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Liban - Rapport

« Le Liban peut-il survivre à la crise syrienne ? », une analyse de Carnegie Middle East

Pour que le Liban puisse résister aux éventuelles conséquences de la guerre en Syrie, Paul Salem, directeur du Centre Carnegie pour le Moyen-Orient, préconise une série de mesures de nature à renforcer la stabilité locale, dont notamment la mise en place d’un gouvernement neutre.
Dans son dernier rapport intitulé « Le Liban peut-il survivre à la crise syrienne », Paul Salem dresse un état des lieux avant de relever les principaux – et nombreux – points faibles du pays et de proposer des solutions.

Il souligne d’emblée que parmi les États frontaliers de la Syrie, le Liban est le plus vulnérable face à la tempête qui souffle sur ce pays. « L’État y est faible, les tensions confessionnelles y sont exacerbées, sans compter les alignements politiques répartis entre pro et anti-Assad », précise Paul Salem, ajoutant que le Liban a « déjà été affecté par des escarmouches sectaires, des clashs à la frontière, des assassinats ciblés, des rapts et un important flux de réfugiés ».
« Même si le pays a jusqu’à présent évité l’effondrement, il n’en demeure pas moins qu’à long terme, des dangers persistent et des mesures urgentes doivent être prises par conséquent pour y consolider la stabilité », souligne-t-il.
Paul Salem développe une à une ce qu’il appelle « les sources d’instabilité » accentuées par la crise syrienne. Il s’agit, en gros, de la faiblesse de l’État, du mécontentement de la rue sunnite face à l’hégémonie du Hezbollah, des affrontements à la frontière, de l’afflux régulier de réfugiés, de la fragilité de la situation à Tripoli, de l’implication présumée du Hezbollah dans la guerre en Syrie et du marasme économique.


Il est intéressant de relever que dans son analyse, le directeur de Carnegie Middle East attribue en partie la stabilité du Liban à la présence d’un gouvernement proche de Damas. « Le remplacement du gouvernement Hariri par un autre, composé de figures du 8 Mars favorables à la Syrie, est peut-être un coup de chance provisoire pour la stabilité du pays. Ce changement a permis de soustraire l’équipe Mikati aux attaques syriennes. Si la révolution avait commencé dans le pays voisin alors que Hariri était encore au pouvoir, l’hostilité syrienne à l’égard de l’ancien Premier ministre et du 14 Mars aurait encouragé Damas à s’engager dans une campagne plus soutenue pour déstabiliser le pays. En présence, à Beyrouth et à Damas, de deux gouvernements hostiles l’un envers l’autre, la situation au Liban aurait été terrible. Ce qui s’est passé au contraire est que les autorités syriennes n’ont pas cherché à ébranler un gouvernement qu’elles considèrent comme étant ami, mais se sont employées à viser leurs ennemis libanais, au sein comme en dehors des institutions », observe Paul Salem.

Le rôle du Hezbollah
L’explication qu’il donne aux affrontements frontaliers est tout aussi significative. Le directeur de Carnegie met en relief la corrélation entre la géographie libanaise et la dynamique du conflit en Syrie. En substance, selon le rapport, au début des affrontements en Syrie, le régime Assad s’est montré soucieux de garder ouvert le couloir terrestre entre Damas et la ville portuaire de Tartous, ce qui explique le fait que les batailles les plus féroces s’étaient déroulées au début de la crise autour de Homs. « Compte tenu des difficultés que le régime a quand même rencontrées sur cette route, son allié libanais, le Hezbollah, a aménagé un pont terrestre traversant le territoire libanais. Ce couloir parallèle s’étend de la plaine de la Békaa, à travers la Békaa-Nord et le Hermel, vers le secteur ouest de Homs puis vers le littoral syrien au niveau de Tartous. La partie nord de la Békaa comprend une importante majorité chiite et est depuis longtemps soumise à l’hégémonie du Hezbollah », relève le rapport qui souligne que « la route internationale entre Beyrouth et Damas pourrait également être d’une importance stratégique capitale pour le régime syrien puisqu’elle peut également représenter un couloir alternatif d’approvisionnement au cas où Assad perdrait le contrôle des autoroutes internes stratégiques ». « L’hégémonie du Hezbollah à Beyrouth et dans la Békaa, ainsi que son influence au sein du gouvernement libanais rassurent Damas sur le fait que la capitale libanaise peut garder sa fonction de port le plus proche et de pont d’approvisionnement stratégique en cas de besoin », ajoute-t-il.


