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Liban - Société

Le travail des enfants, une réalité épineuse et tenace

Au Liban, la question du travail infantile est aussi nébuleuse qu’épineuse. Aujourd’hui encore, il demeure impossible d’obtenir des estimations fiables sur le sujet.

L’Organisation internationale du travail évoquait l’année dernière le chiffre de 100 000 mineurs concernés, mais ces estimations reposent sur une étude menée au Liban-Sud datant de 2002. Quant aux rapports du gouvernement, le dernier en date, émis par le ministère des Affaires sociales, remonte à l’année 2000 !

La scolarisation, première victime
Une étude publiée début 2012 par le Département de sociologie et d’anthropologie (DSA) de l’Université Saint-Joseph fournit toutefois quelques précisions sur les conséquences du phénomène. Le sondage effectué en août 2011 dans les mohafazats du Liban-Nord et de la Békaa portait sur un échantillon de 1 007 enfants « actifs », âgés de 5 à 17 ans. Les questionnaires révèlent que 77 % des jeunes interrogés dans le Nord (au nombre de 823) et 68 % dans la Békaa (192) n’étaient alors pas scolarisés. Plus alarmant encore, 36 % des enfants sondés dans la Békaa ne savait à ce moment ni lire ni écrire. Roula Abi Habib-Khoury, directrice du DSA, relativise néanmoins la portée de ces résultats, « émanant d’un panel très jeune et parfois méfiant ».
« Dans un pays où 1/5 des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, les enfants constituent, au choix, une source potentielle de revenus ou une main-d’œuvre gratuite pour les familles les plus démunies », analyse Hayat Osseiran, rédactrice du rapport 2012 de l’OIT sur le Liban. « De plus, l’enfant est souvent considéré dans la famille libanaise comme l’héritier d’un savoir-faire transmis de génération en génération, savoir-faire auquel il doit se familiariser le plus tôt possible », ajoute le rapport.
Le Liban est l’un des premiers pays de la région à avoir ratifié, dès 1991, la convention internationale des droits de l’enfance. Le document stipule que « tout enfant s’entend au sens d’une personne âgée de moins de 18 ans ». Or l’âge minimum requis pour travailler au Liban est de 13 ans. De plus, à l’intérieur de ses frontières, les droits de l’enfant sont régis par des statuts personnels qui diffèrent d’une confession à l’autre. Le cadre législatif libanais ne permet donc pas, pour le moment, une gestion univoque du problème en phase avec les standards de l’OIT.
Selon le rapport 2012 de l’organisation, deux obstacles administratifs entravent considérablement la lutte contre le travail infantile au Liban : d’une part, un nombre trop faible d’inspecteurs du travail, d’autre part, l’implication d’hommes politiques dans l’annulation de sanctions imposées à des employeurs qui affichent un parti pris en leur faveur.

Vers une refonte du code du travail
Selon le député Ghassan Moukheiber, une modification du code du travail est actuellement en cours d’élaboration au ministère. Elle prévoit, entre autres, de rehausser l’âge minimum d’employabilité de 15 à 18 ans pour les travaux présentant des risques sanitaires pour l’enfant, de 14 à 15 pour les travaux dits « réguliers ». L’âge minimum de 13 ans concernant les tâches dites « légères » serait maintenu. Reste à savoir maintenant quand le texte sera promulgué.
L’Organisation internationale du travail évoquait l’année dernière le chiffre de 100 000 mineurs concernés, mais ces estimations reposent sur une étude menée au Liban-Sud datant de 2002. Quant aux rapports du gouvernement, le dernier en date, émis par le ministère des Affaires sociales, remonte à l’année 2000 !La scolarisation, première victimeUne étude publiée début 2012 par...

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