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Liban - Crise syrienne

Des milliers de réfugiés syriens au Liban, les écoles leur ouvrent les portes

Le gouvernement et le Haut Conseil de secours ne peuvent répondre à tous les besoins, selon Bou Faour.

Une petite fille syrienne accompagne sa famille à l’arrière de la voiture, le regard désemparé. Joseph Eid/AFP

Concernant les réfugiés syriens qui affluent par milliers au Liban depuis que la situation s’est si fortement dégradée à Damas, les chiffres sont peu précis (ils varient selon les sources), mais la détresse est la même pour tous.
Le flux de réfugiés par le poste-frontière de Masnaa (Békaa) s’est nettement ralenti hier, selon les observateurs, mais il avait atteint un sommet entre mercredi et jeudi. Ainsi, ils sont 11 178 à avoir traversé le poste-frontière de Masnaa jeudi, selon une source sécuritaire interrogée par l’agence al-Markaziya (le nombre moyen en temps normal tourne autour de 5 000). Le ministre des Affaires sociales, Waël Bou Faour, a indiqué à L’Orient-Le Jour que quelque 15 000 réfugiés ont été recensés ces derniers jours, mais le nombre pourrait être supérieur selon lui. Dans un communiqué du bureau du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR) à Beyrouth, distribué hier dans l’après-midi, on peut lire qu’environ 18 000 réfugiés ont passé la frontière libano-syrienne entre mercredi et jeudi, bien moins le vendredi. Le texte précise que « la vérification se poursuit ».


Plus tôt dans la journée, la porte-parole de l’UNHCR à Genève avait déclaré, lors d’un point de presse, que les Syriens qui ont traversé la frontière jeudi étaient « entre 8 500 et 30 000 au cours des dernières 48 heures ». « Les Syriens fuient aussi vers la Turquie, la Jordanie, l’Irak, mais il y a un véritable exode vers le Liban », a-t-elle ajouté.
Au-delà des chiffres, c’est une véritable catastrophe humanitaire qui serait en préparation. Le ministre Bou Faour a tenu hier une réunion avec son homologue de l’Éducation, Hassan Diab, afin d’obtenir l’ouverture d’un certain nombre d’écoles publiques (en vacances à cette saison) pour y loger temporairement des réfugiés. Interrogé sur le nombre d’écoles et leur location, M. Bou Faour a souligné qu’il n’y avait encore aucune information définitive. « Mais il faut noter que quelque 1 500 réfugiés seulement sont restés dans la Békaa, note-t-il. Le reste s’est dirigé vers Beyrouth et les différentes régions du Mont-Liban, où il s’est logé par ses propres moyens. La plupart de ces réfugiés assurent qu’ils comptent rentrer chez eux dès que la situation se sera calmée. »


Quelles mesures a prévu le gouvernement pour assurer les besoins de ces populations de réfugiés ? Le ministre souligne que le gouvernement n’a pas les moyens de soutenir lui-même autant de personnes, mais que des réunions de coordination sont tenues avec l’UNHCR, le Conseil danois pour les réfugiés et la Croix-Rouge internationale.
Interrogé par la MTV sur l’arrêt des aides médicales, le ministre des Affaires sociales a précisé que « les cas urgents continuent d’être traités, conformément aux directives de la présidence du Conseil ». « Mais, a-t-il poursuivi, le Haut Conseil de secours n’a pas les moyens de soutenir ces personnes, des sommes sont versées actuellement par des associations civiles, des municipalités et des ONG internationales. »


Pour sa part, le bureau de l’UNHCR affirme dans son communiqué qu’il dresse des profils de ces réfugiés afin de repérer ceux qui sont le plus vulnérables et qui auraient besoin d’aide immédiate. Jusque-là, quelque 4 500 réfugiés au Nord ont bénéficié d’une aide de l’agence onusienne.


