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Liban - Interview

Raï : La Syrie est la dictature la plus proche d’une démocratie

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a déploré le bain de sang dans le monde arabe, affirmant redouter que le printemps arabe ne se transforme en hiver arabe.

Mgr Raï a célébré hier à Bkerké une messe à l’intention des donneurs d’organes. Photo Émile Eid

Dans une interview accordée hier à l’agence Reuters, le chef de l’Église maronite, Mgr Béchara Raï, a longuement commenté les bouleversements arabes, exposant les craintes qu’ils font naître chez lui, notamment au niveau du dossier syrien.


D’emblée, il a exprimé des réserves au sujet de la forme des changements qui s’opèrent dans certains pays arabes, tout en prenant soin de préciser que c’est d’un point de vue chrétien qu’il s’exprime. « Comment peut-il s’agir d’un printemps arabe alors que des personnes sont tuées tous les jours ? » Ils « avancent l’exemple de l’Irak et de la démocratie, sachant qu’un million de chrétiens irakiens sur un total d’un million et demi ont quitté ce pays. Où est donc la démocratie en Irak ? » s’est-il interrogé avant de souligner : « Nous sommes avec le printemps arabe mais non pas avec un printemps maculé de sang, et mené dans la violence et la destruction, ce qui risque d’en faire un hiver arabe. »


Mgr Raï a dit « avoir peur pour tout le monde », précisant que « l’état de guerre, la violence, les problèmes de sécurité et la crise économique frappent aussi bien les musulmans que les chrétiens, sachant que ces derniers en sont davantage affectés parce qu’ils sont moins nombreux ».


En réponse à une question, il s’est interrogé sur « l’utilité de la démocratie si elle doit générer des meurtres et une instabilité », mais en précisant : « Nous nous exprimons d’un point de vue ecclésiastique pour dire que c’est l’être humain qui donne un sens à tout. »

La Syrie n’est pas la seule dictature dans la région
Estimant que c’est le conflit israélo-palestinien qui est « la principale cause de toutes les crises du Moyen-Orient », ainsi que les obstacles « internationaux » à son règlement, le patriarche a déploré la politique de deux poids, deux mesures appliquée au niveau international en faveur d’Israël.


Concernant le dossier syrien, il a jugé que « la Syrie, comme d’autres pays, a besoin des réformes que le peuple réclame et que même son président, Bachar el-Assad, avait annoncées depuis mars dernier ». « Il est vrai que le régime du Baas est une dictature, mais il en existe plusieurs sur son modèle dans le monde arabe », a-t-il poursuivi en enchaînant : « Dans tous les pays arabes, la religion de l’État est l’islam, sauf en Syrie où l’on indique seulement que le président doit être musulman sans considérer l’État comme étant islamique. » « La Syrie est la plus proche d’une démocratie », a-t-il affirmé, tout en insistant : « Je ne veux pas qu’on me comprenne comme si je soutenais le régime syrien. »


« Nous ne nous opposons à aucun régime et nous n’en soutenons aucun dans le monde. Au Liban, nous avons trop souffert à cause du régime de Damas. Nous ne le défendons pas. Nous sommes seulement consternés de voir que la Syrie, qui essaie de progresser, est le théâtre de violences, de destructions et d’hostilités », a soutenu Mgr Raï, qui a dit ne pas redouter l’islam modéré. « Nous craignons en revanche les groupes extrémistes qui ont recours à la violence », a-t-il observé, en affirmant redouter plus particulièrement, « en Syrie, une période de transition qui pourrait constituer une menace pour les chrétiens d’Orient ». Faisant état de « plans destructeurs établis dans le cadre des politiques internationales », Mgr Raï a jugé que ce sont « des États et non pas les peuples qui soutiennent financièrement, militairement et politiquement les mouvements intégristes ».


Une autre source d’inquiétude pour le chef de l’Église maronite : une éventuelle discorde sunnito-alaouite qui pourrait se transposer au Liban.


