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Liban - Rencontre

Le Liban bientôt membre d’un réseau contre l’exploitation sexuelle des femmes ?

Visite libanaise de Malka Marcovich, historienne française, consultante internationale et spécialiste des droits des femmes.

Malka Marcovich et Mariam Abdo, responsable pour le Moyen-Orient du Réseau méditerranéen contre la traite des femmes.

Anne-Marie EL-HAGE

« Aucun père de famille, aucune mère de famille n’ambitionnent pour leur fille qu’elle fasse de son corps un commerce. » Ces propos dits avec détermination révèlent le combat acharné de Malka Marcovich contre l’exploitation sexuelle des femmes dans le monde, dans les pays de l’Union pour la Méditerranée, et au Liban aussi, bien entendu. Militante engagée pour les droits des femmes et plus particulièrement contre la traite des femmes, la prostitution et la discrimination sexiste, elle refuse catégoriquement que le tourisme sexuel devienne la première économie des pays de la Méditerranée. Et voudrait parvenir à faire appliquer à ces pays le projet pilote qui a été appliqué en Albanie avec succès, sur le thème : « Oui au tourisme culturel, non au tourisme sexuel. »
C’est dans le cadre de son combat que cette historienne, consultante internationale, spécialiste des droits des femmes, également membre du Réseau méditerranéen contre la traite des femmes, a récemment effectué un séjour au Liban. Une « visite d’éclaireur de 15 jours, de rencontres et d’écoute », avec des acteurs de la société civile, dans le cadre d’une tournée au Moyen-Orient, note la directrice pour l’Europe de l’ONG « Coalition against trafficking in women » (CATW) qui a un rôle consultatif à l’ONU. « J’ai rencontré des représentants d’ONG qui luttent contre le trafic des femmes, non seulement le trafic sexuel, mais aussi celui qui touche la main-d’œuvre migrante », explique-t-elle. « J’ai également rencontré des militantes engagées dans la lutte pour les droits des femmes et l’égalité entre les femmes et les hommes », ajoute-t-elle, saluant l’énergie positive et la grande combativité « de ces femmes libanaises qui luttent contre le viol dans la sphère du mariage ».

Coopération nécessaire des médias
Le but de Malka Marcovich est d’inclure le Liban dans le Réseau méditerranéen contre la traite des femmes, créé par la CATW. À cette fin, la responsable du réseau pour le Moyen-Orient, Mariam Abdo, se penche déjà sur les réseaux de prostitution au pays du Cèdre. « Le Liban pourrait être un modèle dans la région, estime l’historienne. Mais pour cela, nous avons besoin de la coopération des médias et des forces politiques. Car si tout le monde est conscient de l’existence du tourisme sexuel, personne n’en parle. Le sujet est non seulement tabou, mais cette économie mondiale, dont les clients sont des hommes d’affaires, des militaires, des sportifs, ou tout simplement Monsieur Tout-le-monde, bénéficie d’une certaine impunité », observe-t-elle.
Le pire est que c’est la femme qui est régulièrement critiquée, attaquée, montrée du doigt. « C’est elle qui risque l’expulsion ou les crimes d’honneur, alors que les proxénètes et les clients sont laissés tranquilles », déplore Mme Marcovich. À plus long terme, et dans le cadre d’une réflexion approfondie, la militante envisage de mener une campagne internationale contre l’impunité et l’immunité en cas de violence et de discrimination sexuelle. « Avec le soutien des médias et dans le respect des traités internationaux », tient-elle à préciser.

Tourisme et industrie du sexe
C’est son expérience en Irak, au Maroc ou dans les Balkans qui a poussé Mme Marcovich à se pencher sur les pays de la Méditerranée. « Des pays très touristiques. Mais aussi des zones où se sont déroulés, et se déroulent toujours, de grands conflits », fait-elle remarquer. Et de souligner que « dans les pays en conflit, où les droits de la femme sont généralement bafoués, la première chose sur laquelle les protagonistes des conflits s’entendent est l’exploitation sexuelle des femmes ». Quant aux pays qui émergent des conflits, « la première industrie qui s’y développe est le tourisme », constate-t-elle. « L’industrie touristique apporte avec elle l’industrie du sexe, la prostitution, l’exploitation sexuelle des femmes. Or nous refusons que les femmes soient un objet de commerce. Nous refusons surtout cette industrie qui est une forme d’esclavage des femmes », martèle-t-elle.
Témoignages de prostituées à l’appui, la militante raconte le dégoût de ces femmes, leur obligation de s’anesthésier lorsqu’elles ont des relations sexuelles avec des hommes qu’elles ne désirent pas. « Elles doivent trouver des stratégies de survie, comme l’alcool ou la drogue, note-t-elle. Elles présentent aussi souvent les symptômes des femmes abusées ou violées. »
« Jadis, les guerres se faisaient sur le dos des femmes. Il ne faut pas que la paix se fasse aussi sur le dos des femmes. » Malka Marcovich est convaincue de la nécessité d’une « solidarité universelle », entendre mondiale, pour lutter contre la traite des femmes. Car avec la mondialisation, travailler à la seule échelle nationale ne suffit plus...
Anne-Marie EL-HAGE« Aucun père de famille, aucune mère de famille n’ambitionnent pour leur fille qu’elle fasse de son corps un commerce. » Ces propos dits avec détermination révèlent le combat acharné de Malka Marcovich contre l’exploitation sexuelle des femmes dans le monde, dans les pays de l’Union pour la Méditerranée, et au Liban aussi, bien entendu. Militante engagée...

commentaires (2)

Commencez par les ramasser et les rapatrier dans leurs pays respectifs pour les étrangères, et fermer tous les lupanars...ah ! pardon, je voulais dire toutes ces maisons de massage, et ces lupanars... excusez encore, ces clubs au bord de la mer et même dans les villages les plus éloignés de la montagne. Vous ne pouvez rien faire, car c'est le travail de qui de droit !

SAKR LEBNAN

03 h 11, le 28 juin 2012

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Commentaires (2)

  • Commencez par les ramasser et les rapatrier dans leurs pays respectifs pour les étrangères, et fermer tous les lupanars...ah ! pardon, je voulais dire toutes ces maisons de massage, et ces lupanars... excusez encore, ces clubs au bord de la mer et même dans les villages les plus éloignés de la montagne. Vous ne pouvez rien faire, car c'est le travail de qui de droit !

    SAKR LEBNAN

    03 h 11, le 28 juin 2012

  • Un seul moyen de parvenir à l'éradication de cette "industrie du sexe" c'est le démantèlement des réseaux de prostitution. Bien plus facile à dire qu'à exécuter étant donné les intérêts colossaux en jeu et les personnes intouchables qui en tirent les bénéfices. Sans oublier les réseaux de prostitution infantile, fléau encore plus pervers engendrant des revenus peut-être encore plus importants. Lorsque tout le monde sera justiciable de la même manière, alors nous pourrons espérer une avancée significative en matière de protection de la femme et des mineurs.

    Paul-René Safa

    01 h 25, le 28 juin 2012

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