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Liban - Droit humanitaire

Le CICR : une mission subsidiaire à celle de l’État auprès des réfugiés syriens au Liban

Depuis le début de la crise syrienne, le CICR s’est mobilisé au Liban aux côtés d’autres partenaires sociaux pour
l’accueil et le soutien des blessés et des réfugiés syriens.

Des réfugiés syriens au Liban. Photo d’archives

La mission du CICR au Liban concernant les réfugiés syriens est facilitée en grande partie par l’engagement officiel du Liban à respecter le principe de l’assistance humanitaire et du non-refoulement des réfugiés, de manière à s’acquitter de ses responsabilités à l’égard d’un groupe social extrêmement vulnérable.


Dans l’une de ses rares apparitions médiatiques, le chef de la délégation du CICR au Liban, Jürg Montani, nous entraîne dans les coulisses des opérations humanitaires menées dans des zones où s’activent une pléthore d’acteurs nationaux et internationaux aux côtés des communautés locales qui ont accueilli à bras ouverts les vagues successives de « déplacés » syriens. C’est en tout cas ce terme de « déplacés » qu’utilisera tout le long de l’entretien avec L’Orient-Le Jour le responsable du CICR, qui explique qu’il s’agit là d’une « concession faite au gouvernement libanais qui ne veut pas de l’utilisation du terme de réfugiés dans cette situation pour des raisons qui sont propres à lui », dit-il sur un ton on ne peut plus diplomatique. « Techniquement, ajoute-t-il, il s’agit effectivement de réfugiés qui ont fui une situation de violence et qui ont traversé les frontières internationales. Pour nous, ce qui importe c’est moins la terminologie que le fait que ces gens reçoivent l’assistance dont ils ont besoin. »


Une assistance qu’apporte en grande partie le CICR qui remplit sur le terrain un rôle subsidiaire au gouvernement et au Haut Comité de secours ( HCS), aux côtés du Haut Comité des réfugiés qui relève des Nations unies ( UNHCR). Dans un premier temps, et jusqu’à ce jour, le CICR apporte un soutien majeur à la Croix-Rouge libanaise qui s’occupe de toutes les évacuations des personnes blessées qui traversent la frontière pour être acheminées vers les cinq hôpitaux accrédités au Nord où elles sont prises en charge par le gouvernement libanais.


La Croix-Rouge libanaise a certes un service ambulancier très performant et des volontaires admirables, rappelle M. Montani, qui relève toutefois qu’avec l’afflux des réfugiés et surtout des blessés syriens, il y a eu une charge de travail additionnelle qui a nécessité un support additionnel : depuis l’évacuation médicale jusqu’à l’arrivée sur le territoire libanais de ces blessés et leur prise en charge par les communautés locales, en passant par les soins postopératoires et la réintégration des blessés une fois relâchés des hôpitaux.


Cependant, et avec l’arrivée des déplacés dans la Békaa, où le HCS libanais n’a pas reçu de mandat par le gouvernement, la mission du CICR s’est élargie de facto, pour englober toute la chaîne de prise en charge et la logistique nécessaire pour l’installation des familles dans les communautés d’accueil et leur soutien en matière d’aide alimentaire ou autre telle que la distribution de couvertures, de matelas, d’ustensiles de cuisine ou de produits hygiéniques. Autant de tâches qui étaient exécutées au Liban-Nord par le HCS libanais et le HCR.


Le CICR, qui a élargi sa compétence et ses activités humanitaires à la Békaa où les besoins se font ressentir de plus en plus depuis que cette région est devenue la seconde destination des réfugiés, déplore d’ailleurs l’absence du Haut Comité de secours libanais que le gouvernement hésite ou refuse encore de mandater dans cette zone. « Cela est dû à l’historique du développement de la situation et au fait que les premiers déplacés sont effectivement arrivés dans le Nord », confie M. Montani qui explique cependant qu’il y a également derrière cette attitude « un souci de la part gouvernement à contenir cette situation dans le nord du pays ».


Et d’ajouter : « Il faut comprendre le Liban avec son puzzle confessionnel qui est très sensible. Nous avons une région qui est majoritairement sunnite et donc des communautés qui peuvent accueillir ces déplacés beaucoup plus facilement que dans la Békaa », dit-il, illustrant ses propos par le phénomène de la « concentration de la réponse à la crise dans le Nord ».


Les autorités libanaises, qui se targuent de leur politique de mise à l’écart du Liban par rapport à la crise syrienne, facilitent-elles pour autant la tâche des acteurs humanitaires sur le terrain ? Pour M. Montani, le gouvernement libanais est certainement dans une situation très difficile, ce qui ne l’empêche pas pour autant d’accepter sur le territoire libanais que des déplacés syriens soient pris en charge, dit-il.


