Les personnalités du 14 Mars ont mis en relief le danger de telles déclarations, tout en relevant que celles-ci ne font en effet que confirmer ce que d’aucuns parmi elles avançaient, et ce que Téhéran et le Hezbollah ont toujours nié. « Les propos de Kassem Suleimani sont une atteinte flagrante à la souveraineté libanaise. Ils font du Liban-Sud un otage au service des intérêts de l’Iran et exposent ses habitants à un danger certain », a ainsi souligné le député Samir el-Jisr, ajoutant qu’ils « détruisent aussi les arguments du Hezbollah au sujet de l’action résistante pour faire de ce parti une unité rattachée à cette brigade ».
M. Jisr a invité la formation chiite à s’expliquer au sujet de cette déclaration très peu diplomatique.
Son collègue Nohad Machnouk y a vu une déclaration d’occupation iranienne du Liban-Sud et de l’Irak. « Ses propos, a-t-il dit dans une déclaration, sont en deçà du minimum de logique et confirment le bien-fondé de notre résistance politique face à l’arrogance iranienne. » Il a critiqué les tentatives de maquillage de l’ambassadeur d’Iran, Ghadanfar Rokn Abadi, qui avait déclaré que Suleimani voulait dire que le Liban et l’Irak s’inspirent des pensées de la révolution iranienne. « Nous n’avons pas besoin de cette inspiration au Liban. Beyrouth donne des leçons à ceux qui en ont besoin dans ce domaine, alors que la pensée (iranienne) ébranle la sécurité et la stabilité de la population, en hypothéquant leurs choix et leur liberté. » M. Machnouk s’est dit étonné de ce que le Hezbollah n’ait pas réagi, à l’instar du courant Sadr en Irak, à ces propos, avant d’inviter la Ligue arabe à les considérer comme une déclaration d’agression contre trois pays arabes. Il a aussi demandé au Premier ministre, Nagib Mikati, de rompre les relations diplomatiques avec Téhéran « pour bien faire comprendre au chef des gardiens de la révolution iranienne que le Liban n’est pas le lieu approprié pour annoncer son programme présidentiel ».
Dans un commentaire à la Voix du Liban, son collègue Joseph Maalouf a vu que le discours du militaire iranien « rejoignait la déclaration d’intention du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah », alors que le député Antoine Zahra y a vu « l’implication des armes du Hezbollah dans le projet politique iranien que Téhéran peut à tout moment imposer aux Libanais, malgré eux ». Dans une intervention à la LBCI, il a mis l’accent sur le fait que la déclaration de Suleimani est « une reconnaissance claire de ce dont l’opposition se plaint en permanence et qui est souvent démentie par les responsables du Hezbollah et leurs alliés ». M. Zahra s’est ensuite adressé aux « alliés » ainsi qu’au gouvernement pour leur demander « comment ils comptent réagir à ces propos et quel genre de pilule ils vont essayer de faire avaler aux Libanais ».
Des fards rhétoriques
Le député Ziad Kadri y a vu « l’expression publique des intentions iraniennes sur le Liban, normalement camouflées par toutes sortes de fards réthoriques, en attendant les circonstances idéales pour les mettre en application, à travers le Hezbollah, qui exécute un agenda iranien ». Il s’est interrogé sur le point de savoir si la déclaration de Suleimani « signifie que le moment est venu pour un feu vert iranien au Hezbollah afin d’établir une République islamique au Liban ». Dénonçant « le silence officiel douteux », M. Kadri a appelé une position nationale unanime contre l’agression iranienne à la souveraineté et à la dignité libanaises.
Dans les rangs du Hezbollah, les commentaires sur la question restent timides, voire inexistants. En fait, ils se sont limités à une seule réponse, laconique. Le député Nawaf Moussaoui, qui s’exprimait lors d’un meeting politique à Aïta el-Chaab, au Liban-Sud, s’est « insurgé contre les porte-voix locaux de colonisateurs étrangers qui lancent des accusations contre la Résistance et qui tiennent des propos diffamatoires contre elle », affirmant que les propos de Suleimani, qu’il n’a pas nommé, ont été mal compris. « Tout comme la lumière du soleil, personne ne pourra non plus cacher la vérité, à savoir que la Résistance est l’expression de la seule volonté des fils des villages du Liban-Sud et reste une partie indivisible de la volonté libre des Libanais », a-t-il dit, avant de se lancer dans un exposé détaillé des « réalisations du gouvernement d’union nationale dont la mise en place est aussi une des réalisations de la Résistance et de son équipe ».
Le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, et le numéro 2 de ce parti, cheikh Nabil Kaouk, n’ont pas abordé ce volet en revanche dans leurs allocutions respectives lors de deux meetings, l’un à Sarafand, l’autre à Arké, se contentant de s’en prendre vivement à l’opposition à cause de ses positions hostiles au régime syrien et favorable au mouvement de contestation populaire en Syrie.
commentaires (7)
Viken Garabédian, ne vous affolez pas outre mesure, les propos de cet abruti s'inscrivent dans la guerre psychologique que se livrent 2 éléphants régionnaux.Vous n'allez pas croire que le trio que nous formons, qui est spontané et non coordonné pourra décider de la guerre ou pas ! vous n'allez pas croire non plus que si elle éclate on pourra l'arrêter ! Mais on a le droit de dire et c'est pour ça que l'OLJ ouvre son forum que si guerre il y a, c'est pas forcèment la faute à ceux que vous accusez d'alimenter la haine, bien au contraire, parce qu'avec israel on ne négocie pas, on s'écrase et on mendie, c'est tout. Personne parmi les trois que vous nommez ne souhaite la guerre, on a de la famille au pays si ce n'est pour certains qui y vivent. Mais tranquillisez vous Viken, eux non plus ne la veulent pas la guerre, leurs parrains leurs ont fait comprendre qu'ils ne pourront pas les recevoir à 5 ou 6 millions, dans leurs économies moribondes et que le peu qui y vivent déjà , c'était plus qu'assez, parce qu'il faut se les farcir quand même. Même en Europe.
Jaber Kamel
16 h 26, le 23 janvier 2012