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Liban - Éclairage

Les surprises de Gaza

Au cinquième jour de l’offensive israélienne contre Gaza, le camp du 8 Mars continue à afficher sa confiance dans la résistance palestinienne et dans sa capacité à tenir face à un ennemi qui va de (mauvaise) surprise en (mauvaise) surprise. Même si l’opération devait se poursuivre par une invasion terrestre, les sources proches du 8 Mars estiment qu’elle ne changera plus rien à la nouvelle donne et qu’elle aura uniquement pour objectif de sauver la face d’Israël, désormais incapable de faire taire les missiles à Gaza, un territoire grand comme un mouchoir de proche, sans monts et vallées comme le Sud-Liban, qu’Israël a occupé pendant de longues années...


Ces mêmes sources estiment ainsi que l’opération israélienne ne peut être dissociée d’un plan précis, visant à calmer le jeu à Gaza et entraîner le Hamas dans la voie des négociations, au lieu de la lutte armée. Cette tendance avait été initiée par le Qatar et la Turquie qui, depuis le déclenchement de la révolte en Syrie, ont poussé le Hamas à se dissocier du régime syrien et s’éloigner en même temps de l’Iran jusque-là son principal pourvoyeur de fonds (et d’armes). D’ailleurs, la récente visite spectaculaire de l’émir du Qatar à Gaza, la première d’un dirigeant arabe dans ce territoire depuis la prise du pouvoir par le Hamas, avait pour objectif de proposer à l’organisation islamiste palestinienne une trêve de longue durée avec Israël et le lancement de négociations moyennant des projets de développement dans la bande de Gaza, jusque-là abandonnée et dont les dégâts causés par la guerre de 2008-2009 n’ont pas été réparés.


Israël aurait profité des bonnes dispositions de Hamas pour chercher à se débarrasser de l’aile dure de cette organisation, qui continue de prôner la résistance armée et l’alliance avec l’axe dit de la résistance. Le chef militaire Ahmad al-Jaabari était en réalité l’une des principales figures de cette aile. C’est pourquoi les Israéliens ont voulu le tuer en cherchant en même temps à détruire les rampes de lancement de missiles du Hamas à Gaza, en profitant de la confusion actuelle dans le monde arabe, causée principalement par la crise syrienne et par la nouvelle tendance au sein du Hamas proche du Qatar et de la Turquie. En même temps, le Premier ministre israélien avait en tête des objectifs électoraux, puisqu’il a décidé d’organiser des élections anticipées au début de l’année 2013 qu’il espère remporter haut la main après un éventuel succès de son opération à Gaza.


La première surprise est venue de la réaction des Palestiniens et du Hamas en particulier, qui s’est spectaculairement ressoudé autour de ses chefs militaires. Le Hamas ne s’est pas contenté de riposter en lançant quelques roquettes sur les colonies israéliennes proches comme il le faisait d’habitude, mais il a utilisé des missiles de longue portée, menaçant Tel-Aviv, la capitale économique israélienne et Jérusalem, ainsi que l’aéroport Ben Gourion. Une grande première dans l’histoire du conflit israélo-palestinien. Ce n’était plus une partie limitée d’Israël qui se trouvait sous la menace des missiles palestiniens, mais des centres névralgiques, jusque-là épargnés et que même le Hezbollah n’avait pas bombardés en 2006. L’aviation israélienne a beau intensifier ses raids, la résistance palestinienne continue à lancer des missiles, surprenant ses agresseurs. Le Hamas a ainsi atteint Tel-Aviv, mais il a aussi touché un avion de combat et lancé des obus en direction d’un navire de guerre israélien, montrant qu’il dispose d’un arsenal considérable, qui plus est bien dissimulé. De plus, ces missiles sont en général de fabrication iranienne envoyés via la Syrie. Ce qui renforce au sein du Hamas le courant en faveur de l’axe dit de la résistance, montrant aux sceptiques que c’est le seul efficace contre un ennemi comme Israël.


Pour les sources proches du 8 Mars, tous les efforts déployés depuis un an et huit mois pour éloigner le Hamas (sunnite) de l’Iran et du régime syrien, et le rapprocher du Qatar et de la Turquie ont été balayés par la nouvelle agression israélienne. Celle-ci a eu, jusqu’à présent, des résultats contraires à ceux qui étaient recherchés : les missiles continuent à tomber en Israël, atteignant désormais des cibles à 70 km en profondeur, le Hamas paraît ressoudé et combatif, et les populations arabes sont encore sensibles à ce qui se passe en Palestine. D’ailleurs, la nouvelle attaque israélienne a mis en difficulté les nouveaux dirigeants égyptiens, coincés entre leur volonté de ne pas irriter les Américains et l’Occident en général, et leur base hostile à Israël surtout en période de violences contre les Palestiniens. Les nouveaux dirigeants tunisiens sont dans la même situation et le ministre des Affaires étrangères de ce pays s’est rendu à Gaza. Il sera suivi par une délégation de la Ligue arabe, qui pourtant ces derniers temps ne se réunissait plus que pour traiter du dossier syrien.


En plus de montrer la fragilité du bouclier antimissile mis en place en Israël avec l’aide des États-Unis, la nouvelle offensive israélienne remet le dossier syrien au second plan et réveille la traditionnelle hostilité des populations arabes à l’égard d’Israël, alors que celle-ci était récemment mise en veilleuse par les conflits et les révoltes interarabes. Elle remet aussi en selle l’Iran, le régime syrien et le Hezbollah qui prônent activement la résistance armée contre Israël.

 

Enfin, cette agression est la meilleure réponse au plan de discorde entre sunnites et chiites sur lequel travaillent depuis des mois, voire des années, certaines parties occidentales et israéliennes. Si Israël se lance dans une opération terrestre, celle-ci sera sans doute très coûteuse pour les deux parties. Mais si les Palestiniens sont habitués à mourir et subir des attaques, les Israéliens le sont beaucoup moins. De même, si un cessez-le-feu est conclu rapidement, l’opération israélienne dont les objectifs étaient officiellement modestes, faire cesser les tirs de missiles contre Israël, n’aura pas abouti. Dans ces conditions, le coup électoral de Netanyahu n’aura pas porté ses fruits et, selon la presse israélienne, il songerait déjà à reporter les élections anticipées. Ce qui pourrait ne pas déplaire à « son allié » américain, le président fraîchement réélu Barack Obama...

 

 

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commentaires (6)

En quoi ? C'était à prévoir.

Antoine-Serge KARAMAOUN

11 h 10, le 19 novembre 2012

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Commentaires (6)

  • En quoi ? C'était à prévoir.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    11 h 10, le 19 novembre 2012

  • Enfin un son de cloche différent et qui ne peut pas plaire aux défaitistes de toit poil, si on doit juger au nombre de morts et de destructions, les amerlocks auraient gagné la guerre du Viet nam , de Corée et de Cuba ! mais hélas c'est pas le cas, ils ont bel et bien détalé sous les camèras du monde, accroché aux pales d'hélicoptères, comme il arrivera à ces victimes du racisme d'état israelien. A ceux qui disent le hezb a perdu en 2006, je leur répondrai qu'heureusement il a perdu de cette façon parce qu'aujourd'hui, les racistes n'osent pas nous faire ce qu'ils font à ce peuple martyr de Palestine, à part un berger égaré qu'il libère illico presto, rien d'autre, et pourtant ils voient tout, ils pourraient intervenir, comme au Soudan et à Gaza, et qu'on ne vienne pas me dire connivence avec les sio, celle ci s'expliquerai plus par le refus d'armer les résistants du Hamas et du Hezb qu'autre chose.Et puis la plus grande résistance à l'injustice et au racisme, c'est votre plume , SCARLETT.

    Jaber Kamel

    07 h 03, le 19 novembre 2012

  • Excusez moi chère Madame , mais... vos sources paraissent bien souvent aléatoires ...un peu comme les moulins de Don Quichotte ,qui tourneraient pas seulement... quand il y a du vent...! Je vais tout de même , me ressourcer avec mes sources à moi ...sous l'exigence impitoyable de ma modeste logique ! toutefois ,avec l'expérience dans le temps et l'espace ... J'ai comme l'impression que la surprise ...c'est qu'il n'y a pas de surprise...!

    M.V.

    03 h 33, le 19 novembre 2012

  • Chère Madame Scarlett Haddad bonjour. Bonne analyse. Des sources proches du huitième parallèle de Mars, où vous puisez vos nouvelles, à mon humble avis, sourdent des eaux troubles, comme d'habitude. On va recevoir raclée après raclée et, exposant ses citoyens aux pires catastrophes, comme toujours, on va sortir avec UNE VICTOIRE BIEN DIVINE, BIEN DE CHEZ NOUS ! La chose que je me demande : est-ce que les Israéliens ont laissé d'autres choix aux Palestiniens ? Ce qui se passe ne sert-il pas uniquement les intérêts de l'agresseur, aux yeux du monde, agressé ? Faire de Gaza une entité autonome, car là se dirigent les choses, et l'Etat Palestinien renvoyé aux Calendes Grecques ? Parfois, pour le plaisir de supposée VICTOIRE DIVINE, on tombe, tête basse, dans les pièges tendus... QUI EST LE VAINQUER EY QUI EST LE VAINCU ??? Que les sources, du huitième parallèle, y pensent DIX FOIS avant de sourdre des bêtises...

    SAKR LEBNAN

    02 h 52, le 19 novembre 2012

  • Que le Hamas résiste à l'agression criminelle du fascito-nazi Netanyahu et l'avertisse concrètement, par ses ripostes en roquettes jusqu'aux environs de Tel-Aviv, que ses agressions ne seront plus impunies comme par le passé, cela est magnifique et on en jubile. Mais on ne peut oublier ce que "le 8 Mars", c'est à dire à 99,99% le Hezbollah, souligne et dont il semble bien content : "La nouvelle offensive israélienne remet le dossier syrien au second plan" et en détourne les attentions. C'est bien l'un des objectifs de Netanyahu, qui a peur pour la stabilité au Golan que lui assure le régime Assad et que n'importe quel régime, pense-t-il, pourrait troubler fort, ce qui serait un immense problème pour l'Etat sioniste. Les alliés objectifs en ce sens, Téhéran, Damas, Israel pensent qu'ainsi un répit est donné au régime syrien, qui alors peut continuer à détruire massivement la Syrie et massacrer le peuple syrien tranquillement et comme il l'entend.

    Halim Abou Chacra

    23 h 55, le 18 novembre 2012

  • Ah "les sources"...mais que ferions nous sans "les sources"!

    GEDEON Christian

    19 h 39, le 18 novembre 2012

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