Pour ce qui est du rôle du Hezbollah, Paul Salem relève qu’au début de la crise syrienne, le parti de Dieu a maintenu un profil bas, dans un souci de rester loin des feux de la rampe et de préserver le calme au Liban. Rappelant ensuite la participation de combattants de cette formation dans la guerre en Syrie, aux côtés des forces du régime, et les explications avancées par son secrétaire général, sayyed Hassan Nasrallah, à ce sujet, Paul Salem cite des sources proches du Hezbollah pour dire que le régime syrien a effectivement sollicité une aide soutenue du Hezbollah « qui s’est contenté d’envoyer un nombre réduit de combattants, par souci de ne pas s’impliquer dans le conflit ». « Même s’ils restent des alliés stratégiques, il semble qu’il existe un léger conflit entre Damas et le Hezbollah, du moment que le régime d’Assad aurait pu bénéficier d’un appui plus consistant du parti libanais. Mais la plupart des dirigeants du Hezb jugent que ce dernier a la suprématie dans les combats et n’a pas besoin de s’associer aux combats dans le pays voisin. Il reste que selon certaines théories, si le régime perd Alep et s’engage dans une autre bataille pour garder le contrôle de Damas, le Hezbollah pourrait jouer un rôle plus soutenu et plus direct », selon le rapport.

Des défis plus importants
Si la guerre en Syrie est amenée à durer longtemps encore, le Liban pourrait faire face à des défis plus importants et plus variés, indique Paul Salem qui préconise une série de mesures préventives, qui représentent, selon lui, autant de remparts pour le Liban.
Outre le renforcement de l’armée et des FSI, il propose la formation d’un nouveau gouvernement d’unité nationale ou de technocrates « parce qu’il est nécessaire de consolider la légitimité de l’équipe ministérielle, en réduisant l’hégémonie de l’alliance du 8 Mars ». « Le Premier ministre actuel pourrait maintenir son poste, mais il faut que le gouvernement d’union nationale comprenne un éventail plus important des forces du 14 Mars et du courant du Futur. Quant aux ministres technocrates, ils doivent être choisis parmi des experts neutres et non alliés à l’une ou l’autre des deux parties adversaires », commente Paul Salem qui juge également indispensable de subvenir rapidement et efficacement aux besoins des réfugiés syriens, avec l’aide de la communauté internationale pour éviter, à la longue, l’impact éventuel politique, économique et de sécurité de leur afflux au Liban.
Il appelle en outre à la promulgation d’une nouvelle loi électorale et d’une organisation des législatives dans les délais constitutionnels.

 

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commentaires (3)

PAS SI CE HEZEBBBALLÄLAH PERSISTE A AIDER CE RÉGIME ASSADIQUE-LA....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 52, le 14 décembre 2012

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Commentaires (3)

  • PAS SI CE HEZEBBBALLÄLAH PERSISTE A AIDER CE RÉGIME ASSADIQUE-LA....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 52, le 14 décembre 2012

  • Cela dépend UNIQUEMENT des LIBANAIS EUX-MÊMES... et de personne d'autre. PATRIOTISME ( QUASI INCONNU... ) BONNE FOI ( MOT VIDE ICI ) SINCÉRITÉ ( ON EN RIT ) ... Si on n'abandonne pas les mentalités " SUIVISTES " pour se considérer LIBANAIS et rien d'autre, le DESTIN du Pays dépendra toujours d'autrui...

    SAKR LEBNAN

    11 h 21, le 14 décembre 2012

  • Une analyse objective somme toute, sauf le fait de ne pas mentionner que les forces du 14 mars aussi ont des combattants en Syrie. Et cela corrobore ce que nous disait Scarlett aujourd'hui, les marges de manoeuvre du régime légitime sont profondes, comme l'était celles du hezb résistant contre le pays raciste.

    Jaber Kamel

    08 h 04, le 14 décembre 2012

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