Il n’échappe bien évidemment à personne que le geste précurseur du printemps arabe, en l’occurrence celui du jeune Tunisien Mohammad Bouazizi qui s’était immolé le 17 décembre 2010, était mû par une recherche de la dignité humaine, devenue introuvable dans la Tunisie de Ben Ali. « Nous sommes comme des corps sans âmes depuis son départ », affirmait ainsi sa jeune sœur, Basma, après son départ. Cette dignité humaine introuvable de son vivant, c’est, paradoxalement, par son sacrifice que Bouazizi est parvenu à la restituer, non seulement à sa personne, mais au peuple tunisien tout entier, sinon à l’ensemble des peuples arabes qui se sont soulevés après, à leur tour. Avec la chute de Ben Ali, une page particulièrement sombre de la Tunisie a été tournée. D’une certaine manière, la révolution tunisienne a rendu justice à Mohammad Bouazizi. Avec la chute de Ben Ali, symbole de l’État policier, et même si l’insurrection tunisienne n’a achevé qu’une partie du processus révolutionnaire, l’on peut espérer que la famille de Bouazizi a pu faire son deuil et « enterrer » enfin, symboliquement, « son mort fondateur » dans la dignité. Cette même dignité et cette même justice qui sont jusqu’à présent refusées au peuple syrien au nom de la realpolitik et des intérêts de certains pays internationaux et régionaux, à Homs, Hama, Rastane, Deraa ou Zabadani, où les morts restent sans sépultures – ou disparaissent, tout simplement, enlevés par les chabbiha – compte tenu de l’impossibilité pour les civils d’enterrer leurs morts sous le pilonnage intensif de l’artillerie et de l’aviation du régime syrien.
Quant à la révolution du Cèdre, au Liban, elle reste pour l’instant inachevée, comme chacun le sait, quand bien même ses objectifs immédiats auraient été atteints en 2005. Inachevée non seulement au niveau politique et sociologique, mais aussi au niveau anthropologique, au sens où les morts, les victimes innocentes de la violence, de Rafic Hariri à l’ensemble des civils libanais et étrangers qui ont péri dans les attentats, ainsi que les « survivants » May Chidiac, Marwan Hamadé et Élias Murr, attendent encore dans les limbes que justice soit faite, les uns pour reposer en paix... et les autres pour se reposer en paix. Et, nous tous, à l’échelle nationale ; pour pouvoir nous donner de nouveau, enfin, une étreinte de paix, qui demeure impossible sans justice.
C’est ce sujet problématique du deuil, de la vérité, et de la réconciliation, en fait celui de la dignité et des fondements mêmes de la communauté humaine, que le psychanalyste Chawki Azouri aborde aujourd’hui dans cette rubrique, à travers une lettre ouverte au secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, portant essentiellement sur le lien entre la justice et les rites funéraires. M. Azouri continue ainsi sa politique de la main tendue au Hezbollah, qu’il mène depuis plusieurs années sur la question du Tribunal et de la justice, pour tourner une fois pour toutes cette interminable page de la violence. L’objectif ultime étant, évidemment, d’« apprendre à vivre ensemble comme des frères pour ne pas mourir ensemble comme des imbéciles », comme disait Martin Luther King.
Il n’échappe bien évidemment à personne que le geste précurseur du printemps arabe, en l’occurrence celui du jeune Tunisien Mohammad Bouazizi qui s’était immolé le 17 décembre 2010, était mû par une recherche de la dignité humaine, devenue introuvable dans la Tunisie de Ben Ali. « Nous sommes comme des corps sans âmes depuis son départ », affirmait ainsi sa jeune sœur,...
commentaires (4)
Excusez-moi, Monsieur Elie Khoueiry, la désinformation n'est pas leur arme forte, mais leur arme IDIOTE !
SAKR LEBNAN
16 h 20, le 06 mars 2012