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Liban - Tribune

Pourquoi nous avons besoin d’une révolution sexuelle au M-O

En dépit des changements politiques, les normes sociales impliquent toujours que les femmes soient tenues de se couvrir et ne pas tenir compte de leur sexualité. Mais, dans le même temps, elles sont mises sous la pression de satisfaire les hommes au lit après le mariage, même à l’âge de quatorze ans. Il est dit aux femmes chiites dans le Sud que serrer la main des hommes est un péché, mais elles sont en revanche invitées à pratiquer le « mariage de plaisir » uniquement parce que Dieu le permet. Les femmes sont obligées de vivre de graves doubles standards s’agissant de leur sexualité ; nos corps sont ainsi tantôt honteux et tantôt des entités divines. Le sexe est à la fois un péché et un devoir. Comprenne qui pourra !


Lorsque le printemps arabe a commencé à bourgeonner dans la région, les hommes et les femmes sont descendus ensemble dans les rues pour réclamer leur liberté. Dans la plupart des cas, les soulèvements ont mis en évidence l’aspiration des gens à la citoyenneté et le droit de participer à la sphère publique. Cependant, plus d’un an plus tard, les femmes ont été repoussées dans la sphère privée et les nouvelles autorités semblent avoir oublié que la plupart des femmes arabes ont manifesté à l’origine contre les dictateurs parce qu’elles en avaient marre de l’humiliation et étaient animées par un désir ardent de dignité.


La violence domestique, les mariages forcés et les mutilations génitales féminines font toujours partie du statu quo à travers une région de plus de 20 pays et de 350 millions de personnes. Le corps des femmes est encore soumis à la même tyrannie de l’ancien système de normes et de valeurs sociales qui ne correspondent pas à la soi-disant nouvelle rhétorique de la réforme, de la liberté et de l’émancipation, adoptée par la jeune génération à l’origine du printemps arabe.


Cependant, les aspirations à la citoyenneté et à l’individualité étaient, et sont toujours, au cœur de cette nouvelle ère dans la région, et sans percée sérieuse à même de constater tous les droits attachés à ces deux besoins, y compris le droit à son corps, le printemps arabe ne sera pas complet. Une nation autonome ne peut pas fonctionner sans des hommes et des femmes autonomes.


Au moment où les nouveaux Parlements arabes discutent des moyens de continuer à humilier le corps des femmes, la seule façon d’éliminer une fois pour toutes le stigmate attaché à notre sexualité est de faire passer la révolution à la sphère privée, de briser l’interdit de manière excessive, en pensant l’impensable et en pratiquant l’inconcevable, et en utilisant le seul et unique sujet tabou, nos corps.


C’est la seule façon de nous libérer de la honte associée à tout ce que font les femmes, et de redéfinir l’honneur tel que nous le percevons. Une révolution sexuelle est plus que nécessaire aujourd’hui.


Toutefois, pour ce faire, la plupart des femmes ont encore besoin d’être conscientes de « la vraie guerre contre les femmes au Moyen-Orient », comme l’a évoqué Mona Eltahawy dans son récent article publié dans le magazine Foreign Policy. Cette prise de conscience viendra probablement avec le dédain croissant des nouvelles autorités vis-à-vis des femmes, et la prise de conscience par ces dernières que leur humiliation n’a pas pris fin avec la chute du dictateur, et que leur citoyenneté ne sera pas complète sans leur citoyenneté sexuelle.


Mais la citoyenneté implique la responsabilité, l’indépendance et la maturité. Cela signifie que les femmes devraient éviter la rhétorique de type victimaire. Pour être libres, les femmes ont besoin d’être financièrement indépendantes, et dans le but de parvenir à l’autonomie de leur corps et de leur choix de vie, les défenseurs des femmes devraient mettre l’accent sur les femmes en tant qu’agents, et non en tant que victimes.


La bataille est longue et compliquée, mais les hommes et les femmes qui croient en l’émancipation des femmes devraient ensemble faire plus qu’être d’accord et opiner du chef à chaque fois que la question est soulevée, tout simplement parce que la liberté des femmes est essentielle à la liberté de la société, et que la dignité des femmes est la base de la dignité de toute nation.
Donc, que peut-on faire ? Nos sociétés sont obsédées par la politique en termes de ce que les politiciens font ou disent. Peut-être est-il temps de regarder la politique dans une perspective plus large. Les médias ont un rôle très important dans le fait de mettre en évidence les droits des femmes et de briser les tabous relatifs à la sexualité. En outre, l’éducation sexuelle dans nos écoles manque à la fois de présence et de véracité. Les gens ont besoin d’être encouragés à parler plus ouvertement de sexe afin de le sortir de l’ombre dans la sphère du débat public et d’éradiquer l’ignorance sexuelle, la peur et le dégoût.


Alors, parlons plus de sexe, du corps des femmes et de tous les tabous qui s’y rattachent. Discutons toujours, en public et dans les médias, des répercussions de la morale sexuelle et des doubles standards. Faisons un lien entre nos révolutions dans les rues et la révolution à la maison et rebellons-nous contre les normes sociales qui dictent la relation entre les hommes et les femmes.


Cela est essentiel pour jeter les bases de l’avenir de la région ; sinon, une obscurité nouvelle, qui pourrait être imposée par le pouvoir des islamistes, prévaudra. Sans une véritable démocratie, fondée sur les sociétés et les libertés individuelles, y compris les libertés des femmes, aucune réforme politique ou économique ne pourra être réalisée.
Bien que la révolution américaine n’ait pas été clairement préoccupée par la libération sexuelle et l’émancipation des femmes, elle a quand même ouvert la voie à des changements ultérieurs, en affirmant le droit de l’homme à la « poursuite du bonheur ». En outre, la Révolution française de 1789 a abordé de nombreuses questions sexuelles, et a peu à peu réussi à libérer les lois pénales sexuelles de l’influence de l’Église.


Nous n’avons d’autre choix que de commencer à parler, afin de réaliser qu’il n’y a rien de sacré à propos de notre morale sexuelle. D’importants changements sociaux se produisent non seulement quand nous changeons ce que nous faisons, mais aussi lorsque nous changeons notre façon de penser certaines questions. Alors commençons à parler de sexe.

 

Hanin GHADDAR
Rédactrice en chef du site NowLebanon

En dépit des changements politiques, les normes sociales impliquent toujours que les femmes soient tenues de se couvrir et ne pas tenir compte de leur sexualité. Mais, dans le même temps, elles sont mises sous la pression de satisfaire les hommes au lit après le mariage, même à l’âge de quatorze ans. Il est dit aux femmes chiites dans le Sud que serrer la main des hommes est un péché,...

commentaires (3)

toute les religions sont hypocrites pour ce qui concernent le sexe, pour les femmes : évidemment. Par contre les hommes ont tous les droits, il y a même eut le droit de cuissage. Nous pouvons "baiser" toutes les femmes que l'on veut, mais les pauvres femmes , si elles tombent enceintes, ou si elles se font violer, c'est le déshonneur, la honte. Certaines religions disent qu'il ne faut pas de relation sexuelle avant le mariage pour les hommes et pour les femmes. mais enfin de compte cela concerte que les femmes, elles doivent être vierge pour l'honneur de la famille. Et les hommes "baisent"...

Talaat Dominique

07 h 27, le 08 mai 2012

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Commentaires (3)

  • toute les religions sont hypocrites pour ce qui concernent le sexe, pour les femmes : évidemment. Par contre les hommes ont tous les droits, il y a même eut le droit de cuissage. Nous pouvons "baiser" toutes les femmes que l'on veut, mais les pauvres femmes , si elles tombent enceintes, ou si elles se font violer, c'est le déshonneur, la honte. Certaines religions disent qu'il ne faut pas de relation sexuelle avant le mariage pour les hommes et pour les femmes. mais enfin de compte cela concerte que les femmes, elles doivent être vierge pour l'honneur de la famille. Et les hommes "baisent"...

    Talaat Dominique

    07 h 27, le 08 mai 2012

  • Dans un premier temps le Printemps Arabe aura produit des changements de régime certes. Mais que ceux qui se prétendent islamistes ne se leurrent pas. Le désenchantement est proche ! Car il se profilera bientot à l'horizon un nouveau genre de tsunami ! De lutte ! Une lutte que nous n'avons jamais encore vue! : « La lutte des genres » qui permettra à la femme Arabe de renverser la situation, de s’assurer des droits sans lesquels une société serait vouée au dépérissement, a une dégénérescence irréversible ! Une lutte à l’image de celle des travailleurs dans la lutte des classes ! La femme Arabe détient des biens matériels, des idées, la vie, la tendresse, elle travaille et assume ses responsabilités et a une vision de la vie! Elle finira par dire son mot et se faire respecter! Car non seulement c'est elle qui porte la vie mais c'est elle aussi qui travaille et assure à présent autant que l’homme, le bienêtre et le confort de sa famille!!!La femme arabe assume toutes les choses de la vie autant et même plus que l’homme Arabe! Alors Il me semble que dans la f oulee des revolutions, la femme orientale ne voudra bientot plus subir les lois injustes et inequitables envers elles, loies sous toutes leurs formes, instaurees par des hommes vautrés dans leur machisme ! La femme Arabe ne voudra plus de ces lois etablies par ces models archaiques qui accordent a l'homme le beurre et l’argent du beurre !!!

    Carol Ghazal

    04 h 45, le 08 mai 2012

  • La religion a ete cree par des hommes et pour des hommes..la femme n'est qu'un accesoire pour son plaisir.... alors pour retouver son autonomie...il n' y a que l'education et le travail....ca c'est le role de meres...sinon ca sert a rien de faire appel a Dieu il n'a jamais repondu ....

    Houri Ziad

    02 h 41, le 08 mai 2012

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