Rechercher
Rechercher

Liban - Document

La charte d’al-Azhar sur les droits fondamentaux et la démocratie

L’Université al-Azhar, la plus haute autorité religieuse musulmane en Égypte, a publié, le 8 janvier dernier, sous la plume de cheikh Ahmad el-Tayyeb, le « cheikh al-Azhar », une déclaration sur les droits fondamentaux de la personne et la démocratie particulièrement appréciée, qui doit endiguer ce que le printemps arabe pourrait charrier comme courants déviants ou exclusivistes.
Le patriarche Raï, qui a reçu mardi l’ambassadeur d’Égypte et se prépare à se rendre prochainement en Égypte, a exprimé son estime pour ce texte, qui a pour vocation de devenir normatif pour tous les musulmans sunnites.
Les libertés abordées dans le document sont la liberté de croyance, la liberté d’opinion et d’expression, la liberté de recherche scientifique et la liberté de créativité artistique et littéraire.
Voici, dans une traduction autorisée, des extraits significatifs de cette déclaration.

« - La liberté de croyance
La liberté de croyance à laquelle est relié le droit de citoyenneté totale (muwâtana) pour tous, basé (à son tour) sur l’égalité absolue de tous en droits et en devoirs, est considérée comme la pierre angulaire de l’édifice social moderne (...) Chaque individu dans la société a le droit d’adopter les idées qu’il préfère, à condition que cela ne lèse pas le droit de la société à préserver les fois (croyances) célestes (...).
Du droit à la liberté de croyance dérive la reconnaissance de la légitimité du pluralisme (ta’addud) (...).
De manière analogue, du respect de la liberté de croyance dérive le refus des tendances exclusivistes toujours prêtes à accuser les autres de mécréance (takfîr), tout comme le refus de comportements de condamnation des doctrines d’autrui et des tentatives de fouiller dans la conscience des fidèles.

« - La liberté d’opinion et d’expression
La liberté d’opinion est la mère de toutes les libertés, et elle se manifeste dans l’expression libre des opinions personnelles avec tous les moyens d’expression : de l’écriture au discours oral, à la production artistique et à la communication digitale. Elle est cet aspect des libertés sociales qui dépasse l’individu pour comprendre d’autres sujets, par exemple à travers la formation de partis et d’associations de la société civile. De plus, elle inclut la liberté de la presse, de l’information radiophonique, télévisée et digitale, et la liberté de se procurer les informations nécessaires pour se forger une opinion. Elle doit être garantie par des textes constitutionnels afin d’être au-dessus des lois ordinaires, susceptibles de changer.
Cependant, il est de notre devoir d’attirer l’attention sur la nécessité de respecter le credo des trois religions divines et de leurs rites en raison de leur importance pour le tissu national et la sécurité publique. Personne n’a le droit de fomenter des tensions confessionnelles (fitan tâ’ifiyya) ou des fanatismes sectaires au nom de la liberté d’expression, même si le droit de pratiquer l’effort interprétatif (ijtihâd) reste garanti, selon l’opinion scientifique soutenue par des éléments de preuves, dans les domaines spécialisés et à l’abri des tensions, comme on l’a déjà dit (3) à propos de la liberté de recherche scientifique.
Les signataires déclarent que la liberté d’opinion et d’expression est la véritable manifestation de la démocratie et invitent à éduquer les jeunes générations à la culture de la liberté, au droit à la diversité et au respect des autres. (...)

« - La liberté de recherche scientifique
La recherche scientifique sérieuse dans les sciences humaines, naturelles, mathématiques, et ainsi de suite, stimule le progrès humain et est un moyen de découverte des coutumes (sunan) de l’univers et de connaissance de ses lois pour les mettre ainsi au service de l’humanité. (...) Si la réflexion en général sur les savoirs et sur les arts est une prescription islamique, comme l’affirment les juristes, la recherche scientifique théorique et expérimentale est l’instrument de cette réflexion. La condition la plus importante afin qu’elle puisse avoir lieu est que les instituts de recherches et les spécialistes jouissent d’une liberté académique totale dans leurs expérimentations, dans l’élaboration d’hypothèses et de suppositions, et dans leur expérimentation selon des standards scientifiques précis. (...) Il est temps que la oumma arabo-islamique soit à nouveau compétitive et entre dans l’ère de la connaissance.

« - La liberté de créativité artistique et littéraire
(...) La règle fondamentale qui règlemente les limites de la liberté de la créativité est la réceptivité de la société d’un côté, et la capacité d’assumer les éléments de la tradition et de les renouveler à travers la créativité littéraire et artistique de l’autre, sans ingérences externes tant qu’on ne touche pas aux sentiments religieux ou aux valeurs morales établies.
La créativité littéraire et artistique continue d’être un des aspects les plus importants pour un ordonnancement profitable des libertés fondamentales, et un des moyens les plus efficaces pour mobiliser et enrichir la conscience sociale. »
L’Université al-Azhar, la plus haute autorité religieuse musulmane en Égypte, a publié, le 8 janvier dernier, sous la plume de cheikh Ahmad el-Tayyeb, le « cheikh al-Azhar », une déclaration sur les droits fondamentaux de la personne et la démocratie particulièrement appréciée, qui doit endiguer ce que le printemps arabe pourrait charrier comme courants déviants ou...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut