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Liban - Législatives

Le Koura confirme son ancrage dans le giron des FL et du 14 Mars

Fady Karam remporte une élection partielle très politisée avec près de 1 300 voix de différence sur le candidat du 8 Mars.

Samir Geagea et son état-major plongés, durant la journée, dans la fièvre des machines électorales.Photo Aldo Ayyoub

Il était de bon ton, jusqu’au soir de l’élection législative partielle qui s’est déroulée hier au Koura, de croire que la politique au Liban était définitivement discréditée, que l’opinion sombrait dans la léthargie et que la lassitude et le dégoût s’étaient généralisés. La leçon de démocratie donnée tout au long de la journée par les électeurs du Koura, compte non tenu du résultat du scrutin, a sans nul doute démenti ces convictions pré-électorales.
On pourrait d’ailleurs aller jusqu’à observer que dans ce pays où pratiquement rien ne fonctionne comme il le devrait, où la culture de l’illégalité se répand horizontalement et gagne de jour en jour des pans entiers de l’espace collectif libanais, les consultations électorales semblent être, du moins dans certaines régions, les seules activités publiques réussies. On l’avait vu déjà lors de la partielle du Metn en 2007 puis aux législatives de 2009, à nouveau lors des municipales de 2010 et enfin, hier, au Koura.
La normalité de ces consultations, remportées à 51, 52 ou 53 % et sans incidents majeurs sur le terrain, est d’autant plus remarquable que le clivage politique qui déchire le Liban depuis des années est raide et non dépourvu d’animosité.
De plus, comment ne pas se féliciter du fait que le succès démocratique de la partielle du Koura survient dans un contexte passionnel marqué par l’abominable boucherie qui se déroule à quelques dizaines de kilomètres de là, celle-ci étant précisément le fruit d’un grand déficit démocratique.
La deuxième leçon du scrutin d’hier est donnée par le taux de participation, nettement supérieur à 40 %. Certes, ce chiffre est en théorie assez bas, mais le Koura est une terre d’émigration massive et le taux de 2009 dans cette circonscription était à peine plus élevé, alors même qu’il s’agissait probablement du scrutin le plus politisé de l’histoire de la République libanaise.
Cela signifie que les capacités de mobilisation des différents protagonistes restent d’autant plus élevées qu’il ne s’agissait hier que d’une élection partielle et que le député à élire n’a devant lui qu’un mandat d’une dizaine de mois avant que le corps électoral ne soit à nouveau convoqué pour désigner une nouvelle législature.
Sans doute, le succès de la mobilisation est dû la politisation du scrutin voulue par le 14 Mars et en particulier par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Ce dernier avait évoqué rien de moins qu’une bataille entre le Koura de Charles Malek et celui de Bachar el-Assad.
Enfin, la troisième leçon qu’il faut tirer de cette élection, organisée pour pourvoir au siège laissé vacant par le décès du député FL Farid Habib, réside dans la confirmation de l’ancrage du Koura dans le giron des FL et du 14 Mars, sans pour autant que l’autre camp n’ait trop cédé de son potentiel. Ce constat pourrait préfigurer la situation qui prévaudra lors des législatives de 2013, à moins que d’ici là, de grands bouleversements politiques n’interviennent, notamment en Syrie.

Un rapport de force inchangé
De fait, le rapport des force dans le Koura reste rigoureusement identique à 2009, non seulement dans l’ensemble, mais aussi dans la carte électorale du caza, localité par localité.
Au total, les chiffres définitifs – mais jusqu’ici non officiels – donnent le candidat FL, Fady Karam, vainqueur avec 12 507 voix, contre son principal concurrent, Walid Azar, du PSNS, qui en a obtenu 11 262. Un troisième candidat, John Moufarrèje, quatorze-marsiste mais se présentant de manière dissidente au scrutin, n’a recueilli que 259 suffrages. Trois autres candidats indépendants se présentaient, mais leurs scores, probablement insignifiants, n’ont pas été connus jusqu’ici.
Dans le détail, le chef-lieu du caza, Amioun, a une fois de plus plébiscité le candidat du PSNS, soutenu par le CPL et les Marada. Les deux autres plus importantes localités grecques-orthodoxes, Enfé et Kousba, sont quant à elles restées fidèles à leur orientation quatorze-
marsiste, massive dans le cas de la première, plus modérée dans celui de la seconde.
Ailleurs, la coloration confessionnelle a, comme en 2009, joué son rôle. Les villages maronites se sont prononcés nettement en faveur du candidat du 14 Mars (à 70 % selon le chef des FL, Samir Geagea), de même que les localités sunnites.
Selon le secrétaire général du courant du Futur, Ahmad Hariri, qui a passé trois jours la semaine dernière au Koura pour diriger la campagne de sa formation, plus de 3 500 électeurs sunnites se sont mobilisés et ils ont voté à 68 % pour le candidat FL et à 25 % pour celui du 8 Mars.
Le PSNS a de son côté affirmé que 3 000 sunnites ont participé au vote contre 4 700 en 2009 et que, d’autre part, un plus grand nombre de sunnites se sont prononcés cette fois-ci pour le candidat du 8 Mars. Si ces affirmations sont vraies, cela signifie que le 14 Mars a amélioré quelque peu sa performance chez les électeurs chrétiens, puisque le rapport de force global entre 2009 et 2013 n’a pas bougé d’autant.
Par ailleurs, il existe au Koura un millier de voix chiites et alaouites et, selon certaines informations, elles seraient allées à 100 % au candidat du PSNS.
Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, qui a suivi hier sur place le déroulement des opérations de vote, doit annoncer ce matin les résultats officiels. Selon les sources du ministère, une cinquantaine de réclamations à caractère administratif ont été enregistrées tout au long de la journée. En revanche, pas une seule plainte pour motif sécuritaire n’a été déposée.
Il était de bon ton, jusqu’au soir de l’élection législative partielle qui s’est déroulée hier au Koura, de croire que la politique au Liban était définitivement discréditée, que l’opinion sombrait dans la léthargie et que la lassitude et le dégoût s’étaient généralisés. La leçon de démocratie donnée tout au long de la journée par les électeurs du Koura, compte non...

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