Le patriarche a conclu l’interview sur cette remarque : « Il n’est pas possible d’effectuer des réformes par la force et sous la pression des armes. Personne ne peut évaluer l’ampleur des dommages qui peuvent être alors causés. »

Dans une interview accordée hier à l’agence Reuters, le chef de l’Église maronite, Mgr Béchara Raï, a longuement commenté les bouleversements arabes, exposant les craintes qu’ils font naître chez lui, notamment au niveau du dossier syrien.
D’emblée, il a exprimé des réserves au sujet de la forme des changements qui s’opèrent dans certains pays arabes, tout en prenant soin de...

commentaires (18)

Monsieur Sursock, Je pense que la politique n'est pas l'affaire des religieux comme la religion n'est pas l'affaire des politiciens. Je suis résolument pour des Etats laïcs et non pas pour des théocraties. Si les frontières sont bien définies, le monde ira mieux. Et si la Béatitude concernait se contentait de prier plutôt que de parler sur des sujets qu'il ne maîtrise pas, ce serait mieux pour tout le monde et pour lui. Ses propos sont trop souvent déconcertants et n'aident pas la cause de la paix ni du Liban.

Nayla Sursock

13 h 15, le 06 mars 2012

Tous les commentaires

Commentaires (18)

  • Monsieur Sursock, Je pense que la politique n'est pas l'affaire des religieux comme la religion n'est pas l'affaire des politiciens. Je suis résolument pour des Etats laïcs et non pas pour des théocraties. Si les frontières sont bien définies, le monde ira mieux. Et si la Béatitude concernait se contentait de prier plutôt que de parler sur des sujets qu'il ne maîtrise pas, ce serait mieux pour tout le monde et pour lui. Ses propos sont trop souvent déconcertants et n'aident pas la cause de la paix ni du Liban.

    Nayla Sursock

    13 h 15, le 06 mars 2012

  • Oh ! votre Béatitude, je ne peux pas encore croire que vous avez laissé s'échapper ces paroles. C'est DOMMAGE ! VRAIMENT DOMMAGE !

    SAKR LEBNAN

    02 h 35, le 06 mars 2012

  • Tout a fait daccord avec vous Mm.Sursock,mais laissons le jugement aux maronites

    Georges Sursock

    22 h 07, le 05 mars 2012

  • Qu'en est-il des terres patriarcales de Lassa ? qu'en est-il des détenus libanais en Syrie ? qu'en est-il des libanais en Israël ? qu'en est-il du meurtrier de Miriam el Achkar ? Qu'en est-il des machines à drogues destinées à un PARTI ? Qu'en est-il du droit de vote aux émigrés ? au lieu de chanter « Moumana3a », « Moukawameh », « Tahrir Falastin », « Al Mawt li Amrika »...

    Élie Khoueiry

    09 h 54, le 05 mars 2012

  • Sa Sainteté a remis les pendules à l’heure. Son cheptel ne peut que suivre la route qu’il a tracée. Car, comme tout le monde le sait, l’apport majeur de la révolution Française à la société a été, depuis plus de 200 ans, une totale soumission des chrétiens aux ordonnances du clergé. Mot-à-mot. Un peu comme si ceux-ci avaient été émis par un Fakih. Je trouve seulement que sa Magnificence voit le verre a moitié vide: En fait, la Syrie n’est pas la dictature la plus proche d’une démocratie. Elle serait plutôt la démocratie la plus proche d’une dictature. Demain j’irai fleurir la tombe de mes amis d’enfance, fauchés par les obus de la démoctature Syrienne au temps où GMA a voulu y insuffler un vent de changement et de réforme. Je leur dirai simplement que ca a réussi. Ca les fera sourire… là-haut.

    Jack Hakim

    08 h 57, le 05 mars 2012

  • Les "Maronites" restent capables, même si ça peut faire sourire, de s’interroger avec gravité sur leur nombril, leur dogmatisme, leur suffisance ou leur devise ; eux qui furent paraît-il "les plus braves de tout ce croissant ? fertile !" mais qui considèrent que la question de leur "maronitisme" est très importante ! Les temps étant moroses, que l’on imagine les pensées éloquentes quant à l’opinion qu’ont d’eux-mêmes les sujets de "cette rocailleuse campagne", et quel spectacle offrent-ils à la planète lorsque l’Humanité daigne un peu les considérer ! Voilà donc ces "communautaristes" emmêlés tellement à semer la confusion entre eux, ce qui n’empêche pas de les débusquer en proie à leurs problèmes confessionnels Existentiels ! Reste leur devise, devenue à elle seule toute une histoire : "Rien ne vaut une chèvrerie au Mont Liban !". Ah, oui ! Tout compte fait, il faudrait faire don de cet "devise" à l’Humanité car il se pourrait qu’à la fin des fins ce pourrait être dans ce cadre-là que les choses finissent par s’arranger tant bien que mal ! On en était là, ne disposant plus que de quelques sarcasmes désabusés sur l’avenir du "maronite" et de ses "identités plus ou moins meurtrières", lorsque la pensée est venue qu’on devrait avoir honte de se gausser de la sorte de ces "Chers montagnards, faisant litière" des décennies durant lesquelles on vivait sur ces terrasses crevassées "Heureux comme dieu au Liban" !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    07 h 25, le 05 mars 2012

  • des gens malintentionnés ou des âmes chagrines diront que quelqu'un aurait agité quelque chose de format CD sous le nez de Sayédna. mais les gens disent tant de choses...

