Le dossier de la situation sécuritaire dans le pays et des risques de dérapage sur le terrain a été propulsé à nouveau sur le devant de la scène à la lumière de l’arrestation de l’ancien ministre et député Michel Samaha, soupçonné d’avoir été impliqué dans un complot visant à perpétrer des attentats aux explosifs, à la demande du régime syrien, afin de provoquer une discorde confessionnelle sur la scène locale. Cette affaire revêt à n’en point douter une importance hautement stratégique, même si certains pôles du 8 Mars tentent de la banaliser en focalisant l’attention sur des questions de pure forme et des points de détail qui paraissent ridicules devant la portée du complot qui a été déjoué par le département des renseignements des Forces de sécurité intérieure. En mettant l’accent de la sorte sur de vulgaires problèmes de forme, le 8 Mars a pour but évident d’occulter l’extrême gravité des charges qui sont retenues contre Michel Samaha, d’autant que les renseignements des FSI sont en possession de documents et de preuves solides et irréfutables, de sorte que l’ancien ministre a fini par faire des aveux complets.
En tout état de cause, selon des milieux locaux dignes de foi, il semble que le Hezbollah refuserait dans la conjoncture présente d’effectuer la sale besogne pour le compte des services syriens. Le parti chiite aurait transmis un message en ce sens à qui de droit au Liban, soulignant qu’il reste, pour l’heure, attaché à la paix civile. Conséquence de cette « dérobade » de la part du Hezbollah, les services syriens se seraient tournés vers une tierce partie, en l’occurrence Michel Samaha, pour déclencher l’opération de déstabilisation et de discorde sanglante dans le pays.
Dans un tel contexte, le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel ne cache pas devant ses visiteurs ses vives inquiétudes quant à l’évolution de la situation dans le pays, compte tenu des tentatives des forces étrangères de provoquer des troubles au Liban. Lorsque le mouvement de soulèvement avait été enclenché en Syrie, il y a près d’un an et demi, le ministre Charbel avait mis en garde contre les retombées néfastes de la déstabilisation en Syrie sur la situation au Liban, quels que soient le cours des événements dans le pays voisin et le sort du pouvoir de Bachar el-Assad. Ces retombées sont d’autant plus graves, relève le ministre de l’Intérieur, que les Libanais sont profondément divisés au sujet de la crise syrienne.
Conscient ainsi des véritables dangers qui guettent le Liban, Marwan Charbel a enjoint aux services de sécurité de n’épargner aucun effort afin de maintenir la stabilité dans le pays. Il ne cesse de prôner dans ce cadre le renforcement de la coopération et de la coordination entre les différents services de sécurité locaux. Parallèlement, il a entrepris récemment une série de démarches afin d’aboutir à une pacification de la région de Bab el-Tebbané et de Jabal Mohsen, au Liban-Nord, accompagnée d’une réconciliation entre les factions en conflit dans cette zone. M. Charbel aurait reçu un engagement de la part de toutes les parties en présence de faciliter cette opération de pacification.
Afin de mener à bien une telle initiative, l’un des membres du gouvernement a proposé la mise en place d’une cellule de crise interministérielle qui serait chargée de suivre les développements politico-sécuritaires au jour le jour. Cette cellule, présidée par le chef du gouvernement, pourrait regrouper les ministres de l’Intérieur, de la Défense, de l’Économie et du Commerce et des Finances, ainsi que d’autres hauts responsables afin de couper court à toute tentative de créer des troubles sur la scène locale. Car la gravité du complot déjoué dans le sillage de l’arrestation de Michel Samaha a été clairement mise en évidence par la petite phrase lancée samedi à Beiteddine par le président Michel Sleiman en recevant le directeur des FSI, le général Achraf Rifi, et le chef de la branche des renseignements des FSI, le général Wissam el-Hassan. Commentant les charges retenues contre Samaha, le chef de l’État avait déclaré : « Ce qui s’est passé ces deux derniers jours (l’arrestation et les aveux de Samaha) est terrifiant, rien qu’à penser aux préparatifs visant à provoquer des troubles et susciter la discorde entre Libanais. » Une petite phrase qui confirme en quelque sorte les fuites parvenues à la presse au sujet de la teneur des aveux faits par Samaha.
commentaires (6)
Est ce supposer qu'avant il la faisait ??
M.V.
07 h 57, le 14 août 2012