Interrogé par L’Orient-Le Jour sur la crise humanitaire en perspective, le député Khaled Daher, qui suit depuis le début l’affaire des réfugiés à Wadi Khaled, Akkar, déclare : « Les réfugiés que nous rencontrons au Nord sont dans une situation désespérée, ils ont besoin de tout. Nous faisons ce que nous pouvons. Je ne crois pas que l’État libanais puisse s’acquitter de cette tâche, il faut une assistance internationale. »

Des Libanais armés ferment la route aux réfugiés, selon le mufti
Le sujet des réfugiés syriens a par ailleurs été soulevé de manière assez virulente par le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, lors de son premier prêche du vendredi du mois de ramadan. « Il y a eu assez d’injustice en Syrie, a-t-il lancé. Beaucoup ne savent pas ce qui se passe aux frontières à la Békaa. Du côté de Ersal, des hommes armés libanais sont postés afin d’empêcher des réfugiés syriens, qui fuient l’injustice et les tueries, d’entrer au Liban. Même au poste-frontière de Masnaa, les forces de sécurité ont coupé la route à des milliers d’hommes et de femmes qui voulaient intégrer le Liban. Quand j’ai interrogé des responsables à ce propos, l’un d’eux m’a dit que seules les personnes se déplaçant en voiture sont admises, les autres étant trop “ pauvres ” selon lui. Je demande au président de la République, au président du Parlement et au Premier ministre d’ouvrir grandes les frontières du Liban, au Nord comme à la Békaa, face à nos frères syriens. »


Interrogés sur ces hommes armés qui coupent la route aux réfugiés à la frontière, autant le ministre Bou Faour que le député Daher n’ont pu confirmer l’information.

Un voyage « vraiment éprouvant »
Au-delà des joutes politiques, l’affaire des réfugiés est un véritable drame sur les plans personnel et social. Les plus aisés d’entre eux se rabattent sur les hôtels et les appartements dans les villes et villages, et les plus démunis attendent l’assistance pour tenir le coup. Car ces personnes n’ont souvent pas pu emporter grand-chose avant de fuir les combats. Et toutes, sans exception, ne savent pas combien durera leur séjour forcé au Liban.


Salma (le nom a été changé pour des raisons de sécurité) fait partie de ces réfugiés. Elle et son mari ont quitté Damas jeudi en fin d’après-midi. Elle est arrivée à Beyrouth vers 20h30. « Il nous a fallu une heure pour passer le poste-frontière de Masnaa, il y avait tellement de monde !


Ce voyage était vraiment éprouvant », dit-elle, interrogée par Lorientlejour.com.
Vendredi, Salma a tenté d’appeler ses voisins, pour s’enquérir de la situation dans son quartier, dans la vieille ville de Damas. La plupart des numéros qu’elle a composés n’ont abouti à rien. Salma n’a finalement réussi à joindre qu’une seule voisine. « Elle vit cloîtrée chez elle, elle n’ose plus sortir de la maison, et ses réserves de nourriture sont en train de s’épuiser. Elle a éteint toutes les lumières, et l’on entend le bruit des bombardements derrière elle. Elle pleurait », raconte Salma, mère de deux enfants établis à l’étranger, dans le Golfe et aux États-Unis.
Salma est partie de chez elle en n’emportant que ses papiers et ses bijoux. Elle ne veut plus retourner à Damas, en tout cas pas tant que cette situation n’est pas réglée. « Je ne supportais plus la vie là-bas », dit-elle. Son mari, lui, veut revenir en Syrie le plus tôt possible.


Rappelons que durant la seule journée de jeudi, plus de 300 personnes, en majorité des civils, ont péri en Syrie, soit le bilan le plus lourd en 16 mois de révolte, selon un décompte de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) publié hier.

Concernant les réfugiés syriens qui affluent par milliers au Liban depuis que la situation s’est si fortement dégradée à Damas, les chiffres sont peu précis (ils varient selon les sources), mais la détresse est la même pour tous. Le flux de réfugiés par le poste-frontière de Masnaa (Békaa) s’est nettement ralenti hier, selon les observateurs, mais il avait atteint un sommet entre...

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