    Lebinlon

    05 h 48, le 05 mars 2012

  • Ce forum n'est plus une place pour les échanges enrichissants entre les Internautes, mais plutôt un champ de bataille(s)...

    SAKR LEBNAN

    05 h 42, le 05 mars 2012

  • Tres fin comme analyse, je ne suis pas sur que les esprits mal aiguises puissent comprendre, Bravo Monseigneur vous m'impressionnez toujours.

    Jaber Kamel

    05 h 41, le 05 mars 2012

  • Pour l'amour du ciel ya Sayedna, en ces moments le silence est d'OR. Marie José Malha

    Marie Jose Malha

    04 h 42, le 05 mars 2012

  • C'est pas banal...vraiment pas!la classification selon Mgr Raï!Tout est possible au Liban...la preuve!mais qu'est ce qui pousse le Patriarche à dire ce qu'il vient de dire...?J'essaye de comprendre.Il a certainement des "raisons supérieures" de s'exprimer ainsi...mais supérieures à quoi?Telle est la question!En tous cas,je n'aimerais vraiment pas être à sa place...les pressions qu'il doit subir sont certainement du domaine de l'insupportable.Il y a toutefois un point sur lequel il a raison,incontestablement...la situation "démocratique" de la femme et des religions,entre autres,sont certainement meilleures en Syrie que dans les pays du Golfe..on oublie souvent de le dire...je le dis...au risque de m'attirer les foudres des extêmes!

    GEDEON Christian

    04 h 40, le 05 mars 2012

  • J'aimerai qu'il nous explique un peu comment la Syrie a-t-elle "Une dictature proche de la démocratie"!? Mais aussi ou et quand a-t-il vu dans l'histoire un dictateur se démettre sans que le peuple ne se révolte et qui dit révolte dit violence etc... Une fois de plus il est malheureux de devoir rappeler Monseigneur Rai que "Si la parole est d'argent le silence est d'or!

    Pierre Hadjigeorgiou

    04 h 27, le 05 mars 2012

  • - - Le Patriarche Maronite sait faire la différence entre le bien et le mal , et connaît l'importance et le poids de " SA " parole d'évangile et surtout la direction et le sens de sa trajectoire qui ne laisse aucune personne de ce monde et aucune civilisation ou nation , indifférente et insensible à sa clairvoyance , à sa justesse et à sa sagesse . PS : Il serait bon de noter qu'une importante réunion tripartite de 2 heures 40 minutes a eu lieu hier Dimanche au palais de Baabda entre le président et GMA à la " sage " demande expresse de notre berger patriarche et sous sa houlette , pour remettre les pendules " Maronites et Chrétiennes " si j'ose dire , à l'heure en cette période très critique de notre histoire .

    JABBOUR André

    04 h 12, le 05 mars 2012

  • Malheureusement, c'est de la sénilité précoce. Ce serait mieux pour tout le monde qu'il prenne sa retraite... Aumônier en Syrie, peut-être, parmi les pauvres...à la manière de Charles de Foucauld ou de St François d'Assise...

    Nayla Sursock

    04 h 11, le 05 mars 2012

  • Malheureusement le Patriarche Raï commence à avoir des bouffées délirantes de temps à autre.

    SAKR LEBNAN

    02 h 35, le 05 mars 2012

  • "Une dictature proche de la démocratie" ! No comment !

    Halim Abou Chacra

    23 h 57, le 04 mars 2012

  • Vous l'avez dit Sayyedna : « Il n’est pas possible d’effectuer des réformes par la force et sous la pression des armes. Personne ne peut évaluer l’ampleur des dommages qui peuvent être alors causés. »

    Élie Khoueiry

    23 h 18, le 04 mars 2012

  • Mr le patriarche nous vous remercions de crier bien fort nos angoisses et nos hantises dans l'espoir que la voix de la sagesse prime et retablisse l'ordre dans la region. Vous etes le berger qui ramene son troupeau egare au bercail.....Encore une fois merci.

    sylvie.baaklini

    23 h 12, le 04 mars 2012

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