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Liban - Reportage

« La nouvelle révolution du 14 Mars sera destructrice pour les Assad... »

Deux rassemblements samedi, place Sassine et place des Martyrs : après la mort de Wissam el-Hassan, « la vie ne peut plus continuer comme avant, la lutte continue ».

Lors du rassemblement samedi place des Martyrs, une femme pleure Wissam el-Hassan. Ahmad Jadallah/Reuters

Au lendemain de l’attentat de la place Sassine qui a fait plus de 80 blessés et coûté la vie à huit personnes, dont le chef des renseignements des FSI Wissam el-Hassan, deux rassemblements ont eu lieu samedi à Beyrouth sous un même slogan : « La lutte continue. »


À Sassine, en plein cœur de Beyrouth, où a été perpétré l’attentat, un premier rassemblement a eu lieu à l’appel des députés d’Achrafieh. Quelque 200 personnes se sont retrouvées à 18h sur la place, la plupart portant des bougies. Le groupe a entonné des chants patriotiques et hissé le portrait de Wissam el-Hassan à l’entrée de la rue qui mène à l’endroit où une voiture piégée a explosé hier.


Prenant part au rassemblement, le député Michel Pharaon a appelé les habitants de ce bastion chrétien à ouvrir leurs maisons aux sinistrés et il s’est engagé à n’épargner aucun effort pour aider les victimes de l’attentat. M. Pharaon, à l’instar des autres figures de l’opposition libanaise, a également dénoncé le régime syrien, et affirmé qu’« il ne permettra plus qu’il s’en prenne aux innocents ».


Et dans la foule, le sentiment général pourrait se résumer dans la formule « Assez ! ».
« Il faut que le peuple se mobilise et prenne les rênes du pays. On ne peut plus compter sur les dirigeants ni sur l’unité », déplore Carla, une jeune femme âgée d’une quarantaine d’années. Pour elle, « il y a un courant qui favorise la culture de la mort, de l’obscurantisme et de la violence, et un autre courant qui veut la vie, l’État de droit et la dignité ». « On ne peut plus réunir les deux dans la justice et avec la force des armes du Hezbollah », assure-t-elle à L’Orient-Le Jour. « Je viens rendre hommage aux victimes. Il est du devoir de chaque habitant d’Achrafieh de le faire », assure de son côté Alain, un trentenaire. Selon lui, « la vie ne peut plus continuer comme avant, la lutte continue ».

« Nous ne vous lâcherons pas »
Un premier rassemblement avait été improvisé dès samedi matin et s’était transformé en marche vers le quartier général des FSI. Dans l’enceinte du bâtiment, les manifestants avaient, l’un après l’autre, déposé une rose blanche devant le monument aux martyrs. L’émotion était palpable. Deux agents n’ont pu retenir leurs larmes.


« Nous sommes là, nous sommes avec vous, nous ne vous lâcherons pas », a déclaré, à l’intérieur du bâtiment, Youmna Gemayel, la fille de Bachir Gemayel assassiné en 1982 lors d’un attentat sur cette même place Sassine. « Le coup est très dur, c’est une grosse perte pour les Forces de sécurité intérieure, mais nous continuerons. Achrafieh restera la forteresse de la résistance », lui a répondu Achraf Rifi, le directeur général des FSI.


« Nous sommes là pour défendre notre pays et la mémoire de Wissam el-Hassan. Nous sommes très éprouvés par l’attentat perpétré hier. Mais nous sommes déterminés. Nous avons chassé les Syriens en 2005, nous allons de nouveau les chasser aujourd’hui. Chasser leurs services de renseignements et leurs alliés », disait ce matin Noha Karam, une habitante d’Achrafieh âgée d’une soixantaine d’années. « Je suis contre le terrorisme, les meurtriers, le régime syrien, ses instruments et ses serviteurs. Nous devons faire un sit-in ouvert et pacifique, et ce jusqu’à ce que la menace que fait planer le régime de Bachar el-Assad sur le Liban cesse », affirmait, de son côté, Tony, un Libanais de la diaspora, âgé d’une cinquantaine d’années. Non loin de lui, Nada, la quarantaine, résumait sa pensée d’un lapidaire « Ça suffit ! ». « Nous sommes ici par solidarité avec les victimes de l’attentat », a déclaré Joanna, 24 ans. « Nous sommes là pour dénoncer les politiciens qui sont la cause de nos malheurs. À cause d’eux, nous quittons ce pays. Nous ne voulons pas d’eux », a poursuivi la jeune fille.

Entre eux, des jeeps...
En soirée, les manifestants à Achrafieh ont été rejoints par les participants à un deuxième rassemblement qui a eu lieu à 17h, place des Martyrs, à l’appel du rassemblement des jeunes du 14 Mars. Au centre-ville de Beyrouth, quelque 2 000 personnes ont répondu à l’appel. Composé principalement de partisans des Forces libanaises, des Kataëb et du courant du Futur, le groupe a tenté de se diriger vers le Grand Sérail, mais en a été empêché par les forces de sécurité.
Prenant part au rassemblement, l’ancien ministre Marwan Hamadé a déclaré que la nouvelle révolution du 14 Mars sera « destructrice pour les Assad ». « Cette fois, nous ne commettrons pas les mêmes erreurs et nous poursuivrons notre chemin jusqu’à la chute du régime syrien. » Le député du courant du Futur Ahmad Fatfat a lui aussi accusé le président syrien Bachar el-Assad de « vouloir, par les assassinats, revenir au Liban ». Pour son colistier Nohad Machnouk, « le but (du rassemblement) est de montrer qu’on peut se défendre contre le Hezbollah et la Syrie ». « Ce gouvernement doit partir car il protège le régime syrien », a-t-il assuré à L’Orient-Le Jour.


Pour Neemat, une partisane des FL, « il est temps que la Syrie sorte réellement du Liban ». « L’ambassadeur Ali devrait être expulsé du pays, même si la force doit être utilisée pour cela », a-t-elle dit. « Il est même temps d’expulser les Iraniens », a-t-elle poursuivi. « Nous sommes descendus dans la rue pour que les politiciens nous rejoignent », assure pour sa part Maha, partisane du courant du Futur. Pour elle, « il ne faut pas, au nom de la paix civile, avoir peur de dire la vérité ».


Signalons qu’à une centaine de mètres du groupe, un autre rassemblement s’est tenu à l’appel du CPL de Michel Aoun, devant les bureaux du parti. Les quelque 50 personnes ont prié à la mémoire des victimes. Les deux groupes étaient séparés par des jeeps de l’armée libanaise.

 

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la révolution du 14 mars, pour prendre le pouvoir par les armes

Talaat Dominique

05 h 21, le 22 octobre 2012

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  • la révolution du 14 mars, pour prendre le pouvoir par les armes

    Talaat Dominique

    05 h 21, le 22 octobre 2012

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