« Je crois que leur réaction de mandater le HCS (au Nord uniquement) et leur volonté de laisser travailler le CICR et la Croix-Rouge libanaise ainsi que toute autre association humanitaire œuvrant en faveur des déplacés démontrent qu’il y a une volonté que ces personnes soient prises en charge, sans oublier le fait que les frontières sont restées ouvertes devant tous les déplacés », souligne le responsable du CICR.


Si le principe humanitaire de base suivi par le CICR consiste à permettre à tout le monde d’avoir également accès aux soins, la mise en application de ce principe a rarement été entravée par les forces de l’ordre libanaises, dès lors qu’il est question de soigner des blessés de l’Armée syrienne libre, notamment, confirme le chef de la délégation du CICR.
« Nous avons un dialogue avec les autorités libanaises depuis mai dernier sur le principe de non-refoulement. Les autorités libanaises se sont engagées à respecter ce principe, quelles que soient les personnes concernées », dit-il, précisant qu’en termes d’évacuation des blessés, le CICR n’a eu aucun problème à ce jour.


« S’il y a de petit accrocs de temps en temps, un coup de fil suffit pour résoudre l’affaire », confie-t-il, rappelant que le CICR suit tous les blessés transportés vers les hôpitaux ainsi que toute allégation d’arrestation par les autorités. À sa connaissance, il n’y aurait aucun réfugié syrien qui serait actuellement arrêté.


Depuis le début de la crise, le Liban a déjà accueilli 450 blessés transférés dans les hôpitaux. À cette fin, une station ambulancière temporaire a été créée à Ras Baalbeck pour répondre à l’afflux des blessés dans la Békaa. Au total, le CICR estime entre 15 000 et 25 000 déplacés qui se trouveraient au Liban, sans compter bien entendu le lot de 500 000 ouvriers syriens dont une grande partie a déjà fait venir sa famille au Liban.


« Si la crise perdure, on s’attend encore à des mouvements de personnes qui traverseraient la frontière avec le Liban, souligne-t-il. C’est difficile de prévoir à quel rythme ce déplacement se ferait », note M. Montani, qui mentionne également le grand nombre de déplacés internes en Syrie.


D’ailleurs, dit-il, la Croix-Rouge libanaise se prépare aussi en termes de contingences et discute actuellement en interne pour voir si elle sera appelée à l’avenir à remplir un rôle autre que le service d’évacuation médicale.
« Maintenant, nous savons que les communautés hôtes (très dépourvues au départ) sont en train de lever la voix », confie le responsable du CICR qui estime que des problèmes sont à prévoir en cas d’augmentation substantielle du nombre de déplacés qui dépasserait la capacité d’accueil des communautés locales.


Et de conclure que malgré l’« aversion » que démontrent les autorités officielles à l’égard de la notion de « camps de déplacés, justifiée par une explication autant politique que pratique », au plan opérationnel humanitaire, tant que les déplacés sont pris en charge dans les communautés, « c’est un plus, une situation où ils se sentent moins dépaysés parce qu’ils sont intégrés dans un milieu plus normal qui entraîne systématiquement la responsabilisation de la communauté hôte. Aux organisations d’adapter leurs aides en fonction ».


« L’expérience dans d’autres contextes a montré que l’établissement de camps n’est pas nécessairement la solution primaire à choisir dans ce genre de situation », souligne-t-il.

La mission du CICR au Liban concernant les réfugiés syriens est facilitée en grande partie par l’engagement officiel du Liban à respecter le principe de l’assistance humanitaire et du non-refoulement des réfugiés, de manière à s’acquitter de ses responsabilités à l’égard d’un groupe social extrêmement vulnérable.
Dans l’une de ses rares apparitions médiatiques, le chef...

commentaires (1)

Voilà DES SUISSES bien placés pour savoir ce qui se passe aujourd'hui en Syrie. Demandez leur avis. Il est plus crédible que les textes de pseudo journalistes indépendants fleurissant sur les sites antisémites de façon primaire...

Nayla Sursock

04 h 54, le 16 avril 2012

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Commentaires (1)

  • Voilà DES SUISSES bien placés pour savoir ce qui se passe aujourd'hui en Syrie. Demandez leur avis. Il est plus crédible que les textes de pseudo journalistes indépendants fleurissant sur les sites antisémites de façon primaire...

    Nayla Sursock

    04 h 54, le 16 avril 2012

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