ont commencé à consolider leur présence dans les banlieues d’Alep et de Damas ». Citant un journal saoudien, « ils relèvent que quatre unités du Hezbollah, fortes chacune de 1 300 combattants, avaient été envoyées en Syrie pour soutenir les forces du régime alors que les commandos du groupe d’élite 901 étaient déjà engagés depuis juillet dans les combats dans Homs et sa banlieue ».
« Récemment, un déploiement présumé de forces du Hezbollah autour d’installations syriennes d’armes chimiques a poussé le gouvernement israélien à menacer la Syrie et le parti de Dieu d’une intervention militaire à la moindre tentative de transfert de ces armes vers les bunkers du Hezbollah au Liban. Mais que ce déploiement ait pour objectifs de protéger ces installations ou de transférer leurs matériels mortels au Liban, le fait est qu’il confirme une réalité : ces miliciens chiites étrangers sont devenus, pour Assad, une des unités de combats les plus fiables », écrivent les deux journalistes, qui poursuivent : « Militairement et politiquement, les enjeux pour le Hezbollah en Syrie sont énormes. Mais le parti de Dieu risque davantage en essayant de sauver un régime paria qui ne peut pas être sauvé. Il a déjà encaissé de nombreuses pertes humaines, parmi ses forces d’élite face aux rebelles syriens. »
Selon le Herald, « le Hezbollah ne peut pas surpasser les effectifs de l’opposition syrienne et aurait besoin, pour cela, de faire appel davantage à ses meilleurs combattants et d’employer ses équipements militaires les plus sophistiqués, afin de pouvoir bloquer les lignes d’approvisionnement des rebelles, dans l’espoir de barrer la voie à leur avancée vers Damas ». « Même si les 70 000 roquettes du parti de Dieu restent pointées contre Israël, il reste que le Hezbollah est en train de dilapider son potentiel humain en Syrie, ce qui priverait la communauté chiite libanaise d’un bouclier de protection au cas où un conflit sectaire éclaterait (au Liban) consécutivement au départ d’Assad », analyse le journal qui fait aussi remarquer que le soutien hezbollahi au président syrien risque de conduire le parti libanais devant un tribunal international, « ce qui pourrait pousser l’Union européenne à plier devant les pressions américaines et à placer le Hezbollah sur sa liste des organisations terroristes ».
Le Herald conclut en estimant que « la violation par le parti de Dieu de la politique de distanciation décidée par le gouvernement libanais vis-à-vis du conflit en Syrie place la communauté chiite et d’autres minorités au Liban dans la ligne de mire des jihadistes syriens, dont plusieurs risquent de tourner leurs fusils en direction du Liban, en signe de représailles, après la chute d’Assad ».
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commentaires (11)
Effet BOOMERANG certain dans le Faciès !
Antoine-Serge KARAMAOUN
04 h 13, le 02 février 2013